Une Education de Rita fort académique à la Comédie Claude Volter

Pour sa seconde pièce présentée cette saison, La Comédie Claude Volter nous propose L’Education de Rita, de Willy Russell, avec Michel de Warzee et Stéphanie Moriau. Un duo de comédiens chevronnés qui, étonnamment, brillent moins qu’à l’habitude dans ce face-à-face mis en scène par Michel Wright. Et ce n’est pourtant pas faute de talent.

© Comédie Claude Volter

Rita, jeune coiffeuse a décidé de changer. Pas seulement de tête ni de mise en pli mais surtout de vie ! Changer de l’intérieur. Elle veut apprendre, elle veut étudier, se cultiver. À l’Université pour tous, elle suit les cours de Franck, professeur de littérature rongé par les échecs et l’alcool et pas du tout disposé à prendre en charge l’éducation de Rita. Avec une volonté inépuisable et un culot désarmant, elle débroussaille peu à peu son ignorance, se taille une culture sur mesure, jusqu’à affiner sa pensée et, finalement, se trouver. Mais sera-t-elle la seule à changer ? Son ascension intellectuelle n’est pas au goût du maître….  (source : Comédie Claude Volter)

Alors que le film tiré de la pièce de théâtre réalisé par Lewis Gilbert en 1983 et interprété par Michael Caine et Maureen Lipman m’avait laissé un excellent souvenir, revoir la pièce au théâtre ne m’a guère enthousiasmé. Inspirée du Pygmalion de George Bernard Shaw, l’histoire nous fait assister, sur une année académique, à l’évolution de deux personnages diamétralement opposés, le professeur et son élève. Rita abandonne petit à petit son ignorance et se taille une culture sur mesure, tandis que son maître ne voit pas son évolution du meilleur oeil.

© Comédie Claude Volter

Traité sur le ton de la comédie, ce choc des classes sociales constitué par la rencontre entre un intellectuel blasé et élitiste et une jeune femme simple en quête de savoir, reste tendre de bout en bout et nous fait parfois sourire, mais manque aussi cruellement de rythme, en grosse partie en raison d’une mise en scène à l’ancienne beaucoup trop académique. L’unité de temps et de lieu (tout se passe dans le bureau de Franck) n’aide pas non plus à aérer le propos.

Le spectateur se trouve plongé durant les deux heures que dure la pièce au coeur d’ un long échange de discussions entre les deux personnages et, même s’il traite d’un sujet intemporel et comporte quelques répliques succulentes, il faut bien reconnaître que le texte a sensiblement vieilli. Alors, malgré tout le talent des comédiens qui nous avaient enchanté la saison dernière (notamment dans le formidable Meilleurs Alliés pour Michel de Warzee qui y campait un Churchill plus vrai que nature et dans ElvireStéphanie Moriau se montrait réellement bouleversante), le temps nous semble souvent bien long, la chaleur étouffante régnant dans la salle n’arrangeant pas les choses.

© Comédie Claude Volter

Personnellement, j’aurais aimé plus de fantaisie, une relecture plus dynamique d’un texte pourtant déjà remanié par l’auteur mais qui, aujourd’hui, à l’image des costumes ternes portés par les comédiens et d’un décor un peu vieillot rappelant les grandes heures du théâtre de papa, ne m’a jamais emporté. Ceci dit, une critique étant toujours subjective, je vous invite néanmoins à vous faire votre propre opinion en allant voir L’Education de Rita à la Comédie Claude Volter jusqu’au dimanche 28 octobre. L’avis de l’un n’est pas toujours l’avis de l’autre.

Et comme me disait dernièrement un ami comédien citant Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur. »

Jean-Pierre Vanderlinden

L’EDUCATION DE RITA

Willy RUSSELL

TraductionCatherine Marcangeli

Avec : Stéphanie MORIAU et Michel de WARZEE
Mise en scène : Michel WRIGHT

DécorYann BITTNER

Régie & Éclairages : Bruno SMIT

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