Des couvertures qui se ressemblent et s’assemblent #1 pour faire la part belle au courage et à la révolte des femmes : qu’elle soit Dolma du Tibet ou Phoolan Devi d’Inde

Dans le panorama de livres que peuvent proposer une rentrée littéraire et la publication de dizaines d’albums de bande dessinée par semaine, les couvertures doivent se diversifier, jouer sur les tons et les formes, parfois se laisser avoir par les modes ou briller d’une imagination folle. Puis, parfois, certaines se rejoignent, se recoupent dans ce qu’elles laissent entrevoir de l’histoire, cette partie immergée de l’iceberg. Pourquoi choisir quand on peut comparer deux styles, deux récits qui forcément s’échappent de la même porte d’entrée par laquelle on est arrivés. Premier épisode avec deux destins de femmes aux caractères bien trempés, que ce soit au Tibet avec Dolma ou en Inde avec Phoolan Devi.

© Claire Fauvel (ex-libris pour Storybulle)
© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

La farce des hommes-foudre (Concours en prime)

Résumé de l’éditeur : Printemps 1959, Albertus, un jeune Européen venu au Népal avec un groupe d’amis, y croise Dolma, une jeune Tibétaine farouche et énigmatique. Cette rencontre le conduit malgré lui au Tibet, auprès des guerriers Khampas. Ces cavaliers nomades, surnommés les Hommes-Foudre par les Tibétains, mènent une guérilla contre l’armée chinoise, aidés secrètement par la CIA, et préparent une opération des plus sensibles…

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

La réalité dépasse souvent la fiction et c’est encore plus le cas dans les récits où l’espionnage se mêle aux comptes-rendus façon Hunther S. Thompson. Commençons par le début, la couverture. Dans un nuage de poussière soulevé par un cheval déterminé et chevauché par une équilibriste bien armée, Loïc Verdier plante le décor, avec un trait rappelant un peu le Conrad des Innommables, surplombant l’action d’un sommet inatteignable et plongeant l’héroïne et son destrier dans une sorte de canyon, encerclé d’ombres tout aussi guerrières. Une bonne entrée en matière, un contexte explosif et une grande bouffée d’aventure. Ça a de quoi plaire.

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

D’autant que l’histoire inspirée de faits réels que nous racontent (dans leur vrai premier album) Matthieu Alexandre, au scénario; Loïc Verdier, au scénario et au dessin, et Nicolas Vilet, aux couleurs, aime à opposer deux mondes dont la collision va être aussi dingue que périlleuse. Beatnick dans toute sa splendeur, Albertus pensait sans doute continuer à profiter de ses vacances népalaises embrumées dans les nuits trop courtes et les fumées d’un calumet bizarre. Pas de chance, il va être poussé par le hasard qui fait bien les choses (et les dynamite) dans les bras de l’Histoire tibétaine, entre rêve et réalité, pressé de retrouver la trace d’une envoûtante autant que dangereuse indigène.

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

De quoi mettre notre aventurier qui s’ignorait dans de sales draps, dans les pattes de résistants tibétains méfiants et facétieux et face à un imbroglio mêlant quelques-unes des plus grandes puissances du monde de 1959. Comme si tout ça ne suffisait pas, une grosse opération secrète se prépare.

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

Complétée par un dossier documentaire richement illustré, dans lequel on sent tout l’investissement des auteurs dans ce qu’ils voulaient raconter, cette histoire est aussi insaisissable que ces valeureux Khampas. On sent la précision et le regard du grand voyageur qu’est Loïc Verdier mais aussi celle du photographe (Matthieu Alexandre) mais aussi l’envie de ne pas nager dans l’horreur d’un pays continuellement massacré et sacrifié sous les yeux des puissants qui s’en régalent. Ici, c’est l’humour qui est gagnant, la farce, pour donner la force à nos guerriers d’un autre temps (face à des armes occidentales qui ne laissent que peu de chances) de combattre et d’entrevoir une issue favorable. Il y a de la générosité dans le dessin de Verdier, la fougue des insoumis épris d’une liberté qu’aucun enjeu ne pourra juguler.

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

La farce des hommes-foudre, c’est un western, l’extrapolation de ces récits d’Indiens face aux cowboys… si ce n’est que cette fois, ce sont les cowboys qui encerclent nos Indiens tibétains. De toutes parts mais pas encore assez que pour les faire plier. Voilà un album cocasse, divertissant, mais parfois un rien difficile à suivre. Dolma en passe d’ailleurs finalement au second plan, là où on aurait voulu encore plus s’y accrocher. Il faut s’accrocher, d’ailleurs, mais ça vaut le coup, ça ouvre les yeux.

© Alexandre/Verdier/Vilet chez Casterman

Comme on est sympa, on vous offre un exemplaire de ce trépidant album !

Pour ce faire : 

  1. Likez les pages Facebook de Branchés Culture et de Casterman
  2. Likez et partagez cet article/post en mode public
  3. Dites-nous en commentaire : Quelle est pour vous votre héroïne phare, ayant réellement existé. Et pourquoi ?
  4. Fin du concours, le 06/12/2018 (devinez pourquoi, si vous avez été des enfants sages). Bonne chance à tous 😀 (Concours ouvert à la Belgique et à la France)

Phoolan Devi, Reine des bandits

© Claire Fauvel chez Casterman

Résumé de l’éditeur : Tout prédestinait Phoolan Devi à la trajectoire flamboyante qu’elle s’est choisie. Née en 1963 au Nord de l’Inde et issue d’une très basse caste, elle est dès l’enfance confrontée à la pauvreté, à la violence et à l’injustice. Mariée de force à 11 ans, violée et séquestrée pendant des mois avant que ses parents ne la récupèrent, elle devient la paria de son village et doit son salut à un gang de bandits. À partir de ce moment, elle n’aura de cesse de lutter contre l’injustice et protéger les plus faibles.

© Claire Fauvel chez Casterman

Loin des yeux de l’Occident, on redescend des cimes pour arriver dans la poussière de l’Inde avec le destin exceptionnel et là aussi guidé par le courage et la témérité de Phoolan Devi. Cette combattante déterminée, les jambes écartées, un bandeau vissé sur ses cheveux noirs et le fusil dans le dos prêt à être dégainé. Tandis que tout le prestige d’une cité dans le désert reflète la grandeur de l’Inde mais aussi sa décadence.

© Claire Fauvel chez Casterman

Après la Guerre de Catherine, Claire Fauvel change de latitudes mais trouve encore un destin de femme exceptionnelle. Une femme brisée par sa condition de départ et, plus tard, par l’abjection d’un monde d’hommes qui règnent sans partage sur l’avenir des femmes intouchables (ou presque) mais qui trouvera un brut et un combat qui la dépasse largement.

© Claire Fauvel chez Casterman

Phoolan Devi, c’est une histoire glaçante, impardonnable au XXe siècle (encore plus au XXIe) et comme il y en a tant… pourtant. Sans concession. Parce que si Phoolan Devi, devenue députée, a été assassinée en 2001, elle est morte quelques fois auparavant et a eu mille vies, mûries par l’esprit de vengeance mais aussi l’intime espoir de changer les choses, de retourner les castes sur elles-mêmes.

© Claire Fauvel chez Casterman

Dans cette histoire d’aventure, où la confiance ne va pas sans son pendant, la trahison, Claire Fauvel manie un dessin encore plus imprégné que lors de ses précédents voyages graphiques. Dans les couleurs, dans la reconstitution de cet acte de bravoure, il est fascinant de voir le pouvoir et le leadership de cette combattante transcender les pages et nous envahir. Son combat, c’est désormais le nôtre. Vibrant.

© Claire Fauvel chez Casterman

Titre : La farce des hommes-foudre

Récit complet

Scénario : Matthieu Alexandre et Loïc Verdier

Dessin : Loïc Verdier

Couleurs : Nicolas Vilet

Genre : Aventure, Histoire, Initiatique

Éditeur : Casterman

Nbre de pages : 152

Prix : 22€

Date de sortie : le 29/08/2018

Extraits :

 

Titre : Phoolan Devi, reine des bandits

Récit complet

Scénario, dessin et couleurs : Claire Fauvel

Genre : Aventure, Biographie, Drame

Éditeur : Casterman

Nbre de pages : 224

Prix : 22€

Date de sortie : le 22/08/2018

Extraits : 

Un commentaire

  1. Mon héroïne car j’aime les histoires avec les indiens est et à toujours été : Sacagawea, née aux alentours de 1788 en Idaho et morte en 1812 au Dakota du Sud à l’âge de 24 ans environ, est une Amérindienne issue de la tribu des Shoshones. Les mystères qui l’entourent sont si nombreux que même son nom demeure incertain : Sacagawea, Sacajawea ou encore Sakakawea (« femme oiseau » en Hidatsa)1.

    On ne connaît que très peu sa vie avant l’expédition Lewis et Clark à laquelle elle a pris part, et ce qu’elle en a dit à ces derniers. On sait qu’elle est enlevée à l’âge de 12 ans par les Hidatsas (Gros Ventres ou Big Bellies) avec qui elle vit assez peu de temps puisqu’elle aurait été gagnée à un jeu de hasard par Toussaint Charbonneaub, un trappeur canadien-français qui l’épouse. Elle devient à l’âge de 16 ans l’interprète et la guide de l’expédition de Lewis et Clark.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.