Avec L’Hôtel de la dernière chance, le Magic Land Théâtre reprend un de ses plus gros succès et sans doute une de ses plus grandes réussites théâtrales. Il n’est pas étonnant donc que le spectacle prévu initialement du 9 au 25 mars se prolongera encore les 30 et 31 mars prochains.
Mai 1944. La guerre touche à sa fin mais Paris est toujours occupé. L’hôtel de la dernière chance, repaire de canailles en tous genres et de filles perdues, a traversé cette sinistre période sans ennuis grâce à la protection du général Heinrich Von Ludwig , aristocrate teuton. Au cours d’une rafle, il est tombé amoureux de Gigi, une des filles qui y fait commerce de son corps pour survivre. Le jour de la délivrance approche et les masques tombent. Il est temps de choisir son camp, et le bon, car on sent déjà poindre les premiers règlements de compte. Qui sortira vivant de ce huis clos, le collabo proxénète, le résistant planqué à la cave ou le patron qui mange a tous les râteliers parce qu’il ne faut jamais mettre les deux pieds dans la même pantoufle… ( Source : Magic land Théâtre)

L’ Hôtel de la dernière chance représente tout ce qu’on aime au Magic Land Théâtre : une écriture humoristique brillante, le traitement de sujets graves (l’occupation, la résistance, les nazis, la collaboration…) passés à la moulinette de la dérision et du burlesque et des moments d’intense émotion. Le tout traité comme toujours avec une énorme bienveillance et une grande humanité sous la plume de Patrick Chaboud. Car la touche particulière du Magic Land c’est de nous faire rire intelligemment sur des sujets qui portent à réfléchir, mais toujours avec cette lueur d’espoir au bout du chemin et l’amour qui triomphe de tout.
Mais pour réussir à mettre en place ce genre d’exercice périlleux empreint de folie; il faut, certes, une écriture de qualité (Audiard n’aurait pas renié certains dialogues) mais aussi des comédiens exceptionnels. Et, sur ce plan-là, on se régale avec les performances formidables de toute la troupe.
Stéphane Stubbé est grandiose en Français moyen qui n’ose pas trop se mouiller qui se révèle totalement irrésistible dans la deuxième partie de la pièce; Bénédicte Philippon est inoubliable et drôlissime dans ses deux rôles de la provinciale paumée et en sergent SS de la terrible brigade canine nazie; Sophie D’hondt, impeccable en prostituée au coeur tendre joue d’un accent parisien que n’aurait pas renié Arletty; Juan Marquez Garcia campe Tony le souteneur salaud de service; Loïc Comans et Philippe Drecq sont parfaits en résistant sympa et déterminé et en colonel ronchon instigateur de l’attentat; Thomas Linkx nous réjouit de son personnage de commandant SS sadique et implacable; Manon Hanseeuw incarne son rôle d’ex épouse qui se voit héroïne avec brio et Xa ( Xavier Doyen), toujours parfait, se glisse avec délice dans la peau du Général Van Ludwig de la Wehrmacht, amoureux fou de la jolie Gigi .

Durant plus de deux heures, toute cette joyeuse bande nous fait passer une soirée exceptionnelle composée de moments musicaux magiques, de rires et de tendresse, au fil d’une histoire qui se déroule sur deux scènes, l’une représentant l’Hôtel le Colibri, l’autre une rue sombre de Paris. Après l’entracte, le spectacle s’emballe et les rires vont crescendo pour atteindre une apothéose finale irrésistible.

Au sortir d’une soirée pareille on se dit une fois de plus que le Magic Land Théâtre et son esprit si particulier chargé d’humanité et de rires sont indispensables au paysage culturel belge. Qu’on se le dise !
Jean-Pierre Vanderlinden
L’Hôtel de la dernière chance
Du 9 au 24 mars 2018 à 20h, le dimanche 25 mars à 15h30
PROLONGATION : le vendredi 30 et samedi 31 mars à 20h !