PHOTOS| Hors-la-loi, la Zinneke Parade 2018 a trouvé le sens des couleurs dans un ballet de nuances

Ce samedi 12 mai a eu lieu la 10ème édition de la Zinneke Parade au centre de Bruxelles. Il s’agit d’un grand cortège folklorique et surréaliste typiquement bruxellois qui offre un spectacle sous forme de parade haute en couleur qui dure 2 heures dans les rues autour de la Bourse. La météo était clémente, ce samedi, et beaucoup de monde s’est déplacé pour venir assister à cet événement bon enfant, les habitués sachant que s’ils le loupaient cette année, il leur faudrait attendre deux ans.

Un peu d’histoire

La Zinneke Parade a pris naissance dans le cadre de Bruxelles 2000, ville européenne de la culture. Le but était de mettre en place une grande fête où les 18 communes  et le centre-ville se côtoieraient et échangeraient davantage entre eux.

Cet Event urbain, contemporain, créatif et artistique  regroupe des habitants, associations, écoles et artistes venus de divers quartiers bruxellois. Chaque « comité » travaille durant  2 ans pour confectionner les décors et les costumes. Cette année, 21 zinnodes ont présenté leurs prestations en musique, en mots, en images et en mouvement autour du thème « illégal » abordant pas mal de questions sociétales.

Il est 15h00, le coup d’envoi est donné. Je suis au taquet et suis positionnée en début de parcours.

Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Pour entamer cette parade, « Black Octopus & The Ninjakels » (l’encre vivante des lois) foule les pavés bruxellois. Ils  déambulent entre les passants en dansant et incitent à l’illicite mais les ninjakels, mi-ninjas /mi-tentacules se défont de son emprise.

Black Octopus & The Ninjakels @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

C’est au tour à présent de la zinnode « BRU(I)TAL » (le noir est une couleur). Je suis impressionnée par les  percussionnistes,  totems de haut-parleurs urbains et le nombre important de choristes armés de mégaphones criards. Teintés de noirs, bruyants, ils abordent la révolte, le désespoir, la soumission, l’ordre et le désordre.

BRU(I)TAL @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Le cortège continue et « Shamane » (de l’autre côté du vivant) revisite les rituels de magie, sorcellerie et transe. Ils implorent les forces de la nature, les animaux, esprits et démons sur des sonorités de percussions africaines et tambours argentins.

Shamane @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Pour suivre, « NATION X » (marcher au pas … ou pas) investit la rue et nous devons faire de la place. Il y a deux familles de créatures dont les DIMAR d’une part et, et d’autre part, les BALLARAG. Tous deux abordent les mêmes thèmes dans de très beaux costumes de couleurs différentes. Les « Puppetmasters » contrôlent, corrigent et renvoient les trouble-fêtes dans les rangs. Pour les rejoindre, il faut adopter leurs codes. Quant aux insoumis ils sont punis !

NATION X @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Une nouvelle zinnode fait son apparition. Il s’agit de « Au pied du Mur » (faire valser les briques) et j’aime beaucoup l’unité de cet ensemble de petits bonhommes aux costumes représentant les briques d’un mur qui se déplacent, encerclent et écrasent. Ils paradent pour représenter l’ordre urbain.

Au pied du Mur @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Pendant ce temps-là, de drôles de petits individus, tout de blanc vêtus et poussant un étrange engin spatial, avancent doucement. Il s’agit de « Sonoflashkidrash » (une radio pirate vogue dans les cieux). De gais lurons se laissent vivre dans les airs grâce aux énergies du soleil et du vent. Ils sont protégés par leurs combinaisons blanches et lunettes miroir. Ils se définissent comme illégaux et surtout, veulent le rester.

Sonoflashkidrash @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Nous sommes ensuite interloqués par des personnages haut en couleurs « Alalimite » (Illégal mais légitime et vice versa). Leur rêve est de faire tomber les masques afin de trouver une expression plus poétique de l’être humain avec humour et fantaisie, le tout à travers les voix et percussions, danses et écritures.

Alalimite @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Pendant que « Alalimite » s’éloigne, la zinnode « Inferno » (lois absurdes et roulements de mécaniques) fait son entrée dans une étrange « carriole » Il s’agit d’une « machine » qui fabrique et distribue des lois absurdes, dont les enfants majoritairement présents et déguisés en ouvriers, jonglent avec leurs outils rappelant le cirque contemporain.

Inferno @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

La parade continue  et c’est au tour de « Échec et Mat/Schaamat » (je te tiens, tu me tiens …) de suivre le cortège. Cette zinnode aborde la question d’espace et de temps à travers les regards et mouvements, un jeu de « cache-face-cache » mais aussi les « en-vies », besoins et stratégies.

Échec et Mat @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

« RITOURnella » (notre territoire illégal) fait son entrée. Des musiciens grimés aux joues roses accentuées défilent pour témoigner de Bruxelles qu’ils comptent bien tisser eux-mêmes en bâtissant des immeubles hors-la-loi où les couleurs feront la belle au bitume gris.

RITOURnella @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

La zinnode « e-legal » (cadre illégal) est représentée par une toile d’araignée géante où des corps emmêlés et des corbeaux en col blanc progressent au son des flûtes enchantées et percussions pour nous rappeler le travail précaire et l’ubérisation  de la société.

e-legal @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

« POP FUREUR » (Go dis POP) arrive et on ne peut pas les louper. Les Poppies poppent pour l’éternité à coup de propagande avec des costumes on ne peut plus colorés.

POP FUREUR @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

La zinnode « LA NON-VACANCE » (lentement mais sûrement) avance. Une remorque transporte quelques humains au milieu d’un immense tas de valises représentant le symbole de ceux qui doivent bouger ou au contraire de ceux qui ne peuvent pas bouger. Ce sont des enfants-policiers qui contrôlent les malheureux essayant de se cacher dans ou derrière les valises.

LA NON-VACANCE @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

« Shashabru » (l’union dompte la force). Une bande de jeunes enfants musiciens-batteurs et majorettes marchent d’un pas décidé et immobilisent ensuite un serpent pour nous sensibiliser sur l’importance de la solidarité.

Shashabru @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Pendant que « Shashabru » s’éloigne, ce sont les jeunes de « BX-Flow » (Transgressive Street Art) qui nous font une démonstration de Hip-Hop pour nous mettre en avant le ressenti de la jeunesse du 21ème siècle, siècle où les cultures sont mélangées et les codes parfois transgressés.

BX-Flow @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

La zinnode « Crichmur » (Crier, chanter, murmurer. Toxique humanité) nous présente un voyage qui ne s’arrête jamais sur le passage de la vie à la mort (construction, destruction), en réaction au non-respect de la Terre et aux changements climatiques. Ils crient à la vie sous les roulements de tambours et mégaphones et trainent les restes d’un environnement détruit.

Crichmur @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

« Aliloke » (la volonté déplace des montagnes) succède à « Chrichmur ». Des « alilokiens », personnages grimés apparaissent dans d’étranges costumes étriqués bleus et verts pour rappeler que nous ne sommes pas libres de nos mouvements. Le but est de se diriger vers un lieu plus accueillant.

Aliloke @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

« JOURNAL DE BORD » (mutation fatale). Il s’agit d’insectes exposés à une molécule illégale utilisée comme pesticide. Devenus gigantesques, ils imposent à présent leurs lois aux humains. Pour leur résister, nous sommes incités à utiliser les moyens du bord comme la teinture naturelle d’indigotier par exemple.

JOURNAL DE BORD @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

On sent que la parade touche à sa fin, l’avant-dernière zinnode à passer est « BlaBlaBlue Up » (ces injustices qui sifflent sur nos têtes) qui pointe ce qu’on ressent à l’intérieur mais exprime à l’extérieur avec tout ce que ça fait raisonner en nous sous une explosion de matières et de couleurs.

BlaBlaBlue Up @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

La dernière zinnode à défiler est « KÒD NOIR ET LUMIÈRES » (la transe des rituels judiciaires). En créole haïtien, les mots « code » et « corde » se prononcent et s’écrivent de la même manière, soit kòd. Les lois sont donc des codes mais aussi des cordes ce qui, à la fois relie et entrave.

KÒD NOIR ET LUMIÈRE @ Zinneke Parade 12/05/2018 « Illégal » © ManuGo Photography

Voilà qui clôture cette édition 2018. Je vous invite à découvrir en images le cortège de cette année et on se retrouvera peut-être, qui sait, en 2020 pour une nouvelle édition.

 

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