Les Gardiens de John Christopher est un classique de la littérature jeunesse de science-fiction en Angleterre… Et je n’en avais jamais entendu parler. Mijade nous offre une très belle réédition et l’on plonge avec délectation dans cet univers futuriste décrit par John Christopher. Publié pour la première fois en 1970, ce récit n’a pourtant rien perdu de sa force, de sa critique, de son actualité. C’est une parabole des temps modernes qui nous oblige à une réflexion en profondeur sur le sens de notre vie, notre conformisme, notre besoin d’appartenance et parfois nos rêves de liberté.
« 2052. L’Angleterre est divisée en deux sociétés. Les cités, modernes et surpeuplées, et la campagne où le temps semble s’être arrêté. Rob est un jeune adolescent né dans la cité. Lorsqu’il se retrouve orphelin, il est envoyé dans un pensionnat sordide. Il décide que sa seule option est de tenter sa chance et de franchir la Barrière qui le sépare de la campagne. Là, il en est persuadé, la vie sera meilleure. Utopie ou mensonge ? »
Les cités sont bruyantes, éclairées en permanence, la télévision à été remplacée depuis longtemps par l’Holovision en 3 dimensions. Elle fonctionne en permanence, abreuve sans cesse de paroles et d’images en 3D les citadins qui ne supportent plus la solitude, le silence, le calme. Tout va très vite, tout est très coloré. Dans les Cités, la nourriture sort des usines, les grands jeux du stade sont là pour divertir et surtout, on méprise la campagne.
Rob n’en peut plus. Il aime lire et la bibliothèque va bientôt fermer, il aime le calme et se retrouve en pensionnat, éloigné de tout ce à quoi il tenait et obligé de se conformer à un rythme de vie dans lequel il ne se reconnait pas. Un matin, après avoir découvert dans le courrier secret de sa maman qu’elle était de la Campagne, il décide de s’enfuir. Il part, il court vers le Nord, vers la grande Barrière qu’il veut franchir pour ne plus revenir…
Rob va rencontrer Mike, un jeune campagnard pure souche habitant dans un luxueux manoir et ne pouvant vivre sans une vingtaine de domestiques. Mike ne se satisfait pas de sa condition, Mike vaut plus, il vaut autre chose…
C’est un roman d’espoir, de découverte, d’adaptation. C’est un roman sur les préjugés, sur les apparences souvent trompeuses, sur les bonnes et mauvaises surprises. C’est un roman de contrastes entre la bonne société noble et celle campagnarde, et le regard critique d’un garçon plein d’espoirs et d’attentes. C’est un roman sur la soumission aux règles, un roman sur le conformisme.
Magnifique découverte qui emplit encore plus mon cœur de liberté. À classer dans le même registre que Jonathan Livigston le Goéland (de Richard Bach). Et c’est un vrai compliment car c’est le premier livre que j’ai lu et qui m’a permis d’accepter celle que j’allais devenir. Sans doute Les Gardiens aura-t-il ce même effet sur une nouvelle génération de lecteur qui y puiseront l’énergie indispensable à la désobéissance, à l’indignation, la rébellion.
À mettre entre toutes les mains à partir de 14 ans…. Et propice aux débats en famille, entre amis, entre générations.
Notons aussi la magnifique illustration de couverture signée Annick Masson qui traduit particulièrement bien l’état d’esprit de Rob au début du roman. J’aime tout dans cette illustration, sa force, ses couleurs, sa poésie, et les émotions vers lesquelles et nous renvoie.
Titre : Les Gardiens
Edition : Mijade (Zone J)
Sort le 17 octobre 2019
253 pages
Prix : 8,00 €