Quand le manga se transcende pour nous remettre en question sur les différences entre les hommes ou avec la nature : « l’autre » c’est nous…mais pas seulement.

L’autre, femme ou homme, de la même espèce que moi, et pourtant différent, comment le regarder ? Comment me comporter face à lui ?

Si je vois en lui un ennemi qui me menace, qui me fait peur, je ne songe qu’à me défendre contre lui, et pour mieux me défendre, à l’attaquer. C’est cela le racisme.

Si je vois en lui un obstacle qui gêne ma progression, je ne cherche qu’à le dépasser, à l’éliminer. C’est cela la compétition qui transforme la vie de chacun en une suite de batailles parfois gagnées, en guerre toujours perdue.

Pour être réaliste, je dois voir en l’autre une source qui contribuera à ma propre construction. Car je suis les liens que je tisse ; me priver d’échanges c’est m’appauvrir. Le comprendre c’est participer à l’Humanitude.

La poésie est le plus mystérieux et parfois le plus efficace moyen d’échange. Les poèmes sont des sources convergentes apportant au lecteur la douceur de l’eau et la violence du torrent.

(Albert Jacquard)

Résumé: Le don mystérieux d’une jeune fille peut-il changer le destin du royaume? Elin mène une vie tranquille aux côtés de sa mère dans un village qui a pour mission d’élever des Tôda, des dragons-serpents de combat utilisés pour la protection du royaume. Mais Soyon, brillante soigneuse de ces dangereuses créatures, empêche sa fille de les approcher malgré sa fascination pour elles… Jusqu’au jour où un drame va bouleverser leur vie et le destin tissera un lien inéluctable entre Elin et les bêtes sacrées!

© Nahoko Ueashi/Itoe Takemoto chez Pika

Ce manga shonen est l’adaptation d’une oeuvre de Nahoko Uehashi qui en est également la scénariste. Cette femme de lettres japonaise, auteure de littérature d’enfance et de jeunesse est enseignante à l’université de Tokyo en ethnologie. Le dessin revient a Itoe Takemoto, Japonaise également.

© Nahoko Ueashi/Itoe Takemoto chez Pika

Elin vit avec sa mère Soyon dans un village assurant la survie et l’éducation de dragons en captivité pour le Royaume de Ryoza. Elle et sa mère sont considérées comme des parias car elles sont originaires d’une petite ethnie qu’on dit proche de la sorcellerie. Soyon, soigneuse au pouvoir particulier, a transmis à sa fille son don mais également sa fascination pour les bêtes légendaires. Un événement tragique va survenir et séparer cette touchante famille. Ainsi éloignée de l’amour de sa mère et de sa patrie, Elin va devoir survivre dans un environnement qu’elle ne connait pas et cacher ce don si particulier.

© Nahoko Ueashi/Itoe Takemoto chez Pika

J’ai énormément de superlatifs qui me viennent à l’esprit, mais je pense que « éminemment touchant » en est le plus représentatif. Commençons par l’aspect graphique: Itoe Takemoto a fait une merveille. La poésie et les sentiments transpirent littéralement de chaque case. La justesse des émotions qui se lisent sur les visages est troublante. Les paysages empreints de nostalgie et de grâce sont époustouflants. Le dessin est rigoureux sur l’ensemble de l’ouvrage.

© Nahoko Ueashi/Itoe Takemoto chez Pika

En ce qui concerne le scénario, il est à la hauteur du dessin. Touchant et dérangeant. L’acharnement à reporter la faute sur une minorité dite « différente » fait l’écho de ce qu’il se passe dans le monde. Malgré l’implication de cette maman au sein de son village, elle sera toujours comme sa fille: « l’autre », « celle a qui ne pas faire confiance ». Et c’est très interpellant. Le thème de « l’étranger » n’est pas le seul abordé dans ce manga. La préservation de la faune et de la flore y a une place importante. Les conditions de détention de ces animaux extraordinaires dans le but d’en faire des armes sont intolérables. Les valeurs propres aux shonens telles que la volonté, l’amitié et l’abnégation y sont bien représentées et nous montrent la force de caractère de notre jeune héroïne.

© Nahoko Ueashi/Itoe Takemoto chez Pika

Ce manga empreint de poésie m’a vraiment procuré beaucoup de plaisir grâce à sa poésie, la compassion et au charme qu’il dégage. J’ai hâte de lire la suite de cette aventure humaine qui prône de réelles valeurs (le tome 2 sort le 20 mars). Merci aux éditions Pika, pour le travail soigné ainsi que pour les choix des couleurs et la calligraphie de le page de garde. De l’or pour les lecteurs.

Série : Elin – La charmeuse de bête

Tome : 1

Scénario  : Nakoho Uehashi

Dessin : Itoe Takemoto

Noir et blanc

Traduction : Bonavita Emmanuel

Genre: Drame, Fantastique, Shojo

Éditeur: Pika

Nbre de pages: 192

Prix: 8,20€

Date de sortie: le 23/01/2019

Extraits : 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.