Il était une fois… le cinéma. Disparu beaucoup trop jeune, n’ayant pas assez tourné au goût de beaucoup, mais l’ayant toujours fait avec le coeur, Sergio Leone nous a légué une filmographie composée de 7 chefs-d’oeuvre qu’on se refile de générations en générations sans qu’ils ne se rayent. Ainsi que 2 co-réalisation. Après Lino Ventura, c’est ce monstre sacré qui se taille la part du lion dans la collection 9 1/2 des Éditions Glénat. Avec, à l’écriture, un vieil ami, Noël Simsolo, et au dessin, noir sur blanc mais envahi par la musique de Morricone, Philan.

Résumé de l’éditeur : Il était une fois une légende du cinéma. Espagne, 1965. Sur le plateau de Et pour quelques dollars de plus, Sergio Leone, qui signe désormais ses films de son vrai nom, s’entretient avec un journaliste pour évoquer son parcours… Fils de l’un des pionniers du cinéma italien, Sergio grandit dans l’Italie fasciste de Mussolini. C’est dans ce contexte trouble qu’il se passionne pour la littérature et le cinéma américains. Au sortir de la guerre, il fait ses premières armes, devenant l’assistant des plus grands réalisateurs de son époque comme Orson Welles ou William Wyler (pour qui il réalise la mythique scène de course de chars dans Ben Hur). Lassé du péplum, il inaugurera malgré tout sa carrière de réalisateur avec Le Colosse de Rhodes : film qui lui permet de se moquer insidieusement des codes d’un genre qu’il dénigre. Mais en déconstruisant ce genre, il lui donne une nouvelle naissance. À l’instar du western, à qui il offrira des années plus tard un nouveau souffle… et quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre.


Souvent, nous connaissons un cinéaste par procuration, au fil des sorties cinéma puis des télé-rediffusions. Et si les films sont à l’image de ceux qui les réalisent, ils ne sont jamais qu’une partie de lumière s’extirpant des ombres et du processus qui mène à réaliser un métrage ou pas.

Sergio Leone, ou Bob Robertson (son alter-ego de péché de jeunesse), a très vite rêvé de s’extirper du monde des westerns. Ce ne fut pas si facile. Il y parvint sur le tard. Bon vivant et puits de science cinématographique, Sergio Leone n’a légué qu’une petite partie de ce qu’il aurait rêvé tourner, de nombreux projets restés sans images (Flash Gordon, même s’il l’avait refusé, le siège de Leningrad).


C’est à une épopée qui allait changer la face du cinéma et la manière dont on le concevrait des années plus tard (n’est-ce pas Quentin?) que s’intéressent Noël Simsolo (l’ami de toujours, déjà auteur d’un livre d’entretiens et ayant des témoignages de première main de cette époque formidable) et Philan.

Pourtant, en resituant l’action et la vie de Sergio Leone, la société dont il est le fruit, c’est 60-70 planches très laborieuses, dispensables, que livre le duo. On s’ennuie ferme et on ne trouve pas la tension dont le père du western spaghetti était capable. On regarde en coin les cases. Il faut prendre notre mal en patience en espérant qu’un harmonica ou un cri d’hyène vienne nous sortir de notre torpeur.

Et tel un coup tiré par un colt navy, l’ennui est ébranlé et fait place à l’action. Après cette série de planches utiles à bien comprendre comment Leone, tel un colosse de Rhodes, s’est bâti mais mal exécutées, c’est ni plus ni moins qu’une masterclass à laquelle le lecteur assiste. Le maestro et son monde peuplé d’immenses acteurs (Clint, le premier) rien que pour nous. Et une reconstitution troublante dans laquelle Philan excelle.

Le texte aussi est fidèle, ça crépite et ça pépite dans chaque page. Tout sert ce making-of génial d’une oeuvre dont on n’a pas fini de parler, il y a des anecdotes dans chaque recoin, servie par une façon de parler évocatrice. Cette façon de vivre ses films avant même qu’ils ne soient tournés. Et dans les éléments de décor, posé là l’air de rien, il y a ce pont de Manhattan comme garde-fou ou, justement, pour susciter toutes les envies folles.

Sergio Leone devra attendre le temps quasiment d’une vie pour réaliser son rêve Il était une fois en Amérique. Longue durée. Cette vie-là, son film, vaut la peine d’être lu et vu pour apprécier encore un peu plus l’héritage de ce géant du Neuvième Art.
Titre : Lino Ventura et l’oeil de verre
Récit complet
Scénario : Noël Simsolo
Dessin : Philan
Noir et blanc
Genre : Biographie
Éditeur : Glénat
Collection : 9 1/2
Nbre de pages : 184
Prix : 22,50€
Date de sortie : le 24/04/2019