Bord de Mer, un voyage terrifiant dans la désespérance magnifiquement interprété par Magali Pinglaut

Actuellement au Théâtre Le Public, dans la petite salle, se joue Bord de Mer de Véronique Olmi interprétée par Magali Pinglaut. Difficile d’appréhender ce genre d’expérience théâtrale coup de poing qui, de toute manière, ne laissera personne indifférent.

Une femme a décidé d’emmener les enfants à la mer. Ils se demandent pourquoi, il y a école demain ! Elle veut leur faire découvrir la mer, jouer dans les vagues, courir sur la plage avec les mouettes, ramasser les coquillages… une escapade buissonnière ! On pourra se balader pense-t-elle, les mômes seront bien…( Source Théâtre Le Public)

Seule en scène, Magali Pinglaut porte la pièce sur ses épaules et aborde un texte ardu et difficile. Elle nous narre dans une langue âpre proche de la confidence, le ressenti d’une mère et de sa famille réduite à sa plus simple expression: ses deux enfants. Bord de Mer, c’est la révolte d’une femme, faite de moments de tendresse, d’hurlements, de colère et de résignation face à l’adversité, c’est son cri poignant pour fendre les murs de l’indifférence.

© Théâtre le Public

Mis en scène par Michel Kacenelenbogen, présent dans la salle pour la première de cette recréation, la pièce est jouée dans un décor sobre et sombre. Eclairée la plupart du temps par un simple projecteur blanc qui fait ressortir son visage de l’obscurité de la salle, Magali Pinglaut s’attèle à une réelle performance théâtrale qu’on ne peut que louer. Pourtant, au sortir de la pièce, on est en droit de se poser quelques questions au sujet du choix de ce thème et de la manière dont le texte de Véronique Olmi nous parvient brut et cru durant les septante cinq minutes que dure le spectacle.

L’auteur a écrit ce texte comme un témoignage poignant et dérangeant qui nous invite à plus de bienveillance et de solidarité et nous force en quelque sorte à regarder ceux que notre société oublie et met en pièces car la priorité est ailleurs. Dans ce sens, Bord de Mer nous bouscule et nous rappelle la dure réalité de nos villes déshumanisées qui cachent des êtres confrontés à des situations désespérantes et désespérées. Alors, nous faire regarder cette réalité en face afin qu’elle nous insupporte est sans aucun doute salutaire car l’ignorance et l’indifférence sont toujours à combattre, mais cette démarche qu’on louerait via un pamphlet journalistique ou littéraire constitue-t-elle par ailleurs un bon moment théâtral pour le spectateur lambda qui se rend au théâtre après une journée de travail  pour se laver la tête et s’évader un tant soi peu de son quotidien ?

Ce spectateur se satisfera-t-il de cette plongée forcée via un texte dur et âpre sans aucun second degré, dans un univers qui le confronte au paroxysme de la désespérance et ses conséquences dramatiques ?

Une prise de conscience, même si elle se veut indispensable, doit-elle s’exprimer dans un spectacle théâtral qui se doit de rester néanmoins un spectacle avant tout ?

Je pose les questions sans y répondre, à vous de vous construire votre propre opinion en allant voir la pièce.

En quittant la salle, même si vu le sujet évoqué les sourires n’étaient pas légion, tout le monde s’accordait  sans hésiter à saluer la performance exceptionnelle de la talentueuse Magali Pinglaut .

Jean-Pierre Vanderlinden

© Théâtre Le Public

BORD DE MER
De Véronique Olmi

Conception et mise en scène : Michel Kacenelenbogen. Avec : Magali Pinglaut.
DU 20/02/18 AU 31/03/18 au Théâtre Le Public

Réservations :http://www.theatrelepublic.be

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