Les Solidarités 2019 se sont déroulées sur les hauteurs de la Citadelle de Namur ces 23, 24 et 25 août. Difficile de l’ignorer! Vous aurez lu ou lirez çà et là de nombreux comptes-rendus des concerts de Pascal Obispo, de Mustii ou encore de Kendji Girac qui ont mis le feu sur la scène de l’esplanade. Certes. Vous lirez aussi çà et là de nombreux comptes-rendus de l’affluence du week-end et de la canicule qui a mis le public et les organisateurs sous pression. Certes. Mais vous ne lirez rien de tout cela ici, maintenant. Parce que ce n’est pas mon mandat ni mon envie. Ni ici. Ni maintenant.
Ce que vous lirez par ici, c’est un compte-rendu subjectif et assumé comme tel, un regard personnel et forcément partiel, partial sur un festival qui a mérité sa place dans les grands festivals d’été avec une programmation qui, à l’image d’un Ronquières, arrive à réunir sur une même affiche des groupes hétéroclites et devant les scènes un public qui ne l’est pas moins, là où d’autres explorent davantage une programmation cohérente, thématique.
Cet éclectisme peut surprendre. S’il n’est pas trop difficile de trouver des ponts entre Kendji Girac et L’Algérino ou entre Axelle Red et Gaëtan Roussel, il est plus déroutant de voir Aya Nakamura et Jeanne Added partager la même affiche.
Mais n’est-ce pas là justement la force des Solidarités? Un festival qui réunit les publics et les générations, chacun trouvant de quoi se faire plaisir, si ce n’est sur l’Esplanade alors au Maquis, ou au Théâtre de verdure – lieu des plus belles découvertes cette année – ou encore la scène plus alternative du Belvédère? Sans oublier les débats, animations, exposition et autres activités à partager seul ou en groupe, en famille ou entre amis sur le site arboré de la citadelle.
De toute façon, il est impossible de tout voir, tout faire: j’ai tenté l’expérience et même en prenant son courage à deux mains et une bonne paire de chaussures de marche, à moins de pouvoir se dédoubler, il faut faire des choix dans la programmation.Et quand bien même un seul concert se donne à un moment, si celui-ci ne vous tente pas, c’est qu’il est l’heure de manger ou de boire un verre (« et ça peut prendre du temps vu l’affluence » :-)).
Bref, pas besoin d’être fan de tous les artistes pour apprécier les Solidarités. À ce petit jeu, je pourrais en effet vous faire la liste – tout aussi subjective – des raisons de ne pas y aller. Je préfère rester dans l’esprit positif qui animait les nombreux bénévoles et participants & vous partager mes coups de cœur, entre confirmations et découvertes.
Clara Luciani était mon coup de cœur dès la découverte de la programmation 2019: manquée lors de son premier passage dans La Grange, trop bondée que pour réussir à vraiment profiter de son concert, j’étais impatient de la découvrir sur la grande scène cette année. Impatient et curieux à la fois de voir comment son univers allait passer d’une petite scène intimiste à cette grande scène intimidante, de quelques centaines de spectateurs à plusieurs milliers. Passage réussi haut la main, la classe, la claque ! Une scénographie qui sied parfaitement à son univers et ses textes, une belle présence scénique avec déclaration d’amour « à son Namur », un concert qui terminait en beauté ces trois jours de festival.
Le Festival se termine en beauté… mais avait commencé sous les meilleurs auspices le vendredi avec une autre valeur sûre de la programmation ! Un Gaëtan Roussel en toute grande forme, avait électrisé la scène le vendredi, après la prestation d’Axelle Red.
À l’approche de la cinquantaine, il a fait preuve d’une énergie que plus d’un trentenaire lui envierait, sautant tel un kangourou de part et d’autre de la scène en parcourant, devant un public conquis, les meilleurs titres de sa carrière, passant de Louise Attaque à Tarmac pour mieux revenir ensuite à ses albums solos, tout en faisant un clin d’oeil à Lady Sir, son projet duo avec Rachida Brakni, qu’ils présentaient aux Solidarités en 2017.
Au-delà des confirmations, la force des Solidarités est également de proposer des pépites, moins connues du grand public parfois ou auréolées d’un parcours prestigieux sans pour autant occuper la place qu’elles méritent dans les playlists des radios les plus populaires.
Ces artistes-là se découvrent davantage au Théâtre de Verdure ou au Maquis. Suzane – une totale découverte pour ma part – et Jeanne Added (prononcez Adèd et pas Adid) sont sans hésiter deux coups de cœur de cette édition 2019.
24h après avoir joué avant The Cure à Rock en Seine en France, auréolée de la Victoire de l’artiste féminine 2019, Jeanne Added a enchanté le public et votre serviteur avec son univers bien à elle, teinté de rock et d’électro, et une présence scénique qui n’est pas sans rappeler – comparaison n’étant jamais raison – Chris alias Christine & the Queens.
Autre très belle prestation sur cette même scène: Suzane – avec un n -, jeune artiste originaire d’Avignon, qui partage avec Jeanne Added un univers personnel, loin des artistes formaté·es aux chansons écrites par un algorithme.
Celle qui se décrit comme une « conteuse d’histoires vraies sur fond d’électro » se révèle danseuse autant que chanteuse, elle vit et interprète ses chansons avec une gestuelle saccadée qui déroute, surprend, mais crée un univers unique qui ne laisse personne indifférent. Véritable star 2.0 (ses clips font entre 1 et 2 millions de vues sur sa chaine YouTube), on ne serait pourtant pas étonné qu’elle ait grandi en regardant les clips de Jean-Baptise Mondino sur la télé familiale à l’adolescence. Une personne dont on entendra encore parler longtemps, c’est sûr!
Coup de chapeau pour l’occasion aux régisseurs de la scène du Théâtre de Verdure, qui ont proposé un éclairage aux petits oignons pour l’occasion!
Bien sûr, je pourrais aussi vous parler de Claire Laffut, de Winter Woods, de Juicy, de Charlie Winston, de l’Impératrice, d’Adam Naas et de bien d’autres artistes talentueux vus sur une des scènes du festival. Une autre fois peut-être!
Je pourrais vous parler aussi d’Aya Nakamura, de Caballero et Jeanjass ou de Kendji Girac, mais nul doute que d’autres le feraient avec plus de pertinence que moi. Mais difficile de terminer ce retour subjectif sans évoquer le phénomène incontesté de cette édition, qui résume à elle seule l’esprit du Festival: Angèle.
L’artiste belge la plus diffusée dans l’Hexagone en 2019 avec notamment son titre « Balance ton quoi« était sur la scène de l’Esplanade le samedi, attirant une foule jamais vue au Festival – qui n’a pourtant pas manqué de grands noms ces dernières années -, toutes générations confondues. Et aux mauvaises langues qui laisseraient penser qu’elle n’est chanteuse que d’un titre, il fallait voir les milliers de personnes entonner chaque chanson à l’unisson. Voir le visage émerveillé de centaines de jeunes enfants, malgré l’heure, était une des belles réussites de cette édition 2019.
Il faisait chaud. Certes. Mais avant tout dans le cœur des artistes et du public.
Le rendez-vous est déjà pris en 2020!
Compte-rendu subjectif et derrière l’objectif: Benoît Demazy