Mesdames et messieurs, venez assister à notre grand lâcher de monstres en ville. À toute heure du jour ou de la nuit, les freaks ont désormais quartier libre, au-delà de la pleine lune et du fatidique 31 octobre, hiver comme été. Et en cet été caliente, on en a trouvé beaucoup dans le monde de la BD pour refroidir un tant soit peu vos ardeurs et faire l’objet d’une série thématique. L’histoire d’Alice a déjà été vue, revue et corrigée sous des facettes plus enfantines, plus artistiques, plus glauques, plus blockbusters aussi mais sans doute jamais auparavant le respect et la fidélité n’avaient été poussés à leur paroxysme apocalyptique. De Wonderland en ghastlyland.
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Résumé de l’éditeur : Adaptation en comics de l’univers de Lewis Caroll (Les Aventures d’Alice aux Pays des Merveilles), voici venue la suite du célèbre roman (et dessin animé). Alice Liddell n’est plus la petite fille que vous connaissiez autrefois. Des années se sont écoulées depuis qu’elle a fait le voyage au Pays des Merveilles. Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, Alice a tout pour être heureuse. Mais tout bascule le jour où sa fille, Caroll Ann, surnommée Calie, est à son tour attirée par le Pays des Merveilles. Ce pays, autrefois bucolique, a bien changé et c’est un monde plein d’horreurs et de folies qu’Alice va devoir redécouvrir en partant sauver sa fille.


Dans cet album que les auteurs truffent de références sans rien laisser au hasard (quoique, le choix du gateau ou du chemin dans la forêt sans nom) pour refaire le chemin d’Alice à peu près à l’identique mais avec… sa fille et à la croisée de Jumanji et Manifest Destiny. De quoi donner un aspect monstrueux et toujours plus tordu au lapin blanc, au Chapelier Fou, aux Reines de coeur où à l’imposant chat (mais c’est plus un tigre) du Cheshire devenu un véritable Kaiju.


Outre ce penchant prononcé pour l’horreur et même le gore, la véritable nouveauté, c’est la progression de l’histoire en avançant ses cartes de part et d’autre du miroir. Pour suivre Calie sur les traces de sa maman aujourd’hui éteinte et suicidaire. Mais aussi sa famille s’inquiétant (mais pas trop) de savoir où l’ado a pu se volatiliser. Le tout sans pour autant négliger les vices de ce monde qui n’a plus vraiment rien de joli. Car Wonderland a besoin d’un sacrifice pour laisser le monde de la famille Lidle en paix. Si pas, les deux mondes entreront en collision. Et qui coupera la tête à qui ?

Sur une idée de Joe Brusha, Ralph Tedesco et lui-même, Raven Gregory se sert intelligemment et respectueusement du canevas de Lewis Carroll pour donner du boulot à feu Al Rio, Rick Bonk et Daniel Leister, aux dessins dans cet univers complètement déjanté et gore, où la folie a pris le dessus. Certaines scènes sont monstrueuses, là où d’autres semblent avoir été balancées dans la précipitation. Et notamment le sixième et dernier chapitre de ce premier acte. De quoi refroidir un peu nos ardeurs dans cette récréation machiavélique du mythe Alice.

Le tome 2 est arrivé ce 18 août. Et d’autres pourraient suivre (l’univers Wonderland compte plus de 50 numéros !)

Série : Wonderland
Tome : 1 – Retour au pays des merveilles
Scénario : Raven Gregory
Dessin: Al Rio, Rick Bonk et Daniel Leister
Couleurs : Thomas Mason et Nel Ruffino
Traduction: La Comtesse
Genre: Conte, Fantastique, Horreur
Éditeur: Graph Zeppelin
Éditeur VO : Zenescope Entertainment
Nbre de pages: 192
Prix: 16€
Date de sortie: le 20/02/2018
Extaits :