In the fade : la descente aux enfers manquait pourtant de… profondeur

Inspiré des meurtres commis en Allemagne par un groupe néo-nazi contre des personnes d’origine turques, et dont le procès contre la seule survivante des assassins est toujours en cours; In the fade a glané le prix d’interprétation féminine à Cannes pour Diane Kruger dans ce rôle qui est le premier dans sa langue maternelle (l’allemand). Le film a également remporté le Golden Globes 2018 du meilleur film en langue étrangère. Le titre international et français du film signifie « dans le dépérissement » et vient d’une chanson de Queens of the Stone Age, dont le chanteur, Josh Homme, a composé la musique du film.

Note : 12/20 (Vu au cinéma Caméo des Grignoux)

Résumé: La vie de Katja s’effondre lorsque son mari et son fils meurent dans un attentat à la bombe. Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance.

En plein cœur d’une vague d’attentats terroristes qui ne cesse de frapper le monde actuel, le réalisateur allemand d’origine turque, Fatih Akın, s’inspire ici des meurtres commis entre 2000 et 2011 par un groupe terroriste allemand d’extrême droite, envers huit immigrés turcs, un Grec et une policière Allemande. Dans « In the Fade », il n’est pourtant pas question de ces faits, mais de ce point de départ contextuel et d’actualité pour raconter l’histoire de Katja, mère et épouse d’un ex-trafiquant de drogues d’origine turc, alors visé par un attentat terroriste par un couple de néo-nazis, auquel succombera également le fils du couple. Peine immense, procès et vengeance sont au programme de ce thriller quelque peu vicieux, incohérent, et inabouti.

Diane Kruger, qui jusque-là détonnait par ses choix de carrière très variables, réalise de loin sa meilleure interprétation dans la peau de cette femme qui perd tout ce qu’elle a de plus précieux dans la vie. Elle porte ce film sur ses épaules, avec intensité, rage et détermination. Il ne restera alors à son personnage que la justice, pour condamner les bourreaux qui lui ont enlevé son mari et leur enfant, mais sans que cela ne les ramène. L’actrice et ancien modèle s’affiche sans fards ni paillettes, et prouve qu’elle n’est pas qu’une belle plante à l’accent si prononcé.

Au-delà de son interprétation, le film de Fatih Akın, divisé en trois chapitres, peine à tenir la barre, malgré la psychologie du personnage de Diane Kruger avant pourtant qu’elle ne fléchisse en dernière partie. Tandis que le procès fictif tourne malheureusement dans le non-sens et soulève des questions auxquelles nous ne trouverons pas de réponse, la vengeance de notre antihéroine n’en sera que plus insensée. Privilégiant les silences quant aux actes, le scénario abandonne cette mère dans sa quête de justice, elle qui s’éteint alors face au combat à mener, agissant de manière assez ambiguë et finalement lâche. Difficile d’aller plus loin sans vous en dévoiler davantage.

Face au lourd sujet qu’il nous propose, « In the fade » manque de profondeur et de cohérence dans son scénario. L’image physique du terroriste a beau dé-stigmatiser celle que l’on connaît de lui et Diane Kruger être très engagée dans son rôle, ce portrait de femme meurtrie en plein processus de vengeance ne tient pas la route sur la distance.

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Titre : In the fade

Pays : Allemagne, France

Réalisateur : Fatih Akin

Acteurs : Diane Kruger, Denis Moschitto, Numan Acar, Samia Muriel Chancrin, Johannes Krisch, Ulrich Tukur…

Genre : Drame, Thriller

Durée : 106 min

Date de sortie : le 17/01/2018

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