Le Dark Knight est mort, vive le Dark Knight. Aujourd’hui est un triste jour. Nous avons appris le décès brutal d’un vieux copain d’enfance. Il s’appelle Batman et il est mort le 30 mai dernier. Après nonante (quatre-vingt-dix pour les Français qui nous lisent) ans d’aventures sans temps mort. Il fallait bien que ça arrive un jour. Mais qui va protéger Gotham, maintenant ?

Résumé de l’éditeur : Batman est mort. Et pour sa veillée funèbre, amis comme ennemis sont invités. En sa mémoire, tous se prêtent au jeu et se remémorent l’immense Chevalier Noir. Mais Batman est-il vraiment mort ?

Mais qui va protéger Gotham, maintenant ? Enfin, ce soir, aucun risque. Tous les méchants ont d’autres choses à faire. Et à croire toutes les voitures customisées garées dans cette ruelle sombre, ils sont tous rassemblés pour la veillée funèbre, l’ultime adieu à leur meilleur ennemi. Sans animosité, juste avec l’impression de perdre le moteur de leurs ambitions les plus viles. Dans la salle où Alfred tient son rôle de maître de cérémonie, il n’y a qu’un seul absent. Bruce Wayne. Même Superman (qui avait lui aussi, on s’en souvient, connu ses derniers jours avec Allan Moore) est là!


À tirer les ficelles, Neil Gaiman et Andy Kubert sont eux bien présents dans cette salle mortuaire et investissent de leur savoir-faire talentueux les lieux et la mythologie du Chevalier Noir. En posant une simple, légitime et déterminante question: de quoi Batman a-t-il bien pu succomber ?

D’une longue maladie qu’on appelle la vie, peut-être ? Ce serait trop simple. Mais comme personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé, Gaiman et Kubert baignent toute cette courte histoire, en deux parties, subdivisée en autres petites histoires que racontent les gentils comme les méchants. Après tout, pourquoi ne pas tirer un peu plus de gloire d’un ultime affrontement rêvé avec l’homme chauve-souris.

Chacun y met de sa sensibilité, faisant de Batman un justicier ténor ou un loser magnifique se battant contre des moulins à vent. À chaque récit (parfois les deux auteurs abrègent certains témoignages, sinon ils en auraient pour des nuits), Gaiman et Kubert confèrent une identité, une atmosphère et une grosse part d’originalité et d’invention. Si chacun règle ses comptes, encore faut-il le faire de manière audacieuse. Et même si, bien sûr, c’est une fausse fin mais un vrai bel hommage pour l’anniversaire de la créature de Bob Kane et Bill Finger et tant d’autres, Batman n’est pas vraiment mort, Gaiman et Kubert puisent dans une poésie qu’on a peu l’habitude de voir dans ce genre de littérature. Et, mine de rien, ça fait du bien, encore plus quand la qualité graphique se trouve renforcée par une seconde partie d’album qui fait la part belle à tous les crayonnés de Kubert. On fait des allers-retours entre la version normale (où les couleurs d’Alex Sinclair participent à la fraîcheur vintage et à l’esprit Batman, crépusculaire, de cet album) et la version work in progress, c’est instructif et ça met le lecteur dans la position luxueuse de privilégié.

Il faut parfois perdre quelque chose pour prendre conscience d’à quel point il est essentiel. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, disait même Lamartine. La preuve avec cet album dark et lumineux.
Titre : Les derniers jours du chevalier noir
Récit complet
Scénario : Neil Gaiman
Dessin : Andy Kubert
Encrage : Scott Williams
Couleurs : Alex Sinclair
Traduction : Alex Nikolavitch
Genre: Fantastique, Psychologique, Super-Héros
Éditeur VF: Urban comics
Collection : DC Deluxe
Éditeur VO : DC Comics
Nbre de pages: 152
Prix: 15,50€
Date de sortie: le 30/05/2019
Extraits :