Finnegan Oldfield, le Friend du FIFF : « Si j’ai encore la chance d’être nominé aux Césars, je devrai remettre le paquet, être plus percutant encore »

Incontournable depuis quelques années, Finnegan Oldfield s’impose peu à peu à la fois comme une gueule de cinéma et un enfant terrible. Entre courts-métrages brillants, films percutants et César manqué, il n’a rien perdu de son autodérision. De passage à Namur pour le Festival International du Film Francophone, nous avons eu l’immense chance de le rencontrer pour une interview.

Finnegan Oldfield @FIFF 2018 - Fabian Rigaux (1)
Fabian Rigaux

Finnegan Oldfield, bienvenue au Festival International du Film Francophone de Namur. On a déjà eu l’occasion de te voir plusieurs fois à l’écran au festival, mais c’est pourtant la première fois que tu viens nous voir.

C’est ce que j’ai appris, en effet. Il y a pas mal de films qui ont été présentés ici donc c’est chouette d’arriver en terrain à moitié conquis. Après, je n’ai jamais été là aux projections donc si ça tombe, les gens ont hué les films.

Rassure-toi, tes films n’ont jamais été hués. Il y a eu un film présenté ici il y a quelque temps, assez ovniesque, « Ni le ciel ni la terre ».

« Ni le ciel ni la terre » est un très beau film qui n’a hélas pas su trouver son public sur le moment. C’est dommage, mais on s’en fiche un peu parce que je pense que plein de gens biens l’ont vu et apprécié ; c’est ça qu’il faut retenir. C’était une belle expérience avec un réalisateur super intéressant.

Et un collègue acteur qu’on connaît bien par ici : Jérémie Rénier. Tu as aussi joué dans des films belges, avec François Damiens notamment, quel est ton rapport au cinéma belge.

Alors en fait, j’ai deux de mes meilleurs potes qui sont des acteurs belges ; il y a Yoann Zimmer et Egon di Mateo. Ils arrivent en ville cette après-midi, ce ne sont pas des tristes, et encore moins des tendres ! Surtout Yoan Zimmer qui est originaire d’ici. En fait, on s’est rencontré sur un court-métrage, à un moment où j’acceptais n’importe quel court-métrage pour vu qu’il se tourne en Belgique… même si le scénario était pourri. C’est vraiment un pays que j’adore et ce n’est pas pour faire fayot ! On s’est rencontré avec Yoann et Egon et je me suis dit que j’avais vraiment envie de me faire des potes belges, de vrais potes. Du coup, ça s’est fait sur un tournage. J’ai l’impression que la méthodologie du travail est différente ici. J’ai l’impression qu’il y a un vivier de talents et de très bonnes écoles. C’est dommage de comparer mais moi ça me semble différent et mieux qu’à Paris.

Finnegan Oldfield @FIFF 2018 - Fabian Rigaux (1)
Fabian Rigaux

Ta filmographie a quelques courts-métrages à son actif et maintenant te voilà dans un jury courts-métrages. C’est vrai que le format court est un format à part du cinéma, souvent décloisonné et osant plus de choses.

Je pense que ça reste relativement la même chose dans le sens où il faut évidemment une bonne mise en scène, une bonne trame, une bonne réalisation, bref toutes les qualités d’un bon long-métrage. Mais c’est aussi un exercice plutôt compliqué: arriver à tenir quelque chose et raconter une histoire en un minimum de temps, c’est vraiment périlleux. Je pense que le court-métrage est aussi un bon moyen d’apprendre à s’exprimer et de tenter des choses qu’on ne tenterait pas forcément sur un long-métrage. C’est bête mais ça permet de faire plus de conneries et de se sentir libre et léger. Comme on n’a pas des millions sur le dos, on peut faire relativement ce que l’on veut !

Après, on s’entend, il faut toujours s’appliquer sans faire n’importe quoi. De mon expérience, je trouve qu’il y a toujours une ambiance beaucoup plus familiale et conviviale sur les tournages des courts-métrages et ça m’a toujours bien parlé. En plus, ça donne l’occasion aussi à des comédiens plus novices de tourner et de faire leurs preuves. C’est un format que j’aime beaucoup !

C’est marrant parce que dans mon cas, c’est un court-métrage qui m’a le plus mis en avant. J’avais déjà fait plusieurs longs et je tournais pas mal autour du pot depuis quelque temps. J’ai tourné dans un court-métrage qui s’appelle « Ce n’est pas un film de cow-boys » et c’est ça m’a propulsé. Comme quoi, il ne faut pas cracher dans la soupe et encore moins dans les courts-métrages.

Des comédiens et des réalisateurs aussi. Pas mal de réalisateurs font un passage obligé par le court-métrage avant de passer au long. On a vraiment l’impression que c’est un peu un immense terrain d’expérimentation.

Carrément ! C’est autant formateur pour un acteur qu’un réalisateur.

Est-ce que toi tu aurais des envies de passer derrière la caméra ? Pour un court ou pour un long d’ailleurs…

À mort ! J’essaye d’ailleurs d’écrire des choses mais le fait est que j’ai plutôt du mal à m’y mettre. C’est une méthodologie que je n’ai pas encore. Mais réaliser ça me plairait énormément. De plus en plus, quand je suis sur les plateaux, je suis un peu frustré. Je vois des choses et je me dis que j’aurais aimé faire ça autrement, que j’aurais peut-être tenté autre chose. C’est aussi la volonté de travailler avec des gens, de diriger des acteurs…

Bon, je sais que je ne suis pas le seul à vouloir faire ça. Je me dis que le court-métrage est un bon moyen de mettre le pied à l’étrier, mais c’est compliqué aussi parce qu’il y a tellement d’histoires que j’aimerais raconter. Et puis comment faire pour les raconter en dix minutes ?

Finnegan Oldfield @FIFF 2018 - Fabian Rigaux (5)
Fabian Rigaux

Toi, tu as des origines britanniques. C’est vrai qu’il y a un monde entre le cinéma français et le cinéma anglo-saxon. On a un peu l’impression que le cinéma français a encore beaucoup de mal à s’affranchir des genres là où dès qu’on tourne en anglais tout est possible. On voit régulièrement des réalisateurs français qui s’en vont produire des films aux États-Unis ou au Canada juste pour pouvoir faire un film d’horreur par exemple. Quel est ton regard d’acteur par rapport à ça ? 

C’est vrai… J’ai l’impression qu’il y a un marché ultra-évolutif qui cadenasse le cinéma. Par exemple, il y a quelques années encore, c’était ringard de faire des séries. Braquo ou Engrenages, ça passait encore bien mais pour le reste tout le monde se disait de ne surtout pas aller se mettre dans une série ! Maintenant, avec Netflix, ça devient hyper à la mode et tout le monde veut son rôle dans une série. Tourner dans « Le Bureau des Légendes », par exemple, aujourd’hui c’est le Graal ! D’ailleurs, il y a récemment eu un casting pour la nouvelle saison du Bureau des Légendes et tu peux être sûre que tous les jeunes acteurs novices ou confirmés y sont allés. Il y a, je pense, une mécanique similaire avec les films de genre. On dirait qu’ils commencent à redevenir en vogue parce qu’il y a aussi cette envie de se diversifier dans les films qu’on regarde.

J26 cow-boys
Les Cowboys, de Thomas Bidegain (2015)

Tu l’as dit, après « Ce n’est pas un film de cow-boys », les choses se sont accélérées pour toi. Tu as eu l’occasion de jouer dans quelques films qu’on ne risque pas d’oublier comme La Marche, Les Cowboys ou même Marvin ou la Belle Éducation, il y a eu aussi une nomination aux Césars. On peut dire que tu as une vraie gueule de cinéma qui se fait sa place, comment vis-tu tout ça avec quelques années de recul ?

C’est toujours chouette, on ne va pas dire le contraire. C’est bien, mais il faut continuer, avant tout, à faire et à tourner les bons choix. Les gens sont un peu snobs dans ce milieu et soit on se retrouve vite enfermé dans une case, soit on fait un faux pas et un navet et tout s’arrête là ! Le monde du cinéma est très dur, il y a beaucoup d’acteur qu’on voit disparaître, j’en suis conscient. Je suis très content d’avoir fait quelques beaux films mais ce n’est pas acquis et j’espère que ça va continuer. J’ai envie de continuer à bosser avec des vrais réalisateurs, des gens assez balèzes, parce que c’est eux qui te tirent vers le haut. Des jeunes ou moins jeunes d’ailleurs, ça n’a pas d’importance.

Moi, ça ne me fait pas peur de faire des premiers longs, j’ai surtout envie de faire des choses différentes en fait. Mais c’est vrai qu’il faut faire attention à faire de bons choix. J’estime sincèrement que rien n’est jamais acquis. Tu as beau avoir fait un film génial, rien ne t’empêche de faire dix bouses derrière, surtout si tu ne travailles pas. Le secret, je pense que c’est le travail ! Même si tu fais un film un peu bancal, le fait de bosser dur peut faire toute la différence. C’est en ça que le réalisateur est très important aussi.

544179.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx
Marvin ou la belle éducation, d’Anne Fontaine (2017)

Dans mes choix, j’essaye surtout d’aller vers ce qui me parle le plus tout en veillant à ce que ça reste artistique. Je ne me demande jamais face à un scénario si le film va marcher ou pas. Pour moi, c’est une connerie de penser comme ça et tu te fais avoir à tous les coups ! Moi, j’avoue qu’il n’y a qu’un seul film que je n’ai pas fait et que je regrette tous les jours. Le film n’est pas encore sorti, je pense qu’il doit être en fin de tournage et je le regrette vraiment. Mais bon, ça reste des choix dans une vie et c’est pareil pour tout le monde, que tu sois acteur ou boulanger ! Tu ne peux jamais savoir si tu es au bon endroit au bon moment, il faut lâcher prise et avancer. Jusqu’ici, je suis plutôt content de tout ce que j’ai pu tourner. Il y a un autre film qui va bientôt sortir ; c’est « Exfiltré » de Emmanuel Hamon. Là, il est en train d’être peaufiné, mais je pense que ça va être super bien !

Dernière petite question, pour tous les fans de Friends, dont je fais partie, si tu devais à nouveau parodier la série, tu ferais quoi maintenant ?

Très bonne question, je n’en ai aucune idée ! Franchement, si jamais j’ai encore la chance de retourner aux Césars, je crois que je vais remettre le paquet, je n’ai plus le choix maintenant ! En mars dernier, c’était timide alors on va oser quelque chose de plus percutant encore ! (Rires)

On a hâte de te revoir aux Césars alors !

J’espère… Si ça tombe, je vais me porter malheur en disant ça et je ne vais jamais y retourner de ma vie !

Mais non, je suis sûr qu’on t’y retrouvera ! Allez, je touche du bois pour toi ! Merci pour tes réponses et bon séjour à Namur !

Merci à toi !

Finnegan Oldfield @FIFF 2018 - Fabian Rigaux (3)
Fabian Rigaux

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.