J’ai ouvert Piège nuptial parce qu’il est classé comme un thriller et surtout parce qu’il se passe dans le bush australien cher à mon cœur de lectrice. J’espérais du vent, des étendues à perte de vue, une densité de population qui frôle le zéro… le rêve ! Mais le rêve s’est très rapidement transformé en cauchemar, en huis clos au milieu de nulle part… Où les odeurs de putréfactions remplacent la bise de mer et où la chaleur écrase tout… Je ne sais toujours pas si j’ai aimé mais je l’ai dévoré.
« Ce qui a manqué à Nick, journaliste américain en virée dans le bush australien? Quelques règles élémentaires de survie :
- Ne jamais conduire en pleine nuit sur une route déserte : un kangourou se ferait une joie de défoncer votre pare-brise.
- Ne jamais céder aux charmes d’une auto-stoppeuse du cru.
- Et ne jamais se laisser droguer, enlever et épouser par ladite autochtone.
Dans son village, en effet, le divorce n’est pas autorisé. Mais le nombre de veuves y est impressionnant… »
Si cette image vous rebute, n’entamez pas la lecture de Piège nuptial (aussi paru sous le titre de Cul de sac)… Parce qu’elle n’est rien comparée aux descriptions odorantes et détaillées de Douglas Kennedy.
Une fois arrivé dans le village de Wollanup, Nick est d’abord complètement désarçonné par l’odeur de l’immense tas de détritus en décomposition à la sortie du village. C’est une petite montagne que l’on voit dépasser le toit des cabanons et l’odeur est si forte qu’elle pénètre partout… entraînant avec elle des hauts le cœur de chaque instant les premiers jours…. Moi qui suis une lectrice immersive et qui rêvait de grands espace…Comment vous dire? Ce fût pénible !
La deuxième impression est tout aussi écœurante… des têtes de kangourous alignées au bord de la route, et dont les stades de décomposition sont variables : du sang frais s’écoule encore de certaines quand d’autres ne sont plus que des squelettes…. Mais certaines, les pires, sont gonflées, puent et attirent toutes les bêtes des alentours. Enfin, vous l’avez compris, si vous pensez partir cet été en Australie, évitez de passer par Wallonup… je ne pense pas qu’on puisse s’en remettre !
En fait, il n’y a pas grand-chose à Wallonup, à part l’entreprise de boucherie de kangourou et un pub. D’ailleurs, toutes les règles de vie et de justice en application dans le pays… ne le sont pas au village ! C’est le conseil des pères qui fait loi, c’est lui aussi qui décide de votre vie. Et si ça ne vous convient pas, vous pouvez toujours essayer de vous échapper : la prochaine ville est à plus de 1300 km, le bush australien et ses 50 degrés le jour est partout…et les trois voitures en état de fonctionner sont bien gardées !
Les habitants de cet ancien village minier sont tous issus de quatre familles dont les parents ont un jour décidé cette vie en communauté. 20 ans plus tard, une lutte contre la consanguinité est déclarée. Et c’est dans ce cadre que Nick a été « recruté ». Il y a quand même une école…tenue par la plus âgée des enfants…et qui dispose d’une dizaine de livres. De toute façon, à part le garage et la boucherie, il n’y a pas d’autres débouchés, inutile de s’instruire. Et puis pour tuer le temps et étancher sa soif, les bières sont disponibles… Que demander de plus ?
Une prison à ciel ouvert, une atmosphère angoissante de piège qui se referme sur le lecteur, des odeurs épouvantables et des villageois abrutis par l’alcool et pas complètement « finis ». Je ne peux pas vous dire que j’ai aimé ce livre, il m’a dégoûtée tout au long de ses pages… que je n’ai pu cesser de tourner. C’est donc qu’il a quelque chose d’addictif…mais je n’ose comprendre quoi !
Auteur : Douglas Kennedy
Titre : Piège nuptial
Edition : Pocket
Sorti en novembre 2009
251 pages
Prix : 6,95 €