Soirée dinosaures de l’histoire du rock à La Madeleine, mercredi dernier, où les fans de hard rock s’étaient donnés rendez vous pour le concert très attendu d’Uriah Heep. Une bien belle affiche rehaussée en première partie par la présence des vétérans de The Zombies.
Uriah Heep n’est rien d’autre qu’une des légendes vivantes de l’histoire du rock, qui souffle aujourd’hui ses cinquante bougies, et continue à sillonner régulièrement les routes pour aller à la rencontre de ses nombreux fans. Avec des groupes comme Led Zeppelin, Black Sabbath et Deep Purple, le Heep fait partie des fondateurs de la forme britannique du heavy metal. Leur album « Very Heavy, Very Humble », à la pochette emblématique, est encore considéré aujourd’hui comme une référence du genre.

Durant cinq décennies, le groupe a survécu aux modes et a surmonté brillamment les départs de certains de ses membres comme David Byron en 1976 (le premier chanteur); de Gary Thain son bassiste, électrocuté sur scène et mort quelques temps plus tard d’une overdose; de Ken Hensley son charismatique claviériste et plus récemment de Lee Kerslake, son batteur original. Seul Mick Box, guitariste légendaire et fondateur du band, reste fidèle au poste depuis les débuts, entouré aujourd’hui de Bernie Shaw au chant (depuis 1986) de Phil Lanzon aux claviers, de Russell Gilbrook à la batterie et de Davey Rimmer à la basse. Une formation exceptionnelle prête à en découdre comme aux premières heures !

Mais revenons-en au concert de La Madeleine.
La soirée débute avec une première partie bien agréable en compagnie des Zombies de Rod Argent (chant et claviers) et Colin Blunstone (chant) qui avec leurs classiques intemporels teintés sixties comme « She’s Not There », « Time of The Season », « Old and Wise (Alan Parson’s Project) ou « Hold Your Head Up » (Argent) enchantent les plus grisonnants des spectateurs replongés tout à coup à l’époque de leur jeunesse. Un beau moment de nostalgie.

Mais lorsqu’Uriah Heep déboule sur scène, on grimpe encore dans une autre catégorie et un frisson nous parcoure l’échine, tant le son colossal du groupe n’a pas changé. La guitare de Mick Box, qui croise le fer avec les claviers de Phil Lanzon au prix de duels d’anthologie tandis que la section rythmique vous vrille les tripes, est une expérience jouissive dont on ne se lasse pas. Et si vous rajoutez à ça un chanteur exceptionnel de la trempe de Bernie Shaw dont la voix virevolte toujours dans les hautes sphères avec autant d’aisance, vous vous dites que vous êtes face à une solide machine de guerre.

Les titres du dernier album Living The Dream comme « Rocks in The Road », « Living The Dream » ou « Knocking at my Door » passent fort bien l’épreuve du live et, bien évidemment, tout au long du set, le groupe enchaîne ses classiques à la grande joie des fans.

Quel bonheur de réentendre des morceaux mythiques comme « Gipsy » et son solo d’orgue incroyable, « Look at Yourself », « Lady in Black », « Sunrise », « Return to Fantasy » et l’incomparable « July Morning » qui nous bouleverse à chaque écoute.

N’ayons pas peur des mots, Uriah Heep nous a offert ce soir-là une énorme prestation devant un public aux anges, rien de moins. Et c’est avec un « Easy Livin' » à faire se réveiller les morts que le groupe a pris définitivement congé sous les vivats du public.

Quel concert ! Quel band ! Comme quoi le vieil adage dit vrai, c’est bien dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes !
Jean-Pierre Vanderlinden