Les Lokerse Feesten battent leur plein et attirent toujours un public fidèle ; focus sur le Metaldag avec Judas Priest en tête d’affiche et le concert flamboyant des Pretenders !

Comme chaque année, les Lokerse Feesten attirent des dizaines de milliers de festivaliers sur le site du Grote Kaai à Lokeren. Du 3 au 12 aout, des artistes de tous bords se succèdent sur les deux scènes du festival. Attirant dans leur foulée des publics différents mais toujours dans la bonne humeur et au prix d’une organisation quasi parfaite. C’est pourquoi les Lokerse Feesten, qui ont su garder taille humaine sont considérées par nombre de festivaliers comme le meilleur festival rock de Belgique.

Commençons par le Metaldag, la journée spécifique qui, année après année, attire les metalleux de Belgique et d’ailleurs dans un grand rassemblement voué au metal dans toute ses déclinaisons. Une journée devenue culte, que beaucoup ne manqueraient pour rien au monde. Et avec Judas Priest en tête d’affiche, les organisateurs ont rehaussé tardivement le niveau d’une affiche jusque-là à priori moins convaincante que lors des éditions précédentes.

Arrivé sur place vers 17h30, je n’ai pas vu Diablo BLVD qui sera aussi à l’affiche à l’Alcatraz et en fin d’année à l ‘AB, et je n’ai pu apprécier que deux titres de At The Gates qui m’a néanmoins laissé une excellente impression.

C’est avec Hatebreed que les choses sérieuses ont commencé et le band de metal hardcore originaire du Connecticut a frappé fort avec un set tout en puissance totalement en accord avec sa réputation de groupe précurseur du metalcore américain. Emmené par un Jamie Jasta en grande forme, le combo nous a mis une grosse claque dans la tronche qui a laissé pantelants bon nombre de festivaliers. Personnellement un de mes coups de coeur du jour.

Total grand écart musical et changement de genre avec les bouillants Steel Panther, les rois du glam hot et parodique qui, comme à leur habitude, ont proposé un show « wet & sexy » à la gent féminine venue en nombre en mode « je suis là pour faire la fête et éventuellement montrer mes jolis melons à Michael Starr, Satchel, Lexxi Foxxx ou Stix Zadinia ». Déjà présents en 2016 sur la scène du Grote Kaai, les californiens bien connus pour leurs paroles humoristiques et polémiques ont été égaux à eux-mêmes.

A grand renfort de titres devenus des classiques comme « Asian Hooker », « Girl from Oklahoma », « Gloryhole » et « 17 Girls in a Row » et repris en choeur par le public, de blagues sexy, de solos incendiaires et au prix d’une présence scénique évidente, le band a été parfait, et a atteint un sommet d’humour décalé lorsque Michael Starr au prix d’une transformation physique réellement bluffante a parodié le roi Ozzy Osbourne avec une interprétation de « Crazy Train » délirante et plus vraie que nature. Un grand moment. Certains leur reprocheront d’être fort bavards entre les titres, mais Steel Panther ne changera plus, et tant mieux car c’est comme ça qu’on les aime.

Place ensuite a Gojira qui était très attendu par des fans de plus en plus nombreux qui vénèrent le groupe de metal extrème français. Personnellement, après les avoir vus en salle et en festival, je ne parviens pas à réellement accrocher au répertoire des frères Duplantier, et j’ai du mal à dire pourquoi d’ailleurs, car le groupe est talentueux, mais certaines chose ne s’expliquent pas. Auteurs d’un set puissant accompagné par un visuel scénique impressionnant, Gojira a tiré brillamment son épingle du jeu faisant la part belle à des titres tirés majoritairement des albums Magma et From Mars to Sirius. Du beau boulot, mais une fois de plus je ne suis pas rentré dans leur délire.

La nuit venue, les Kings of Metal de Judas Priest font magistralement leur entrée sur la scène principale. Après le départ de K.K. Downing et l’annonce de la maladie de Glenn Tipton atteint de Parkinson, on avait craint le pire pour le légendaire groupe britannique, mais il faut bien reconnaitre que leurs remplaçants Andy Sneap et Richie Faulkner s’en tirent avec tous les honneurs. Le groupe attaque avec « Firepower », revisite ses classiques comme « Turbo Lover » ou « Hell Bent For Leather », nous fait le coup de la moto sur « Painkiller » avant un rappel pour lequel tout le monde retient son souffle et s’interroge. Glenn Tipton sera t’il là ce soir ? La réponse est oui. Coiffé d’une casquette à l’effigie du groupe, Glenn est bel et bien au poste malgré la maladie pour les trois derniers titres « Metal Gods », « Breaking The Law » et « Living after Midnight ». Sa complicité avec Rob Halford est bien réelle pour un final grandiose et touchant à l’image de la volonté d’un artiste de continuer à assurer le show jusqu’au bout de ses forces. Chapeau Mister Tipton ! À noter que les recettes du merchandising du groupe va à la Fondation Glenn Tipton en faveur de la lutte contre la maladie de Parkinson. Belle initiative, de la part d’un très grand groupe.

Lorsque je quitte le site, je croise les Brides of Lucifer en grandes tenues qui se dirigent vers l’accès à la scène. Désolé les filles, mais pour moi la journée s’est terminée magistralement avec Judas et je n’assisterai pas à votre set. Oui je sais, je suis un traître et je n’ai rien compris…

Autre jour, autre style. Fini le metal, place à un rock tendance new wave avec la venue des Pretenders aux Lokerse Feesten, et je me suis déplacé spécialement pour eux.

Il est 21h45 lorsque le groupe se dirige vers la grande scène. J’essaie discrètement de prendre une photo souvenir avec mon smartphone dans le backstage lorsque le groupe se rapproche de la scène, mais je me fais rappeler à l’ordre par des sbires qui emboitent le pas au groupe dont les membres semblent plus occupés à blaguer entre eux qu’à se soucier d’une éventuelle photo volée. Chrissie, elle, ferme la marche et laisse trainer nonchalamment de temps à autre sa main droite sur les plantes hautes qui jonchent le chemin allant de la zone artistes jusqu’à la grande scène. J’apprendrai plus tard qu’elle prône la non-utilisation des smartphones durant les concerts et n’aime pas pas être photographiée en dehors de la scène, ni faire des selfies, ce qui ne veut pas dire comme elle l’affirme sur sa page Facebook qu’elle ne respecte pas ses fans et ne les apprécie pas. Sorry Chrissie, j’ignorais cette demande implicite, sinon j’en aurais tenu compte.

Je quitte l’espace backstage pour rejoindre rapidement la scène et m’installer au deuxième rang à droite pour voir le band monter sur les planches. Dès l’entame de « Alone », le premier titre, on a compris le message, le groupe va lâcher les chiens, et le son est impeccable. On s’attendait donc à du très bon, et on a eu du très bon ! Chrissie qui affiche aujourd’hui une crinière blanche, reste toujours aussi belle et charismatique et fait preuve d’une énergie incroyable. C’est bien connu, les vrais rockers n’ont que l’âge qu’ils ont dans leur tête et pas celui de leur artères !

Toujours est-il que le band s’affiche comme une machine de guerre bien huilée capable de passer de la balade la plus émouvante au titre furieux le plus enlevé, le tout servi pas la voix exceptionnelle de Miss Hynde, toujours aussi étincelante et envoûtante. Sympa, elle s’amuse d’un spectateur qui affiche la soixantaine bien sonnée et qui durant tout le set se contorsionnera au son des hymnes rock du groupe. Elle lui dédiera un morceau.

A la batterie, Martin Chambers martelle ses fûts comme un beau diable tandis que James Walbourne (Son Volt, The Pogues …) se lance dans des solos de guitare à faire se relever un paralytique !

Pas de « Brass in Pocket » au programme ce soir, mais quelques moments de grâce avec « I’ll stand By You », « Don’t Get Me Wrong », « Bad Boys Get Spanked » (oui Chrissie, j’ai été très méchant !) ou « Middle of The Road » qui clôture un set magistral qui m’a littéralement cloué sur place. Pas de rappel au terme de ces dix-sept titres, le band quitte la scène et s’engouffre immédiatement dans les vans qui stationnaient en arrière scène avant de quitter le site. Finalement, c’est peut être mieux comme ça, cette distance volontaire contribue au mythe.

Pretenders aux Lokerse Feesten, ce fut un très grand moment mené de main de maître par une Chrissie Hynde dont le talent immense n’a d’égal que son caractère bien trempé et ses convictions bien arrêtées. Et c’est comme ça qu’on l’aime…

Jean-Pierre Vanderlinden

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