Indispensable, « La part de l’autre » ne cesse de nuancer le monstre à visage humain et à nous retourner les questions

Un livre essentiel, indispensable qui reste gravé de questions fondamentales après que les pages se soient fermées. Eric-Emmanuel Schmitt nous conduit sur le chemin de l’introspection qui nous interroge sur la part d’ombre, de ténèbres présentes en chacun de nous, en chacun de vous. 

Qu’est ce qui fait qu’un être prend le chemin de l’horreur? Quels éléments engendrent les montres? Car, avant d’ouvrir ces pages, il ne faisait aucun doute pour moi. Si l’on me demandait de citer un monstre humain absolu… Hitler occupait le haut du podium, sans hésitation, sans doute… Avec même beaucoup de certitudes.

Mais les certitudes ne sont-elles pas aussi dangereuses que les monstruosités? 

Eric-Emmanuel Schmitt choisit un angle intéressant pour nous parler d’Hitler. Et si Hitler n’avait pas été refusé à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Dans la réalité, il s’est présenté, il en rêvait, il était déjà convaincu de son talent de génie… mais a été recalé à l’entrée. Avenir bouché. Pas assez de talent, pas assez de travail, trop de suffisance.

La fiction commence, Adolf H est accepté et commence l’existence qu’il s’était projeté, celle d’une artiste, élève, apprentis, travailleur, au milieu de ses amis peintres comme lui.

Et les récits de la réalité et de la fiction se poursuivent de 1908 à 1970. En parallèle, la vraie histoire d’Hitler et la fiction d’Adolf H. Les certitudes à l’encontre d’Hitler tellement présentes à l’entame de ce livre se voient malmenées par Eric-Emmanuel Schmitt. L’auteur nous apprend beaucoup de choses peu connues sur l’enfance, l’adolescence et les débuts ratés du dictateur. Il décortique également ses talents de propagandistes, sa personnalité hystérique avec ses forces et ses failles.

En poursuivant cette lecture, on entre dans un morceau de la grande Histoire mais aussi dans notre propre histoire. Et mes certitudes à moi, ne pourraient-elles pas devenir aussi dangereuses que celle des certains autres? Et mes convictions que je défends parfois au-delà de la raison, ne pourraient-elles pas me conduire sur le chemin de l’horreur? Quand est-ce que le doute est nécessaire pour accomplir sa destinée? Quand est-ce que les convictions qui sont le moteur de réussite des grands hommes (Vous pensez que Bill Gates, Steve Jobs ou Stephen Hawking ont douté très longtemps?) deviennent une arme contre les autres? Quel est la part d’ombre au sein des personnes que je pense connaître. Quelle est la part d’horreur (connue, inconnue ou pire encore, devinée) en chacun de nous?

C’est avec toutes ces questions que l’on continue sa route après « La part de l’autre ». Un livre qui enrichit personnellement mais aussi culturellement puisqu’il relate une époque importante de notre histoire commune.

Un petit mot sur l’auteur. Très prolifique, il est lu par de nombreuses personnes. Connu pour des romans, des pièces de théâtre ou des adaptations cinématographiques comme « Oscar et la dame rose », « Odette Toulemonde », … Il est également souvent présent sur les plateaux de télévision pour faire le show… Chacun son ressenti mais le mien est qu’il est difficile de conserver une qualité d’écriture lorsque tant de choses occupent votre vie… Très décevant dans les derniers opus sortis, on s’interroge sur sa capacité à tout mener seul de front…

Un livre à conseiller, peut-être avec un espace de discussion pour les plus jeunes…

La part de l’autre

Eric-Emmanuel Schmitt

Livre de poche

503 pages

Sorti en 2001 chez Albin Michel

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