Véritable pilier des éditions Sarbacane, Clémentine Beauvais est de retour dans la collection Exprim. Après Les Petites Reines, Songe à la douceur et Brexit Romance, l’autrice publie Comme des images, réédition de son premier roman publié chez Sarbacane. Au programme, une fresque acérée jetant un regard impitoyable sur le monde des ados privilégiés. Attention les yeux, ça pique !
Il était une fois… des ados sages comme des images, dans un très prestigieux lycée. L’histoire commence le jour où Léopoldine a cassé avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Tim a envoyé un mail avec des images de Léo à tout le monde.
C’est ici, dans ce très prestigieux lycée, que tout va se jouer. Léo a une journée pour assumer ces images. Mais il faut vite régler cette histoire pour pouvoir penser à autre chose, aux maths et à la physique, à la première S. Parce qu’on ne plaisante pas avec ces choses-là, par ici. On savait que ce ne serait pas une partie de plaisir. Maison ne pensait pas que cette journée allait se terminer comme ça, à regarder, en plein milieu de la cour, un corps cassé, ensanglanté.

Il était une fois un petit livre…. Un petit livre bien percutant. Un petit livre qui du haut de ses 200 pages hante et ne s’oublie pas si facilement. Un petit livre qui accroche dès la première phrase et retient prisonnier jusqu’à la dernière. Un petit livre écrit par une grande autrice. Inutile de la présenter, Clémentine Beauvais est précédée par son talent et ses quelques pépites littéraires, comme les inoubliables Petites Reines ou la poésie légère de Songe à la douceur. Initialement paru en 2014, Comme des images était son premier roman publié chez les éditions Sarbacane. Cinq ans plus tard, il nous revient après un petit lifting graphique, son sujet est toujours brûlant !
Il y a un corps dans la cour du Lycée Henri-IV.
La première phrase tombe déjà comme un couperet. Elle nous happe à l’intérieur de ce microcosme scolaire peuplé d’adolescents aussi privilégiés que déshumanisés. L’image se niche partout entre les lignes de ce roman, c’est elle qui va faire basculer la destinée de Léopoldine, de sa sœur et d’à peu près tout le lycée. Léopoldine menait une vie tranquille, peut-être même parfaite en apparence, aux côtés de son petit ami, Timothée. Lorsqu’elle le quitte pour le nouveau de la classe, Timothée se venge en envoyant une vidéo compromettante à tout le monde, des élèves en passant par les professeurs et même les parents d’élèves. C’est le début de la fin, l’implacable rouage de la tragédie s’est mis en branle, la marche arrière n’est déjà plus possible. Tout ce petit monde bourgeois est menacé psychologiquement, moralement ou même physiquement !

Le sujet est simple et bel et bien d’actualité. Tout démarre par une photo envoyée sur les réseaux sociaux, un geste aujourd’hui anodin, une geste désormais évident que l’on effectue presque sans réfléchir chaque jour lorsque l’on partage notre vie avec des proches et des moins proches. Clémentine Beauvais nous offre là un livre qui pose question, et pas qu’un peu ! De sa plume, elle magnifie la cruauté, elle fascine par ses personnages plus vrais que natures, si jeunes et si humains. Fascinant et dérangeant à la fois, Comme des Images a tout d’une tragédie grecque moderne qui nous capture dans ses filets pour nous recracher après 200 pages, loin du lycée Henri-IV, dans le silence et la stupéfaction. 200 pages durant lesquelles on redoute tout et l’on ne s’attend à rien. Pas même à cette fin dont on ne dira rien. Mieux vaut ouvrir ce roman, plonger en apnée dans ce monde d’images et de faux-semblants, pour reprendre son souffle, bouleversé à jamais !
Roman : Comme des images
Auteur : Clémentine Beauvais
Éditeur : Sarbacane (Collection Exprim’)
Nombre de pages : 200
Genre : Jeunesse (dès 14 ans)
Sortie : 4 septembre 2019
Prix : 16 euros