Et si, pour prétendre à l’immortalité, il fallait perdre son libre arbitre et son âme ? Que pèserait cette découverte sur l’humanité: 21gr ?
La technologie censée être à notre service nous transforme en zombie décérébré. Pour diminuer le coût de la main d’oeuvre, on utilise nos cadavres pour les plus basses besognes. La créature de Frankenstein n’est peut-être pas son « Monstre » mais bien celui de l’humanité.
Résumé: Voici le récit des héritiers des Dr.Frankenstein… À la fin du XIXe siècle, une technologie révolutionnaire permettant la vie se répand dans le monde entier. John Watson, jeune étudiant en médecine, est contraint d’entrer au service de la couronne britannique pour échapper aux travaux forcés. Il part alors pour la lointaine Asie dans l’espoir de redonner l’âme et la parole à son ami…
Ce shonen est tiré du dernier roman de Toh Enjoe et Satoshi Itoh, il a été publié en 2012 à titre posthume après le décès de ce dernier. Il a été également adapté en anime.
Satoshi Itoh, né en 1974 à Tokyo et mort en 2009, était un auteur japonais de romans et d’essais de science-fiction. Il a été récompensé de deux prix Nihon SF Taisho et du prix Seiun ainsi que d’une nomination spéciale au prix Phillip K. Dick, pour deux romans: Genocidal Organ et The Empire of Corpses.
Le jeune Watson partage des études de médecine avec son ami « Vendredi ». Suite à une maladie incurable, celui-ci décède et Watson le transforme en nécromate.Cette technique employée par le Dr Frankenstein pour créer sa créature, a permis à l’humanité d’exploiter des cadavres pour travailler dans les usines ou pour faire la guerre. Cette main d’oeuvre bon marché appauvrit les nations et provoque une guerre technologique pour avoir les nécromates les plus évolués. Mais Watson, forcé à collaborer avec une société plus ou moins secrète, n’a pour but que de trouvé le journal de Victor Frankenstein pour lier une âme au corps de son ami. S’ensuit alors une folle course poursuite à travers le monde pour le trouver.
Le mythe de Mary Shelley est ici adapté de manière magistrale. Outre son aspect romanesque, il nous interpelle sur l’usage de la technologie et de la science. À quel moment doit-on s’arrêter?Watson veut à tel point redonner vie à son ami qu’il enfreint toutes les règles de déontologie et d’éthique. Le processus du Dr Frankenstein, pour changer la chair morte en humanoïde semi- mécanique, n’a plus qu’un but mercantile. Ce roman nous montre d’une certaine manière, notre « attachement » volontaire ou pas aux technologies. Et, sous certains aspects, nous sommes tous à l’instar de « The One », un peu reliés à des machines.
L’aspect esthétique de la bande dessinée est très soigné et les scènes de combats sont très réussies. La qualité du trait est constante, ce qui procure une belle fluidité de lecture. Le mouvement bien restitué également.
Dans l’ensemble, cette oeuvre est très réussie et nous fait pas mal réfléchir. On est sur une belle revisite et on se plait à voyager avec ces personnages légendaires. J’ai hâte de lire les deux derniers tomes de ce manga au charme victorien et à la technologie futuriste. De plus le travail des couleurs sur la couverture est incroyable. L’aura froide et chaude des deux protagonistes nous invites à « dévorer » le manga.