Un concert d’Alice Cooper constitue toujours en soi un petit évènement. À chacun de ses passages dans notre pays, Alice remplit les salles et attire un public fidèle qui le suit depuis des décennies.
Celui qui est né à la ville sous le nom de Vincent Furnier s’est glissé dans la peau d’un personnage unique dont les traits ne vieillissent pas. Il n’a pas son pareil pour nous offrir à chaque fois un show de shock rock jubilatoire qui nous transporte dans son univers où l’on croise crimes, cauchemars, horreur, folie et humour noir.
Cette fois c’est à Forest National que l’artiste américain a posé ses valises. La salle est bien pleine et c’est à Black Stone Cherry et son rock metal alternatif rageur que revient l’honneur d’ouvrir pour le maître.
Véritable bombe scénique, le band dont le jeu violent et furieux du batteur évoque Animal des Muppets et dont le guitar hero blondinet saute continuellement comme un kangourou épileptique, suscite à un de mes voisins la question suivante, amenée sur un ton cynique : C’est des Australiens ? Non Monsieur, des américains, mais qui savent encore ce qu’un vrai concert de rock veut dire ! Le groupe a assuré et convaincu, que demander de plus ?
Passé ce hors-d’oeuvre de choix et ponctuel comme une horloge suisse, Alice Cooper apparaît sur scène sur le coup de 21h15, dans un décor de château hanté. Et c’est parti pour une vingtaine de titres totalement jouissifs !
Sur le premier titre, « Feed My Frankenstein », le son est quelque peu confus, mais ça s’arrangera bien vite même si au fil du concert on pourra constater un flottement sonore sur quelques titres. Autour d’Alice, ça joue bien et fort avec un band désormais soudé composé de l’incroyable Chuck Garric à la basse et au chant (Beasto Blanco), de Ryan Roxie, de Nita Strauss et de Tommy Henriksen aux guitares, et de Glen Sobel à la batterie. Tout ce petit monde envoie du lourd, pour notre plus grand bonheur.
Cette fois, la setlist est parfois inattendue et on a droit à des classiques ou des blockbusters comme « Poison », « Billion Dollar Babies », « No More Mister Nice Guy », » I’m Eighteen », « Dead Babies », « I Love the Dead » et d’autres plus anciens ou plus rares comme « Muscle of Love », « Feed My Frankenstein », « Raped and Freezin' », « Fallen in Love », « Roses on White Lace », « Steven », « Bed of Nails » ou « My Stars ». Excellente idée d’ailleurs de sortir un peu des sentiers battus au vu du répertoire d’Alice dans lequel on trouve peu de déchets.
Scéniquement, la rock star septuagénaire assure toujours comme un chef, du haut de sa silhouette encore svelte et avec ce sens inné du show qui le caractérise. Vocalement, il assure toujours bien, même s’il a eu un petit souci après cinq-six titres où on a entendu clairement qu’il s’est cassé la voix lors d’une vocalise plus aigüe qui s’est soudain interrompue de manière imprévue. Le genre de petit pépin qu’un chanteur peut rencontrer lorsque la voix se fatigue après une longue tournée durant laquelle elle a été particulièrement sollicitée. Un peu comme un sportif de haut niveau qui se ferait une petite élongation.
Alice a donc assuré le reste du concert en s’économisant vocalement, ce qui n’a d’ailleurs rien enlevé à la qualité du spectacle. Et du spectacle, il y en a eu, avec un Frankenstein par-ci, un bébé géant par-là, une infirmière foldingue , une catapulte à dollars, et l’inévitable et incontournable guillotine. Quant au rappel, il fut composé d' »Under My Wheels » et de l’énorme « School’s Out » et de son déferlement de ballons, serpentins et paillettes. Ouf !
C’est donc à un spectacle total que les fans d’Alice Cooper ont eu droit hier soir dans la salle forestoise, au terme duquel dans la foule les réflexions enthousiastes succédaient aux superlatifs de tout ordre.
Cette tournée s’intitule Ol’ Black Eyes is Back tour, et en effet Alice Cooper est là et bien là et pour longtemps encore !
Jean-Pierre Vanderlinden
Excellent concert, excellent groupe , une prestation surprenante surtout dans ses choix des morceaux proposés.
Mais ce remaniement de la setlist est une très bonne idée pour qui ( comme moi) a déjà vu plusieurs fois Alice. D’après mois, c’est l’un de ses meilleurs show.