Allez hop, on laisse la Formule 1 aux « petits joueurs » et on se replonge dans les incroyables aventures à plein pot qui ont soumis à rudes épreuves de vitesse le lac salé, du côté de Bonneville. Avec 1968 comme date-clé, Marvano et Bérengère Marquebreucq bouclent leur diptyque dans les odeurs d’essence et de poudre, sous des ciels fabuleux et des couchers de soleil qui auraient dû refréner les ardeurs motorisées des fous du volant qui, à vouloir courir plus vite que la lumière, se sont parfois brisé les ailes comme Icare.
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Résumé de l’éditeur : La petite Zeldine grandit dans un monde en constante accélération. La compétition sur le désert de sel de Bonneville bat en effet son plein. Si bien que, sur le seul mois d’octobre 1964, le record de vitesse a été battu cinq fois par des jetcars construits par des amateurs et fonçant maintenant à plus de 900 km/h. Mais personne ne peut aller plus vite que la vie ou que la maladie. Or, la jeune fille a des comptes à régler avec les fantômes du passé.

Parfois, il y a des suites de série qui font oublier l’amertume laissée par un premier tome pour être amené à revoir son avis. C’est le cas avec Bonneville dont l’aspect plus « livre illustré » que « BD » nous avait un peu déstabilisés et fait chuter dans cette course qui avait paru un peu molle du genou, en manque de virage et de vertige malgré la si belle reconstitution, plus vraie que nature, de Marvano. Ce deuxième album, qui conclut la belle aventure héroïque autant que dangereuse, ne se distancie pas vraiment de la forme du premier mais appuie un peu plus cet exercice hybride entre illustrations commentées et découpage cinématographique, le tout au format BD et propulsant à merveille les couleurs tellement vraies de Bérengère Marquebreucq. Et cette fois, comme l’effet de surprise (désagréable) est passé, on se prend au jeu avec bien plus de plaisir et de sensation, au volant de cette parenthèse incroyable à bord de ces bolides étonnants et détonants.

Situant l’époque quasi steampunk à l’aide de références culturelles, il n’est pas bien difficile de se projeter dans le regard et l’ébahissement secoué et décoiffé de Zeldine, cette petite fille qui voit passer les monstres contre-la-montre, ces incroyables carrosseries bien décidées à exploser les records dans ce concours mano-a-mano (et Marvano) et pourtant par coursiers interposés. Zeldine qui va prendre son destin par le volant et prêter le flanc au grand frisson.

Dans des atmosphères un peu plus psychédéliques, comme la couverture l’indique, Marvano passionne et raconte une histoire tellement à hauteur d’hommes qu’elle les dépasse, pour atteindre le firmament ou s’écraser sur le plancher des vaches. L’amour du risque non-maîtrisé servi par des gueules, des géniales mécaniques et un héroïsme noble, à l’abri d’un monde aux actualités mortifères déjà en ce temps-là, qui n’a plus cours que dans de rares exceptions à notre époque. En fait, cette duologie aurait du être rassemblée en un one-shot !
Titre : Bonneville
Tome : 1/2 – Quatre zéro sept !
D’après le manuscrit de Zeldine Johnson
Scénario et dessin : Marvano
Couleurs : Bérengère Marquebreucq
Traduction : Monique Nagielkopf
Genre : Historique, Sport moteur, Aventure
Éditeur : Dargaud
Nbre de pages : 48
Prix : 13,99€
Date de sortie : le 28/09/2018
Extraits :