Bienvenue à Cream(crime) City, un monde (pas si) merveilleux qui pourrait vous surprendre

Crime City est un roman jeunesse particulièrement d’actualité que les ados, les parents, les profs, les oncles et les tantes devraient lire comme un guide d’utilisation, une notice d’avertissement. C’est à la fois touchant, sincère, inquiétant et légèrement moralisateur; comme un conte d’Andersen.

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« Bienvenue dans le monde merveilleux de Cream-city ! Tout est parfait dans ce jeu virtuel : il ne pleut jamais, les maisons sont couleur de crème glacée et les Lovely sont la famille idéale….

Mais le jour où Corentin ordonne à l’un des personnages du jeu de faire autre chose que ce que le programme autorise, tout se dérègle et Corentin se trouve projeté au cœur de la simulation. Lui qui croyait trouver le paradis, découvre que c’est presque l’enfer… Cream-city se transforme en Crime-city. »

Corentin vit seul avec sa mère dépressive, Laure, dans un petit appartement mal entretenu. Son père Jean-Pierre a fini par les quitter, lui offrant comme dernier cadeau le jeu de simulation Cream-City. Corentin a créé un monde de toute pièce, son monde idéal, son fantasme et depuis trois mois, il observe et manipule sa SEULE VRAIE famille, les Lovely.

A Cream-City, les rues sont toujours propres, les enfants toujours en vacances, la jolie Verna s’habille chez Country & Smith et Corentin peut y fuir allègrement sa réalité dérangeante. Particularité qui fait le succès du logiciel : « Une fois mis en place, les personnages continuent à vaquer à leurs occupations même lorsque l’écran est éteint…L’illusion d’observer la vraie vie des personnes est, de la sorte, hallucinante… » la capacité à rendre son utilisateur dépendant aussi…

En abordant ce thème, Gudule – de son vrai nom Anne Liger-Belair – fait mouche. Cette écrivaine belge a publié pour la première fois le livre en 2010 et le texte est toujours aussi ancré dans la réalité de certains de nos adolescents. Elle décrit avec justesse comment ce jeu « contraint » l’utilisateur à rester de longues heures devant l’écran… Car dès que celui-ci s’éteint, il a l’impression que ses amis, sa famille (créés de toute pièce par lui-même) s’amusent et existent sans lui. Quelle sensation insoutenable pour un adolescent en mal de reconnaissance extérieure… Ce mécanisme m’était profondément étranger. Et je dois confesser qu’avant la lecture de Crime City, je n’avais jamais compris les ressorts réels de cette addiction. Ce livre m’a immergée complètement dans un univers que je ne maîtrisais  pas et j’en ressors grandie.

Ce ne serait pas un bon roman jeunesse si Gudule s’était arrêtée à ce (simple) constat. L’histoire devient truculente lorsque le jeu commence à ne plus répondre comme il le devrait… Mais je n’en dirai pas plus à ce sujet pour que vous découvriez avec plaisir, j’en suis convaincue, les péripéties inventées pour vous par l’auteure. Un suspense s’installe, un climat inquiétant aussi. On s’interroge et on espère que Corentin en sortira sain et sauf.

Encore un mot sur l’analogie que l’on peut faire en sortant de ce livre entre rêver ses fantasmes (quels qu’ils soient, d’ado ou d’adulte) et les vivre… Gudule choisit de nous mettre en garde contre tout ce qui semble parfait…et j’ai refermé ce livre avec quelques questions d’introspection. Pas mal pour un roman jeunesse me direz-vous? Je vous réponds que c’est mieux que ça. C’est un livre que nous devrions tous lire, nous qui sommes de près ou de loin en contact avec les jeux vidéos, car il nous apprend tout en nous divertissant !

Auteure : Gudule

Titre : Crime City

Editions : Mijade

Sorti en 2010 (réédité en 2019)

220 pages

Prix : 7,00 €

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