Après un mois de juillet torride, le mois d’août s’est ouvert, nous amenant un des plus rafraîchissants festivals d’été, j’ai nommé Esperanzah ! C’est ce vendredi 3 août que le festival floreffois s’est ouvert sous le patronat d’un soleil de plomb. Gros programme pour cette première journée : un joli panel d’artistes, une première bagarre contre l’empire du mâle, des couleurs tout plein et de la crème solaire, beaucoup de crème solaire…
Compte-rendu d’Alexis sur L’Avenir : DIAPO | À Esperanzah!, Roméo Elvis brûlant tel un Diable
Floreffe, 3 août 2018, 17 heures. Un flot de festivaliers se déversent déjà depuis quelques heures dans le centre de Floreffe, animé d’une énergie qu’il ne connaît qu’une fois par an lorsqu’Esperanzah! y prend ses quartiers. Ça y est, en cette fin d’après-midi brûlante, l’édition 2018 du festival a bel et bien démarré. Les premières notes de musique font déjà vibrer l’abbaye, entraînantes quoi qu’un peu timides face à un public qui prend encore ses marques. En tout début de festival, tout n’est qu’une question d’organisation ; découvrir le site, étudier le programme ou encore recharger sa carte cashless. L’heure n’est pas encore tout à fait à la fête, mais ça ne saurait tarder.

C’est donc dans une ambiance tranquille que les premiers concerts se succèdent ; Lyre le Temps, Jahneration ou encore Lubiana. 19 heures passées, la foule se densifie tandis que le soleil cogne toujours bien fort. Le jardin est déjà bien rempli et s’apprête à accueillir un invité de marque, l’écrivain et slammeur, Gaël Faye. Je l’attends avec une certaine impatience, ses mots, qu’ils soient écrits ou parlés, ont l’art de me faire vibrer. C’est le sourire aux lèvres que je le vois monter sur scène, emballé dans une tenue à faire pâlir une feuille d’aluminium. Cette première rencontre est belle, les messages fusent dans l’air mais pourtant quelque chose cloche. L’ambiance n’est pas encore au rendez-vous et malgré son charisme, Gaël Faye peine un peu à s’imposer dans la touffeur de ce vendredi.

Un jour, un jour, un jour j’me barre, hasta la vista
Je reste pas sur place, j’attends pas le visa
J’vais parcourir l’espace, pas rester planté là
Attendant que j’trépasse et parte vers l’au-delà
Mourir sous les étoiles, pas dans de petits draps
J’vais soulever des montagnes avec mes petits bras

Il est déjà temps de redescendre du côté de la scène Futuro où, d’ici quelque temps, se produira l’enfant terrible de la scène rap belge, le grand et désormais incontournable, Roméo Elvis. La foule se presse déjà en nombre devant la scène, les fans sont au rendez-vous qu’ils soient issus de la génération Y ou nés un peu plus tard dans les années 2000. Tout le monde l’attend de pied ferme, un concert de Roméo Elvis, c’est toujours un grand moment.

21h15. Le concert commence. Roméo monte sur scène sous la clameur de ses fans en furie. Il n’en faut pas plus pour que commencent les pogos et que résonnent les cris. Le rappeur et son maillot belge sont heureux de revenir du côté belge de la force, après de nombreuses dates chez nos amis Français. Pourtant, ce soir, notre Roméo ne semble pas au sommet de sa forme. Pour l’avoir suivi depuis ses débuts, je suis un peu déçue, il est chaud, bouillant même, mais la bête de scène ne capte que l’attention des fans des premiers rangs. Derrière, le public se désintéresserait presque de lui. Il nous a habitués à des concerts plus électriques, embrasant tout le monde, néophytes comme convertis. Le temps passe, les morceaux s’enchaînent, Roméo va même faire un tour du côté du répertoire de Lomepal et Damso alors que quelques-uns de ses morceaux emblématiques se font attendre comme Le Diable, Tu vas glisser ou encore Bruxelles Arrive.
Nous décollerons avant la fin, car en-haut, du côté des jardins, Jain se prépare à découvrir le public d’Esperanzah!. On a hâte de rencontrer cette musicienne globe-trotteuse à la musique métissée de mille couleurs et sonorités. Ce soir sera d’ores et déjà spécial, c’est la dernière date avant les vacances et l’artiste nous fait l’honneur de dévoiler son nouvel album en exclusivité. Elle alterne anciens morceaux et inédits avec une énergie débordante. Seule sur cette grande scène, elle l’habite comme personne, nul doute que c’est à cette scène qu’elle appartient. Après avoir chanté sur Come, ondulé sur Alright et jumpé sur Makeba, les trois climax de cette heure quinze de musique, il est déjà temps de faire le bilan d’un concert explosif. Jain est impressionnante, livre une musique riche et variée qui donnerait l’envie de danser jusqu’au bout de la nuit. Mais le bout de la nuit n’est pas au programme du jour, il nous faut délaisser les jardins pour la cour où nous attend le collectif allemand de Meute.


L’énergie est au rendez-vous, dans un joli prolongement de la prestation de notre Jain. Minuit est passé, le public s’enflamme de plus belle sous cette meute de cuivres déchaînés et déchaînant. Les hits électros se succèdent dans une ambiance du tonnerre. De Flume à Trentemøller en passant par Laurent Garnier, c’est plus qu’une fanfare, c’est une folie et c’est un véritable coup de foudre qui s’opère en ce début de nuit étoilée.
C’est donc sur un gros coup de cœur que se clôture tout doucement cette première journée de festival. Nous reprenons le chemin du retour, laissons l’Abbaye et ses musiques derrière nous. La fatigue est présente, mais les yeux et les oreilles pétillent, pensant déjà à demain. Demain, une nouvelle journée pour de nouveaux artistes, de grands moments et de belles découverte. Demain, ce sera le jour de deux pontes dans leur genre, deux hommes engagés qui rugissent autant qu’ils en imposent ; d’un côté il y aura le vénérable Bernard Lavilliers, de l’autre, l’honorable Médine. La hâte se fait déjà sentir alors que Floreffe se laisse glisser dans la tiédeur de cette nuit d’été.
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