Il est loin le temps où Lokerse feesten rimait avec fanfare. Même si, 44 ans après la première édition, la festivité lokerenoise (qui, à ses débuts, n’était qu’une kermesse organisée par les associations locales) établit toujours ses quartiers au Grote Kaai, dans les rues du centre de Lokeren, dans le courant de la première quinzaine du mois d’août; l’événement a pris des accents internationaux. Depuis les années 2000, les monstres sacrés de tous horizons musicaux ont foulé les planches de la MainStage des Lokerse Feesten. Pink, Kane, Snoop Dog, Alice Cooper, Lil Wayne, Mika, Soufly, Neil Young, 50Cent, The Beach Boys ; tous ont fait vibrer les pavés des rues de Lokeren. Pour cette édition, l’équipe d’Amaury Van Kenhove a encore vu les choses en grand pour faire scintiller le ciel de la ville de mille feux grâce à des shows 5 étoiles.
Le 3 août dernier, les Lokerse Feesten lançait le chrono pour un marathon musical de 10 jours. Les emblématiques écossais de Simple Minds, bien connus pour leur tube « I travel », avait été désigné comme tête d’affiche de la première journée. La formation britannique, menée par leurs leaders charismatiques, Jim Kerr et Charlie Burchill, profita de son passage à Lokeren pour présenter quelques chansons de leur nouvel album, « Walk between worlds », opus sorti cette année.
Cette première soirée réserva aussi un grand moment d’émotion au public avec l’Adieu à la scène du duo belgo-belge aux accents anglais, Magnus. Le leader du groupe électro-rock Deus, Tom Barman, et CJ Bolland, un musicien belge qui vit le jour au Royaume-Unis et qui se fit connaitre dans les années 90 grâce à des titres tel que « Horsepower » ou « Camargue », ont pris la décision de mettre un terme à leur collaboration à la fin de cette année. Il était impensable que ce duo n’inclue pas le Lokerse Feesten à cette tournée finale.
Le lendemain, les clés du Grote Kaai furent laissées à ce que la scène Hip-Hop du plat pays a abrité de mieux cette dernière décennie. La MainStage vibra sous les flows de la jeune étoile montante anversoise, Coely. Cette artiste fut mise en lumière au Sud du pays lors de la sortie au cinéma du film « Tueurs » de François Troukens. Elle fut choisie pour intégrer la pléiade de rappeurs qui posèrent leurs voix sur les bandes-son du premier long-métrage de l’ex-truand. Les rimes de la francophonie du Royaume furent eux aussi mis à l’honneur en fin de soirée sur la scène indoor du festival lokerenois.
Le duo bruxellois belgo-espagnol, Caballero & Jeanjass, fut lui aussi de la partie. Et ils étaient bien décidés à faire trembler la Red Bull Elektropedia. Si l’affiche du samedi montra que la Belgique n’avait rien à envier au reste du monde côté Hip-Hop, les Lokerse Feesten équilibrèrent quand même le programme de cette journée en prouvant que Lokeren méritait de rentrer en liste pour le titre de meilleur événement musical de la planète tout autant que les autres grands festivals belges qui ont des renommées mondiales. Les Sud-Africains de Die Antwoord étaient de la fête pour transmettre leur folie énergisante. La fin de soirée fut plus HOUSE. Le dj-producteur canadien orné de son casque aux grandes oreilles, deadmau5 avait lui aussi fait le déplacement jusqu’en Flandre Orientale pour la plus grande joie du public présent.
Le dimanche fut une nouvelle fois réservé au Metaldag, comme s’en est devenu la tradition, chaque année, lors du week-end d’ouverture. Avec les Américains de Steel Panther et d’Hatebreed, avec les français de Gojira et avec les légendaires britishs de Judas Priest, toute la diversité du Metal en provenance des quatre coins du globe fit le déplacement pour donner des airs de Graspop au Lokerse Feesten.
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Le lundi mit à l’honneur les valeurs sûres de la musique du Nord du Royaume grâce à Bart Peeters, Clouseau et Discobaar a Moeder. Les deux jours qui suivirent furent comme des rappels du Metaldag grâce aux prestations des légendes des groupes Triggerfinger, Pretenders, Bad Religion et Dropkick Murphys.
Alors que le Lokerse Feesten profitait de l’incroyable et de l’atypique climat de cet été, le ciel s’assombrit le jeudi lors de la réception le groupe Soulwax. Le groupe gantois fut accueilli sous une véritable douche belge. Le public ne se laissa pas refroidir par cette variation météorologique. Les sons rétro-futuriste de Soulwax hypnotisa les foules. Les rythmes martelés sur les trois batteries du groupe donnèrent le tempo à un public qui était captivé par le show. Les vidéos à effet chromatique argenté, les stroboscopes et tête d’hominidé, structuré en lamelle, tournoyant sur elle-même tout en reflétant les jeux de lumières, telle une boule à facette, plantèrent une ambiance psychédélique. Les voix projetèrent le public d’envolée angélique vers de sombres musiques.
À la fin du concert de Soulwax, qui fut prolongé d’un quart d’heure, à la grande joie des festivaliers, l’équipe technique de la MainStage fut mise sur le pied de guerre pour palier aux divers soucis logistiques liés aux intempéries qui venaient de cesser. Après un retard de 45 minutes, par rapport au timing annoncé, la scène était enfin prête pour le show des têtes d’affiche de cette septième soirée lokerenoise ; The Prodigy.
Les musiques d’ambiance furent mises en sourdine alors que la MainStage s’assombrit. Le public compris que le moment était venu d’accueillir les natifs de Braintree, en Angleterre. Les cris et les applaudissements commencèrent à se faire légions. C’est alors que la scène enfumée se mit à briller de mille lumières. Telle une scène céleste, le balancement lumineux transperçait les nuages de fumée. Les musiciens prirent place derrière leur basse et leur batterie. Ils furent suivis de près par le prodige Liam Howlett qui rejoignit sa console au milieu de la scène. Keith Flint et Maxim Reality firent enfin leur apparition. Comme à son habitude, Keith était coiffé de sa double crête. Alors que Maxim était vêtu d’un immense manteau de fourrure qui dissimulait son visage. Ils entamèrent le concert par l’emblématique « Omen ». Le son plus lourd donna une ambiance très underground à ce groupe qui reste inclassable près de quarante ans après ses débuts tant il s’inscrit dans l’histoire de la musique comme un créateur de tendances. Alors que le NO de NO TOURISTS (futur album du groupe, attendu pour le 2 novembre prochain) trônait fièrement au centre du décor, The prodigy joua Nasty et Wild Frontier, deux singles de lancement de leur précédent opus, The day is my enemy. Le groupe se déchaina sur scène. Maxim profita de chaque passage en backstage pour prendre des poignées de goodies qu’il distribua tout au long du concert au public. La majorité des tubes du groupe fut jouée. « Firestarter », « The Day is my enemy », « Get Down », « Voodoo people », « In the place », « Smack my bitch », « Breath » et bien d’autres.
Entre ces hymnes du trio britannique, le single d’annonce de l’album NO TOURISTS, « Need Some One ». Dans ce concert, où les notes aiguës de Keith Flint sont devenues des sons bien plus sombres, lourds et graves, Maxim avait vraiment envie de jouer avec le public. Il fit s’abaisser l’assistance pour un méga jump. Après être remonté sur scène pour un rappel des plus énergisants, Maxim finit la prestation en commandant un circle pit, plus connu sous le nom de « warrior dance » dans le vocabulaire de The Prodigy. Les intentions du trio était des plus claires dès les premières vibrations de ce show, ils étaient là pour que leurs sons marquent les chairs du public présent. Il était donc impossible qu’ils ne quittent la MainStage des Lokerse Feesten sans entonner « Take Me To The Hospital », la musique qui porte le nom de leur label et dont les lumières en forme de gyrophare géant d’ambulance étaient restées dans l’ombre de la scène tout le long de cette prestation lokerenoise.
Si vous avez raté ce concert, The Prodigy sera de retour en Belgique, le 7 décembre prochain à Forest National pour la tournée de présentation de leur nouvel album, NO TOURISTS. Les places disponibles au prix de 41€ et 32€ sur livenation.be).
La suite de la soirée fut assurée par le duo de dj londoniens, Chase & Status, qui commença son set avec une heure de retard suite aux orages et aux prolongations de show de leurs compatriotes. Les vibes Drum’n’bass habillées de la voix du MC Rage accompagnèrent jusqu’au bout de la nuit ce qu’il restait du téméraire public.
Le week-end de clôture fut l’occasion de retrouver Tom Barman et les frères Dewaele dans leur second projet respectif. La moitié du duo Magnus profita du vendredi pour replonger dans l’ambiance de la MainStage du Grote Kaai de Lokeren avec la mythique formation gantoise, Deus. Les frangins, leaders du groupe Soulwax, furent eux de retour, le samedi soir. Ils revinrent faire vibrer le public de la scène principale en passant derrière les platines. 2Manydjs mis le feu à la foule avant que les Cherry Moon Legends prirent possession de la MainStage.
L’un des bons moments de la dernière journée fut le concert du groupe qui envahi les sons radiophoniques cet été. Les interprètes du tube « Solo », les Anglais de Clean Bandit.
Le bilan de cette 44e édition fut plus que positif. Avec deux journées SOLD OUT et un record d’affluence de 140 000 festivaliers (depuis 4 ans, le festival comptait 125 000 visiteurs) accueillis tout au long des dix jours de festivités, le Lokerse Feesten aura fait un carton plein. Vous voulez tenter l’expérience de ce festival où l’accueil fait oublier les prétendus conflits linguistiques ? Vous souhaitez découvrir les deux scènes de ce festival familial au programme varié, où le public de tout âge et de tous horizons vous illustre ce qu’est un évènement mondial à taille humaine ? Vous désirez profiter d’un moment sympathique dans la CHILL ZONE ? Prenez note dans vos agendas que la 45e édition du Lokerse Feesten se déroulera du 2 au 11 Août 2019.