Rencontre avec Emelie Schepp: la reine du polar scandinave et de l’auto-édition continue de surprendre!

Interview – C’est au bar du BIFFF, durant le Boulevard du Polar, que Geoffrey Claustriaux et moi-même sommes allés à la rencontre du nouveau phénomène de la littérature scandinave. Avec plus d’un million et demi de romans vendus en quelques années, Emelie Schepp a su forcer son destin avec audace et abnégation.

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Pour Branchés Culture et la Maison de la Francité, la Suédoise raconte son parcours atypique et sa passion de toujours pour l’écriture mais également pour le cinéma. Le troisième opus de sa saga, intitulé D’une mort lente, est sorti en français au printemps dernier aux Éditions Harper Collins.

Après de nombreux refus auprès d’éditeurs,  je me suis résignée à tenter l’expérience de l’auto-édition. Le résultat fut inimaginable. Près de 40.000 exemplaires écoulés en à peine quelques mois, on dépasse désormais le million à travers le monde.

A lire également à propos de l’écrivain belge Geoffrey Claustriaux: https://branchesculture.com/2019/02/21/30-minutes-de-lecture-par-jour-a-lire-un-roman-allonge-votre-duree-de-vie-nos-coups-de-coeur-de-la-foire-du-livre-2019/

Résumé d’Une mort lente d’Emelie Schepp

Mis en scène dans leur propre appartement, des corps comme des poupées incomplètes, mutilés avec une précision chirurgicale. Justement, c’est peut-être la chirurgie qui relie les victimes entre elles. Et, plus précisément, une erreur médicale commise dans le secret d’une salle d’opération, étouffée par les années. Des nuits blanches attendent la police de Norrköping et la procureure Jana Berzelius. Mais cette dernière a d’autres cauchemars que le tueur au scalpel. Un homme qui la connaît depuis l’enfance. Un homme qui pourrait révéler à tous que Jana a été élevée et entraînée pour tuer. Cet homme est sa véritable menace. Et il vient juste de s’échapper.

L’interview d’Emelie et Henrick Schepp

Suite au succès foudroyant d’Emelie Schepp en auto-édition, HarperCollins a racheté les droits de ses romans pour les diffuser à l’international. Alors que « D’une mort lente » est publié en français depuis quelques mois, le cinquième tome des aventures de Jana Berzelius a déjà fait un tabac en Suède.

Mon rêve serait de percer au cinéma. Voir ma saga adaptée au grand écran bien entendu. Mais je suis également capable d’écrire d’autres histoires. Le monde du cinéma m’a attirée depuis toujours…

Malko Douglas: Comment avez-vous débuté votre carrière d’écrivaine? Quelles furent les étapes marquantes de votre parcours?

Emelie Schepp: Quand j’ai rencontré Henrick il y a 17 ans, j’ai décidé de ne pas faire mes études de journalisme afin de travailler directement avec lui dans la communication. J’ai écrit pour différents journaux et médias locaux pendant près de dix ans mais ensuite, j’ai commencé à me sentir trop limitée.

Je voulais me sentir plus libre dans mon écriture et laisser libre court à mon imagination! Un jour, j’ai décidé de suivre un atelier afin d’apprendre à écrire des scripts pour le cinéma. En deux jours, on a appris tellement sur l’écriture des dialogues, le développement de personnages, etc.

En rentrant de cet atelier, je me suis lancée dans l’écriture de deux scripts.  Ce n’était pas du tout axé autour du polar et du suspense. Le premier était un film sur la famille et le deuxième une comédie romantique. Je les ai envoyés à plusieurs boites de production en Suède mais je n’ai pas eu de réponses. Le problème du financement est important en Suède et c’est assez difficile de démarrer des projets dans le cinéma quand on ne connait personne du milieu.

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M.D: Et comment avez-vous débuté ce cycle autour de ce personnage féminin fort qu’est Jana Berzelius, l’héroïne principale de vos 5 romans?

E.S: N’étant pas connue dans le milieu du cinéma,  j’ai vite compris qu’il serait difficile de percer en envoyant mes scripts par la poste. J’avais l’idée d’un roman autour d’une femme qui serait capable de combattre physiquement un homme. Nous sommes en 2012 et je ne savais pas encore comment j’allais développer le personnage de Jana.

C’est à ce moment là que les médias se sont tous mis à parler de la campagne de sensibilisation au sort des enfants soldats du nom de « Kony 2012 » (campagne fort critiquée ensuite pour sa simplification des événements).

Plus d’infos sur Kony 2012: https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/01/06/l-ong-invisible-children-auteure-de-la-campagne-kony-2012-contrainte-de-reduire-ses-activites_4550233_3212.html 

J’ai alors eu l’idée de combiner la réalité de certains de ces enfants soldats avec les éléments de fiction que j’avais imaginés auparavant. Le personnage de Jana s’est construit de cette manière. Cet élément a été central dans la construction et la psychologie de ce personnage. Elle possède un côté sombre mais également un côté lumineux.  Elle lutte avec elle-même et son passé en permanence. Cette dualité entre ce que j’étais, ce que je suis et ce que je vais devenir fait partie intégrante de sa personnalité.

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M.T: Et le succès a-t-il été immédiat avec le premier roman de la saga? Pourquoi parle-t-on d’Emelie Schepp comme du nouveau phénomène scandinave?

E.S: Non, une fois de plus, enthousiaste, j’ai envoyé mon histoire à plusieurs maisons d’éditions en espérant recevoir un retour positif. Après deux semaines, je reçois une lettre d’une grande maison d’éditions mais ce ne fut pas concluant. Ils n’étaient pas intéressées par mon manuscrit.

J’espérais recevoir un coup de fil des éditeurs me disant qu’il s’agissait de la meilleure histoire thriller de l’année. Et comme auparavant pour le cinéma… ce n’est jamais arrivé, personne ne m’a rappelée!

Après 6 mois, nous n’avions toujours pas reçu de retours. Cependant, on croyait vraiment dans cette histoire et ce personnage. Nous avons dès lors décidé de nous lancer dans l’auto-édition. J’ai imprimé mes livres et parcouru le pays en voiture afin d’aller à la rencontre de mes lecteurs en les suppliant d’acheter mon livre (rires).

Après 6 mois, j’avais vendu +- 40.000 copies de mon livre en auto-édition. Un vendeur a pris mon livre avec lui en Allemagne à la Foire du Livre de Francfort où il l’a vendu à dix pays différents. Ce n’est qu’ensuite que la Suède a commencé à s’intéresser à mon roman et mes histoires. Mes livres sont désormais traduits dans plusieurs langues. J’ai vendu plus d’un million et demi de livres dans plus de trente pays.

Emelie Schepp

M.T: Et pour la suite, quels sont vos projets? Envie de retourner vers le cinéma?

E.S: Dans l’immédiat, je vais me reposer un peu. Avec la sortie du cinquième tome en suédois des aventures de Jana ainsi que le troisième en français, mes dernières semaines furent très (trop) chargées.

Mon souhait le plus cher reste néanmoins de percer dans l’écriture cinématographique et de collaborer à un projet dans le cinéma.

Pourquoi ne pas voir les aventures de Jana adaptées dans une série par exemple. Je reste très attentive et ouverte à des propositions en lien avec le cinéma car c’est un rêve depuis longtemps.  Je pense d’ailleurs que mon style d’écriture est assez dynamique et qu’on ressent déjà cette passion pour le cinéma dans mes romans.

M.T: Merci beaucoup pour cette interview et au plaisir de se recroiser un jour!

(Interview réalisée au Bar du BIFFF en avril 2019)

Le site du Boulevard du Polar

Le site de HarperCollins

Le site du BIFFF

La page d’Emelie Schepp

 

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