Avec 1815 La Dernière Bataille, le Magic Land Théâtre clôture avec panache une saison accouchée au forceps

Pour le dernier spectacle de sa saison 2018/2019 (saison délicate mais réussie, malgré l’absence de subsides, grâce à des comédiens motivés et au soutien de son public fidèle), le Magic Land Théâtre a choisi de reprendre 1815 La Dernière Bataille, de Patrick Chaboud. Pas de surprise avec la troupe de la rue d’Hoogvorst, on est en territoire connu, l’humour et l’intelligence d’écriture font à nouveau bon ménage pour ce boulevard sous tente qui revisite la dernière grand bataille napoléonienne.

Napoléon tente d’oublier Joséphine dans les bras de Marie-Louise d’Autriche, mais il est incapable d’oublier celle qui lui a tout appris de l’amour. L’empereur qui ignore que Joséphine a multiplié les amants jusque dans le camp ennemi, décide de lui donner rendez-vous pour un weekend en amoureux à Waterloo, sur le champ de bataille. La guerre c’est tellement beau quand c’est bien fait…

Quelles ont été les véritables raisons de la défaite ? Qui étaient les amants et les espions cachés dans les caisses à munitions ? Quel rôle a joué Bart de Wavre dans cette histoire ? Et qui était ce Victor Hugo, le responsable de com’ de l’armée française à qui l’empereur, comprenant l’ampleur du désastre, demanda comme une ultime supplique : « Essaye de me pondre un truc pas trop lourd » ? Patrick Chaboud a tenté de rétablir SA vérité…

Mon dieu, la charge, j’allais oublier, j’y retourne ! ( 1815 La Dernière Bataille – Patrick Chaboud )

Le Magic Land, c’est une vision atypique d’une forme de théâtre qui se veut de proximité, presque interactif. Lorsque le public entre dans la salle les comédiens sont déjà présents en costume, toujours à l’affût d’un bon mot savoureux en guise d’accueil et qui plonge déjà le spectateur dans l’ambiance de la pièce.

Ici, on laisse ses soucis à la porte du théâtre et, durant quelques heures, on rit et on se détend, mais jamais gratuitement. Car derrière la forme qui est celle d’une comédie de boulevard, le fond n’est jamais absent et les références et métaphores souvent cinglantes dénonçant les dérives de notre société se glissent subrepticement au cœur du texte original.

Chez Chaboud, rien de plus normal que d’entendre le Général Pelletier s’offusquer du retard postal en temps de guerre et s’adresser de la manière suivante au Maréchal Ney lisant la presse anglaise sous sa tente :

 » Une chose m’intrigue, mon Général ! Comment faites vous pour recevoir la presse anglaise alors que je n’ai pas eu mon Spirou depuis 2 semaines ? Ils l’impriment à Marcinelle et ce n’est seulement qu’à 50 kilomètres ! « 

Au Magic Land on ose tout, et on brise les codes en défendant cette liberté de ton et d’expression qui de tout temps fut celle des fous du Roi. Voilà pourquoi le M.L.T., après plus de quarante ans d’existence, en dérange encore certains, alors qu’il génère un sentiment d’amour inconsidéré chez beaucoup d’autres.

Mais revenons-en à la pièce.

Napoléon : Qui est ce ? Ah c’est vous Marie Louise, vous m’avez fait peur ! Marie Louise: Est-ce le manque de lumière, où ai-je à ce point changé que vous ne me reconnaissiez plus ? Napoléon: Rassurez-vous, je n’oublie jamais un visage, même si dans votre cas je serais heureux de faire une exception .

(1815 La Dernière Bataille – Patrick Chaboud)

C’est Philippe Drecq qui campe avec panache le Général Ney, narrateur de la pièce, et c’est le formidable Stéphane Stubbé qui endosse le costume de Napoléon avec le talent qu’on lui connait. Xavier Doyen, quant à lui, se glisse formidablement dans la peau du pittoresque sergent BlanchardChristelle Delbrouck dans celui de Joséphine l’impératrice et d’une cantinière flamande traditionnelle à l’accent à couper au couteau, et Manon Hanseeuw, toujours très à l’aise quand il s »agit de pousser la chansonnette, est impeccable en gouvernante corse et en Marie Louise d’Autriche.

Et puis il y a David Notebaert, idéal pour jouer Cambronne et un grognard à l’accent savoureux qui déclenchera l’hilarité plus d’une fois dans la salle. On ne soulignera jamais assez le potentiel de ce comédien qui, au fil des rôles, s’avère pouvoir se montrer aussi amusant qu’inquiétant. Thomas Linckx (Général Milhaud + un grognard) et Juan Marquez Garcia (Général Peleltier + un grognard) complètent avec bonheur une distribution une fois de plus irréprochable.

Comme à l’accoutumée, les décors et les costumes sont toujours aussi soignés et savamment étudiés pour nous plonger dans une atmosphère propre au propos de la pièce. Bref, une fois encore je vous encourage à courir voir 1815, La Dernière Bataille d’autant plus qu’après ce spectacle l’été arrive, et qu’il vous faudra patienter quelques mois avant de revenir au Magic Land Théâtre pour la prochaine saison.

Car, c’est désormais certain, il y aura bien une saison 2019/2020 au Magic Land Théâtre !

Ah oui, j’allais oublier, vous verriez le groupe ABBA rendre visite à Napoléon lors de la bataille de Waterloo , vous ? Non ? Patrick Chaboud, lui, ça ne lui pose aucun problème…

Jean-Pierre Vanderlinden

1815 LA DERNIERE BATAILLE  du 7 au 12/05/2019 au Magic Land Théâtre

Avec :  Christelle Delbrouck, Philippe Drecq, Manon Hanseeuw, Thomas Linckx, Juan Marquez Garcia, David Notebaert, Stéphane Stubbé et Xavier Doyen

Texte et Mise en scène de Patrick Chaboud

Réservations : https://www.magicland-theatre.com

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