Bon élève, pour cette rentrée des classes, Grand Angle va continuer de dessiner entre les lignes de Marcel Pagnol. Et, pour prolonger l’été, rien de tel que de s’aventurer dans la Provence du Papet et des autres. Les Bastides Blanches. Là où le drame caustique va se jouer. Là où Jean de Florette a hérité d’un fameux terrain. Au point de susciter jalousie et convoitise.

Résumé de l’éditeur : Pour permettre à son neveu de s’installer, « le Papet » lorgne sur le terrain de son voisin. Il y existe une source : un vrai trésor dans la chaude Provence. À la surprise de tout le village, à la mort de Piquebouffigue, c’est un neveu bossu, Jean de Florette, qui hérite du terrain. Il s’y installe avec sa femme et sa fille et se lance dans l’élevage des lapins. Mais l’eau manque et malgré ses savants calculs et son cou¬rage, il s’épuise à la tâche… Pourtant, de l’eau, il y en a. Mais pour inciter le citadin à partir, « le Papet » et son neveu Ugolin ont bouché la source…

Jean de Florette, en BD, toujours avec l’aval de Nicolas Pagnol comme pour le reste de cette collection, est une oeuvre qui se joue en deux temps, toujours écrits pas Serge Scotto et Eric Stoffel mais dessinés par deux auteurs différents. Alexandre Tefenkgi pour le premier et Christelle Galland pour le second.

Dans cette garrigue qui chante, avec ses beaux mots et ses caractères bien campés, je n’avais pas été convaincu du tout par le dessin trop peu détaillé, semblant parfois flou, d’Alexandre Tefenkgi. Même le bossu semblait tenir bien droit. Inévitablement, le dessin nous avait sortis de l’histoire.

Pour moi, l’affaire était pliée et je n’espérais rien du deuxième. C’était sans compter un rayon de soleil qui disperse les nuages en la personne de Christelle Galland. Son dessin est beaucoup plus convaincant: il porte comme un charme ce sud-là souriant mais pouvant se faire larmoyant… pour autant qu’il y ait encore de l’eau pour nous alimenter. C’est là que sont l’enjeu et le problème de Jean De Florette.

C’est une guerre (psychologique mais aussi de clochers) qui ne dit pas son nom et se cache sous le masque bienveillant de l’amitié qui se trame. Avec ce qu’il faut de perfidie d’un camp, et la bonhomie du second. C’est une sorte de viager, finalement, dans lequel l’un espère faire craquer l’autre, tandis que cet autre entend compter sur le soutien inconditionnel du premier et le rétribue à sa juste valeur.


Ainsi, le Papet et Ugolin passent le temps, espérant réaliser leur pourtant hypothétique plan de carrière, sans y bouger un iota. C’est qu’ils ont la bosse des math, ces calculateurs. Quitte à perdre quelques années de latence, croisant les doigts pour que Jean casse sa pipe et sa bosse. La farce semblait souriante et guillerette, pas bien méchante, et pourtant dans l’aridité, tout va se fendiller, se craqueler, jusqu’à un final tragique. Christelle Galland est épatante, avec un dessin dynamique et expressif, auquel les couleurs de Yoann Guillé offrent le répondant adéquat.

On se réjouit de retrouver toute la fine équipe de ce second tome dans Manon des Sources. Et on salue encore la magie que cette série a pour faire vivre ce patrimoine, faire sentir à plein nez ce décor champêtre et entendre les accents. Toujours aussi vivants.
Tome : 2/2
D’après Marcel Pagnol
Scénario : Serge Scotto et Éric Stoffel
Dessin : Christelle Galland
Couleurs : Yoann Guillé
Genre : Comédie dramatique
Éditeur : Grand Angle
Collection : Marcel Pagnol en BD
Nbre de pages : 64
Prix : 16,90€
Date de sortie : le 12/06/2019
J’adore l’univers de Marcel Pagnol et je trouve qu’il est très très bien retranscrit par cette série d’albums. Bravo. En général je suis d’accord avec les critiques mais là je ne sais ce que l’auteur de celle-ci a voulu exprimer par ce jeu de mot que je trouve, excusez-moi, nul et même déplorable : « On pleure aussi comme un bossu ». Sachant que la vraie phrase et « rire comme un Bossu » puis avec son « humanité qui part à vau-l’eau. Cette histoire de Marcel Pagnol est poignante, touchante et il n’y a pas de quoi rire du malheur du bossu.
Bonjour Francis, merci de votre attention et de votre commentaire. Mais où avez-vous trouvé mon intention de me moquer ? Bien sûr, on dit « rire comme un bossu ». Sauf qu’ici, le pauvre personnage de notre ami Marcel, bien que vaillant et résistant comme un surhomme face aux épreuves qu’il a à traverser, n’aura, à un moment, plus le coeur à rire. C’est très triste ce qui lui arrive, saisissant. Quant à l’humanité qui part à vau-l’eau, je parle bien sûr de celle d’Ugolin et du Papet. Je pensais avoir été clair dans mes sous-entendus. Et si vous parcourez les autres critiques relatives à cette superbe collection, vous verrez que j’ai, je crois, saisi l’esprit des récits de ce formidable raconteur.
Cordialement,
Alexis
à quand le prochain tome ? Manon des sources
il se fait bien désirer je ronge mon frein depuis des mois !!!!!!!!!!!!!