Nevada ! Si ça, ce n’est pas un nom qui respire l’Ouest, le grand Ouest. Vous la sentez la poudre, la poussière et l’essence… l’essence ?! Celle de la moto que chevauche le dénommé Nevada Marquez, un baroudeur qui vend ses services pour diverses missions. Il a bien changé Lucky Luke ! Et il ne court pas après les Dalton, mais les icônes. Celles qui fuient le Hollywood naissant et peinant à juguler leurs frasques et leurs ardeurs. À cheval entre les mondes, Fred Duval et Jean-Pierre Pécau retrouvent Colin Wilson, après le plus contemporain Wonderball, et le ramènent au western. Hybride.
Résumé de l’éditeur : La ruée vers l’Ouest n’est plus qu’un souvenir que l’on peut maintenant voir sur grand écran grâce à l’industrie naissante d’Hollywood. Nevada Marquez oscille entre les deux mondes, chargé par Hollywood des missions les plus improbables à la frontière américanomexicaine. L’enquêteur est chargé de retrouver un acteur disparu lors d’une virée à Tijuana… Une surprise l’attend au bout de la piste.

Un homme n’a pas encore tué Liberty Valence mais le western tel que les pionniers et les outlaws les plus emblématiques vit ses soubresauts, entre les mains de petites frappes qui n’ont plus rien à voir. La caravane est passée, les chiens n’aboient plus, l’aventure repassera par les mouvements de caméras les fantasmes du grand écran. Hollywood se bâtit difficilement sous le joug des producteurs et dans les impulsions d’acteurs n’ayant rien à envier à Billy The Kid et qui n’ont parfois qu’une envie : retourner au saloon. À côté d’un Johnny Weissmuller qui semble plus docile, le pire de tous est sans doute celui qu’on surnomme déjà L’étoile solitaire : Mac Nabb. Un enfant pourri gâté qui a fugué à quelques heures du premier clap. Et Louise Hathaway n’a d’autre choix que d’engager Nevada, sorte de passeur entre deux mondes et de chasseur de primes à qui il appartient de ramener les fuyards plus vifs que morts.

Une mélodie d’harmonica, ça y est, on y est, on y croit. Le train sifflera trois fois et plus si affinité mais je me suis laissé complètement embarqué dans cette histoire que je ne soupçonnais pas. C’est l’un des bonheurs des services presse: découvrir un album qu’on a pas besoin d’acheter ni de lire la quatrième de couverture. Et si vous êtes des habitués du blog, vous savez que je déteste ça. Du coup, je passe de la couverture à la première planche. L’histoire peut commencer sans signe avant-coureur. Des Indiens, des cavaliers et des éperons rocheux, majestueux. Et là est la surprise : je découvre, sans qu’il n’y ait d’univers parallèle, une frontière ténue, comme une route pour motard n’ayant pas froid aux yeux ni à la gâchette, entre le Hollywood des excès et des caprices et les grands espaces encore en manque de civilisation. Un passage entre le factice et le dur, le vrai, le poussiéreux. Il n’y a plus de chercheur d’or mais des chercheurs de cocaïne.


Servi par de magnifiques planches muettes mais tellement équivoques, ce Nevada est une grande réussite avec du bagout et un lot de références suffisamment dosées que pour ne pas tomber dans la parodie. Le héros ne devient vraiment charismatique qu’à la dernière planche et le dessin de Colin Wilson ne subit pas les affronts de l’âge. Il est toujours aussi bon et beau sous les couleurs intactes de Jean-Paul Fernandez (la planche muette mais musicale, harmonica aux lèvres, waow!). Reprenant les mondanités civilisées des tournages mais aussi les comportements bestiaux qui peuplent les westerns, Nevada fait la jonction entre deux mondes que tout sépare désormais mais qui se ressemble plus qu’ils ne veulent l’admettre.




Laissant de l’espace à leur désormais fidèle dessinateur, Pécau et Duval ménagent des grands espaces, dans la nuit comme dans le jour aride, pour découvrir les personnages qui vont entourer notre héros… pas forcément d’amour. Testostéroné mais faisant la part belle aux femmes vénéneuses et puissantes, chargé à bloc, ce Nevada, on ne l’attendait pas. C’est un début de série idéal et génial.

Notons encore que ce premier tome a fait l’objet d’une édition de luxe noir et blanc, sous une couverture, il est vrai, très moche aux allures de photocopie. De même qu’une édition avec jaquette Canal BD est parue.

Tome : 1 – L’étoile solitaire
Scénario : Jean-Pierre Pécau et Fred Duval
Dessin : Colin Wilson
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Genre : Thriller, Western
Éditeur : Delcourt
Collection : Neopolis
Nbre de pages : 48
Prix : 13,95€
Date de sortie : le 29/05/2019
Extraits :
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Pas du tout emballé pour ma part à cause d’un personnage justement trop peu impliqué et une intrigue cousue de fil blanc où on arrive à un tout ça pour ça. Hormis l’originalité du sujet entre cinéma et western en effet je ne suis pas sur que la série trouvera son public. Wonder Ball était plus facile à suivre.
Je n’ai pas encore lu Wonder Ball. Le personnage central, ça ne m’a pas vraiment embêté. Il y a tellement de séries où le héros est justement trop impliqué.
Wonderball reprend le principe conspirationniste avec une loge occulte d’assassins. La structure de la série avec chaque album centré sur un des membres est très efficace, comme toujours avec Duval.