La gazette du BIFFF #6 : délire coloré sur fond de sado masochisme, film à sketches à l’humour noir cinglant et chef-d’oeuvre signé Sam Levinson, le BIFFF surprend et dérange, et c’est tant mieux !

Salut les accros du BIFFF ! Vous qui aimez frémir, trembler, vous agripper à votre siège, le cœur battant et les tempes en sueur tandis que l’hémoglobine coule à flot sur l’écran et que votre héroïne préférée se fait trucider par un psychopathe, ne ratez pas notre rendez-vous (quasi) quotidien de la gazette du BIFFF. Tout, vous saurez tout sur le 37e festival international du film fantastique de Bruxelles. Critiques de films, impressions, anecdotes, coups de coeur et déceptions, par ici m’sieurs dames suivez le guide !

On est dimanche au BIFFF et la programmation ne s’arrête pas pour autant, que du contraire.

Aujourd’hui j’ai jeté mon dévolu sur BRAID de Mitzi Peirone , projeté au Ciné 2.

Synopsis : Fines fleurs de la délinquance juvénile, Tilda et Petula viennent de perdre un joli paquet de drogues en tout genre suite à une descente surprise de la police. Mais, si elles ont réussi à s’échapper au dernier moment, elles savent qu’il y a un grossiste qui va leur tirer une gueule de six pieds de long tandis qu’elles risquent de finir six pieds sous terre. Reste donc à trouver le pognon… Tilda et Petula décident alors de braquer leur amie d’enfance, Daphné, qui vit seule dans un manoir en pleine décrépitude. Le souci, c’est que – si Tilda et Petula ont leur première étoile en criminalité avancée -, Daphné détient, elle, le chamois d’or de la psychopathe sadique. Et quiconque vient faire un petit coucou à Daphné doit respecter ses trois règles : 1) tout le monde doit jouer, 2) aucun étranger n’est autorisé, 3) personne ne part. Voilà voilà : on dépose ça là, et on vous laisse en compagnie des girls….

Braid, sur papier, avait tout du film intéressant et inventif qui donne envie, mais après avoir vu le film on se dit qu’à force d’avoir voulu styliser à mort la réalisatrice s’est perdue et nous a perdu par la même occasion. La forme prend le pas sur le fond et ce long clip décousu colorisé à outrance ne captive qu’à de rares moments le spectateur, et on se demande vraiment à quoi carburait l’équipe pour partir dans des délires pas toujours très heureux. Bref, l’exemple même d’un film qu’on aurait beaucoup voulu aimer et qui, au final, constitue une grosse déception victime d’une surenchère totale d’effets et d’idées bien trop envahissante .

Note: 10/20

Année 2018
Réalisateur Mitzi Peirone
Cast Imogen Waterhouse,
Madeline Brewer,
Sarah Hay,
Scott Cohen
Distributeur Blue Fox Entertainment
Genre horreur, surreal
Audience ENA
Running time 82′
Pays USA
Audio O.V. Anglais
Sous-Titres Français, Néerlandais
Première Première Belge

Toujours au Ciné 2, à 19h la salle est bien remplie pour découvrir 7 REASONS TO RUN AWAY (FROM SOCIETY) film à sketches espagnol réalisé par David Torras, Esteve Soler et Gerard Quinto.

Synopsis : À une époque où l’Union Européenne passe des séances entières à débattre sur la fessée domestique, où les puissants de ce monde débarquent avec 1500 jets à Davos pour causer climat et où un PDG propose tout naturellement de taxer l’eau potable, a-t-on le droit de remettre en cause le normes fondamentales de l’Homme Moderne ? Et comment ! Peut-on annoncer à son enfant devenu adulte qu’il est inutile et non désiré ? Un peu, mon neveu… En télévision, doit-on supporter les rappels culpabilisants d’un Tiers-Monde qui crève la gueule ouverte ? Bien sûr que non : zappons allègrement sur nos divertissements bas du front. Le reste ? Pas notre problème. Et puis, à l’heure du candaulisme et du polyamour décomplexé, doit-on encore s’enchaîner à une monogamie lassante ? Maaaaais non ! Franchement, c’est comme cette sacro-sainte institution du mariage : cette fameuse phrase « Jusqu’à ce que la mort nous sépare », est-ce que ça sonnerait pas comme une menace déguisée ? En tout cas, voici sept raisons en béton pour fuir cette société moralement paumée…

Si 7 Reasons… commence en force avec un premier sketch d’une noirceur incroyable et totalement jubilatoire, il rencontre ensuite le problème de ce genre de film , l’inégalité dans les histoires proposées. Sur les sept histoires proposées, quatre sont réellement au dessus du lot et durant les autres on assiste passivement à des saynètes nettement moins captivantes. Ceci dit, il faut reconnaître le talent des réalisateurs pour tacler tous les travers d’une société dysfonctionnelle en convoquant un casting irréprochable dans lequel on retrouve le gratin du cinéma ibérique avec Sergi Lopez, Lola Duenas, Emma Suarez, Francesc Ornella. Sympa, mais inégal !

Note : 11,5/20

Année 2019
Réalisateur David Torras, Esteve Soler, Gerard Quinto
Cast Alain Hernández,
Alex Brendemühl,
Emma Suárez,
Francesc Orella,
Lola Dueñas,
Sergi Lopez
Distributeur Filmax intl
Genre black comedy
Audience ENA
Running time 75′
Pays Espagne
Audio O.V. Catalan, O.V. Espagnol
Sous-Titres Anglais, Français, Néerlandais
Première Première Européenne

C’est au Ciné 1 que mon marathon de films se poursuit avec ASSASSINATION NATION de Sam Levinson, le fiston de Barry.

Abra, Odessa Young, Hari Nef and Suki Waterhouse appear in Assassination Nation by Sam Levinson, an official selection of the Midnight program at the 2018 Sundance Film festival. Courtesy of Sundance Institute.

Synopsis : Salem, de nos jours. Lily et ses copines sont quatre lycéennes comme les autres, c’est-à-dire collées en permanence sur leurs comptes Instagram, Snapchat, Twitter, Facebook, Tinder, WhatsApp, WeChat, Skype et Linkedin (non, on déconne). Elles passent le plus clair de leur temps à causer de mecs, de sorties et s’envoient une tripatouillée de photos qui feraient le bonheur des toilettes de garagistes. Bref, la life, quoi… Mais, un jour, un mystérieux hacker décide de tourner en ridicule le maire homophobe de la ville en dévoilant des photos de ce dernier en train de mettre sa langue et d’autres choses dans la bouche d’hommes inconnus. Une humiliation qui amènera le maire à se faire sauter le caisson en direct à la télévision. Et ce fait isolé deviendra très vite viral lorsque les 17.000 habitants de Salem se retrouveront victimes du pirate informatique. Le gros souci, c’est que le 21e siècle est le bal des faux-culs permanents, et certaines vérités explosives vont très vite mettre à feu le tissu social de la ville, plongée dans une soudaine guérilla urbaine où, désormais, tous les coups sont permis….

En voilà une bonne surprise ! Ce film coup de poing passionne de bout en bout avec un scénario intelligent, une superbe photographie et des acteurs impeccables. Il faut dire que dans la famille Levinson, on sait ce que réaliser un film veut dire ! Au temps d’une génération hyperconnectée et du conflit auquel elle doit faire face avec un patriarcat rétrograde et puritain aux USA, il fallait un film qui dénonce ces dérives et nous en mette plein la tronche. Que se passerait il si nos ordinateurs et nos téléphones portables étaient hackés et que notre vie privée se trouvait livrée en pâture au public ?

Au milieu d’un chaos perturbant, Suzy, Sarah, Bex et Em devront faire fasse à une population devenue hystérique et prête à commettre l’irréparable. Totalement transgressif, le film de Levinson nous renvoie à la relation addictive etfusionnelle que nous avons avec nos écrans et n’épargne personne, se permettant toutes les outrances, flinguant au passage toutes les classes de la société.

Odessa Young est parfaite ainsi que ses copines d’écran elles aussi toutes aussi talentueuses. Assassination Nation est un grand grand film dont la chute finale étonnante vous hantera longtemps encore. Génial !

Note: 18,5/20

Année 2018
Réalisateur Sam Levinson
Cast Abra,
Bella Thorne,
Bill Skarsgård,
Hari Nef,
Joel McHale,
Maude Apatow,
Odessa Young,
Suki Waterhouse
Distributeur Park Circus
Genre action, black comedy, crime
Audience ENA
Running time 93′
Pays USA
Audio O.V. Anglais
Sous-Titres Français, Néerlandais
Première Première Belge

Voilà la première semaine du festival s’achève, rendez vous très bientôt ici dans ces colonnes pour une prochaine gazette du BIFFF !

Jean-Pierre Vanderlinden

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