De retour pour une nuit non pas parisienne mais namuroise, Gaëtan Roussel a emmené au vent les Solidarités. D’un bout à l’autre du site de la citadelle, des balances à la promo, le chanteur était un peu en retard. Pas de sa faute mais il s’excuse, plutôt deux fois qu’une. Chic type. Puis, ce n’est pas comme si son album s’appelait Trafic ! Casquette vissée sur la tête, alligator sur le polo qui semble dire à plus tard crocodile (le troisième album de Louise Attaque), souriant, dynamique, peut-être Gaëtan est-il un peu fatigué ? On pourrait le comprendre, ce week-end marque la fin de son été des festivals et de sa tournée. Faisant la transition entre le jour et la nuit, celui qui a magnifié le crépuscule de Bashung, s’est prêté au feu des questions.
Bonjour Gaëtan, nous vous retrouvons à la fin de la tournée des festivals. L’émotion est-elle différente ?
C’est même l’avant-dernière date de ma tournée qui a duré six mois. Cela dit, chaque fois que je vais jouer, je suis impatient de monter sur scène. Après les Solidarités je penserai à ma dernière date de dimanche, je serai un peu triste. Cette tournée m’a tenu à coeur. C’est la suite des deux précédentes, nous sommes arrivés à monter une équipe qui me plaît, humaine. Je fais de la musique qui passe par les pieds mais qu’on peut aussi écouter avec les oreilles et le coeur.
Plus je fais des disques, plus je me rapproche de ce que j’ai envie de proposer. Je pioche dans les chansons. Il y a toujours quelque chose qui ressort d’une tournée. Celle-ci me marquera et me manquera mais je m’en servirai pour rebondir.
Après Louise Attaque et Lady Sir, c’est la troisième fois que vous venez aux Solidarités. Un vrai habitué !
Je pense même que c’est ma quatrième fois à Namur. Avec la tournée de Tarmac, je ne dois pas être passé très loin d’ici. Mais oui, nous commençons à connaître un tout petit peu Namur. Nous sommes chanceux, le personnel de l’hôtel qui nous héberge, le NE5T, est adorable.

Ambiance particulière ce soir. Comme à Spa, votre concert sera signé, traduit en langue des signes.
Je ne sais pas si ça se fait en France mais il n’y a qu’en Belgique que j’ai vécu ça, cette année et auparavant déjà. C’est agréable et intéressant comme expérience. Elles sont trois sur scène et se succèdent en fonction des chansons. Puis, même quand les paroles se font rares, qu’elles ont moins de travail de traduction, comme sur Inside/Outside, elles ne quittent pas la scène et dansent. Ça amène quelque chose, c’est sûr.
Cet album, Trafic, il est plus personnel, non ?
Peut-être bien. Il y a deux ans, j’ai sorti un recueil de nouvelles, Dire au revoir. Des textes allant du léger au compliqué. Définitif aussi, pour certains. Un trafic intérieur analysant comment on peut dire adieu à quelqu’un de proche.
Puis, pour cet album, les sujets sont venus, nourris, plus définis, plus personnels : la maladie avec Hope, l’addiction avec Ne tombe pas, l’identité avec N’être personne. Je suis un amateur de textes dont les gens peuvent se saisir et interpréter comme ils le sentent. Mais peut-être, y’a-t-il plus de panneaux de signalisation, cette fois.
Il est aussi question de phobies. Pas la foule, quand même ?
Ah non, c’est sûr. Être sur scène fait partie de ce que j’aime vivre. Il n’y a pas un projet que je n’ai pas défendu sur scène. Elle m’a permis de combiner mes envies. Au début, quand j’ai voulu me lancer dans l’aventure en solo, je ne voulais pas jouer les titres de Louise Attaque. Mais comment tenir 1h15, au moins, avec mon album Ginger, j’ai dû trouver des solutions.
En termes de phobie ? Je n’aime pas trop les serpents.
Votre album s’ouvre avec Le jour et la nuit. Parfait pour décrire ce qu’il va se passer ce soir. Vous monterez sur scène à 20h45, à la fin du jour, au début de la nuit.
Jouer quand la nuit tombe, ça confère une ambiance particulière. Comme les trois personnes en plus sur scène, dont nous parlions tout à l’heure. Ça change un concert, la manière dont il se déroule. La lumière est importante dans sa mise en scène. En fonction de l’heure à laquelle nous jouons, la setlist change. Certains titres ne peuvent pas être joués en plein jour. Mais dans la pénombre…
Toujours un plaisir de revenir en Belgique, alors ?
Vous êtes les voisins, les copains, les cousins. Que de bons souvenirs. Je me souviens de la première Ancienne Belgique remplie à craquer. Non seulement, nous sommes bien accueillis mais qu’est-ce qu’on s’y sent bien. En plus, pour la petite histoire, du côté de Spa, c’est un Belge, Marc Thonon, qui nous a signés. Sans lui, qui sait ce qu’il serait advenu.
Merci beaucoup, Gaëtan. Excellent concert et bonne fin de tournée !