Le mois d’août touche à sa fin, déjà… La fin de l’été est à nos portes, mais en ce dernier weekend d’août, les Solidarités ont pris leurs quartiers dans la séculaire Citadelle de Namur. L’occasion rêvée pour faire la fête à la musique, à la solidarité et à l’été, une dernière fois avant l’inévitable rentrée.
26 août. 14h. Le soleil brille, il fait chaud mais pas trop. Une légère brise souffle sur les hauteurs namuroises, on est loin de la canicule de l’édition précédente qui avait vu les syncopes se succéder sans arrêt. Non, cette année, le temps est idéal, la programmation aussi, bref toutes les conditions sont réunies pour passer un très bon weekend.
Une première montée des marches, pour bien débuter et aller découvrir ce nouveau Maquis où nous attend le duo onirique de Rive. Nous avions fait leur connaissance au détour d’un premier EP absolument charmant, et en cette belle après-midi, nous les redécouvrons avec joie sur scène. Entre Juliette Bossé et Kevin Mahé, l’harmonie est parfaite et la magie est au-rendez vous. Un diamant brut enveloppé dans un écrin de délicatesse, c’est cinquante minutes enveloppés dans une atmosphère pure et éthérée, un beau moment, un vrai !
Alvaro Soler entre Chouffe et frites
Après Rive, changement radical d’ambiance. C’est l’esplanade brûlante qui nous attend, s’apprêtant à vibrer d’une énergie plus hispanique que jamais avec Alvaro Soler. Dernière date pour le chanteur espagnol qui s’extasie devant la beauté de notre petite ville. Une Chouffe, des frites et le voilà sur scène, prêt à faire danser les solidaires, bajo el mismo sol, sous le même soleil. Ces derniers mois, difficile de passer à côté du jeune Espagnol, Berlinois d’adoption, et de son tube Sofia largement diffusé en radio. Pourtant, on est loin de l’image très surfaite de cette pop espagnole, qui revient en force chaque année à l’approche de l’été. Ici la musique, la vraie, est bien au rendez-vous. Musicalement, Soler est au top, en témoigne sa joyeuse équipe de musiciens, eux aussi en grande forme. Richesse dans les sons, mais aussi dans les textes avec de jolis messages en parfaite osmose avec ce festival. Les Solidaires répondent à l’appel lancé et dansent tous, sous le même soleil.

L’après-midi avance et le site se remplit, de plus en plus. Le Maquis s’anime. Après avoir accueilli Alex Vizorek, le Magic Mirrors s’apprête à voir son parquet frappé des sneakers des B-Boys venu s’affronter pour une battle finale de breakdance d’anthologie. Du côté du théâtre de Verdure, c’est Akro, héros de Starflam, qui s’apprête à monter sur scène, en solo. L’année dernière il avait enflammé ce même théâtre bondé avec Starflam, remplaçant au pied levé un Tiken Jah Fakoly bloqué dans l’avion.

Et justement, Tiken Jah Fakoly est de retour cette année pour pallier ce rendez-vous manqué. Super-héros de l’altermondialisme. (R)éveilleur de consciences. Icône d’une Afrique libre et démocratique. Persona non grata dans de nombreux pays de cette même Afrique qu’il défendra jusqu’au bout. Il n’y a pas à dire, Tiken Jah est un grand monsieur et sur scène, il en impose. On aime, ou on n’aime pas, mais on ne peut qu’admirer et surtout respecter.

Konoba et la découverte du Maquis
Il est temps de suivre la masse migratrice et de reprendre un peu de hauteur. Il est 19h et deux choix s’offrent à nous : le théâtre de Verdure qui va s’électriser sous peu avec l’arrivée de Caballero & JeanJass ou le Maquis pour retrouver Konoba et sa pop gracieuse. Nous optons pour le deuxième et allons malheureusement découvrir le point négatif de cette édition; ce fameux Maquis et sa trompeuse scène. Le site est plein et vu sa disposition, voir est impossible, on ne peut qu’entendre. Le terrain est légèrement en pente, l’espace pour le public est étriqué, l’écran est caché derrière les arbres, allez comprendre pourquoi… Le public à l’arrière est distrait pourtant c’est un très bon concert qui se joue non pas sous nos yeux, mais derrière ce mur de monde. Konoba, étoile montante de la scène belge, dévoile son univers, tout en simplicité et en partage, allant jusqu’à offrir au public un gros câlin, plein d’amour et de good vibes. Malheureusement, ces bonnes vibrations n’atteindront pas le public délaissé du fond qui ne tardera pas à se désintéresser totalement du concert puis à partir. Un peu fâcheux comme premier contact avec ce Maquis et ses travers. Un lieu qui vendait pourtant du rêve… Une question m’effleure l’esprit, qu’en sera-t-il demain, lorsque Cali et Tryo envahiront la scène ? Wait and see…
Spoiler alert ! À l’heure où j’écris ces mots, la programmation des fêtes de Wallonie vient de tomber et surprise, Konoba sera de la partie ! L’occasion pour les namurois déçus qui auraient voulu un câlin collectif avec Konoba de se rattraper. Outre les free hugs, le voir sur scène est l’assurance d’un très bon moment musical à passer, alors foncez !
La pop en rempart à la morosité
C’est donc quelque peu déçus que nous rebroussons chemin, en longeant le théâtre de Verdure, une phrase écorche mes oreilles. Bruxelles arrive, on est serré dans une caisse! Ce tube de Roméo Elvis et Caballero & JeanJass qui ne peut que nous rappeler le mythique Magic Stoemp de l’année précédente qui avait vu Roméo partager la scène avec son père, le célèbre Marka, sur ce même titre.
Nous retrouvons l’esplanade et attendons Jérôme Fagnet, a.k.a. Broken Back, non sans une certaine impatience: c’est tout de même LA révélation de ces derniers mois. Halcyon Birds, Happiest Man on Earth, Excuses, son premier album est une mine à tubes, tous plus lumineux les uns que les autres, un vrai remède aux coups de cafard. 20h20, notre homme arrive, accompagné de ses deux musiciens, nichés sur deux collines de triangles colorés. Le show peut commencer, un flot d’énergie positive se déverse aussitôt dans le public, ravi dès les premières minutes. Charismatique, charmeur, un peu fou, le public fait la rencontre d’un bel artiste à l’avenir aussi radieux que le soleil qui habite chacun de ses morceaux. Une heure de concert plus tard, les batteries sont rechargées à bloc, les solidaires sont prêts à faire la fête, jusqu’au bout de la nuit.

21h20. Ce ne sont plus deux choix, mais trois qui nous font face. Le génie de Dick Annegarn et l’assurance d’un grand moment au Magic Mirrors, la fougue de Roméo Elvis, également la promesse d’un joyeux bordel ou le retour de Julian Perretta au Maquis. Ce sera finalement le théâtre de Verdure qui nous accueillera, déjà plein à craquer. L’excitation est palpable dans le public. Nul doute, Roméo Elvis est à l’aube d’une grande carrière avec sa base solide de fans et ses shows dantesques.
Un ange descendu sur scène pour… foutre le bordel !
Sur scène, les lumières s’éteignent mais pas l’ombre d’un homme, ou d’un crocodile. Le public crie, s’impatiente et enfin… Une voix grave, si caractéristique, résonne. Coucou, nous lâche simplement Roméo. Une vague d’effervescence traverse le public. Il aura suffit d’un mot pour l’électriser, il est à présent à la merci du jeune rappeur bruxellois. Et le voilà justement, tout de blanc vêtu, un ange descendu sur scène pour foutre le bordel ! Le Motel n’est pas là, il a la gastro mais ça n’empêchera pas notre homme de livrer un concert bouillonnant. Le Diable, Tu vas glisser, Drôle de question, Les hommes ne pleurent pas, le public est heureux de partager ce grand moment, les fans de rap sont au septième ciel! Fougueux, Roméo ne cesse de faire monter la pression dans ce théâtre prêt à exploser. En début de concert, il jure sur sa vie qu’il va sauter ces trois mètres qui le séparent de la fosse. Bruxelles arrive résonne et les désormais incontournables crocodiles gonflables font leur apparition. Promesse tenue, il se jette dans son public. Il est déjanté, passionné, charismatique et on l’adore.


Le temps d’une incursion au Maquis, on ne verra pas l’ombre d’un cheveux de Julian Perretta, ni sur scène, ni sur l’écran caché. Tant pis, le plus international des groupes belges nous attend pour un concert tant attendu. Les Solidaires les voulaient, Matthew, Romain et Ziggy, mieux connus sous le nom de Puggy, sont là ce soir, pour notre plus grand plaisir. Le public a répondu présent, l’esplanade est bien remplie.
Euphorie colorée autour de Puggy
23h. Les voilà, chacun portant un costume de couleur différente, un rappel de leur dernier album. Je ne compte plus les fois où je les ai applaudis mais c’est toujours une joie de les revoir, encore et encore. Leur générosité est sans pareille, ils semblent toujours offrir plus à leur public, à l’image de cet incroyable concert de charité à Seraing en hommage à David Bowie auquel ils avaient participé, il y a quelques mois d’ici. Ce soir, pas de reprises, juste Puggy et tous les succès qu’on leur connaît. Et c’est un réel plaisir pour les fans de la première heure, dont je fais partie, de les voir jouer des morceaux plus anciens, ces petites pépites dont on ne se lasse pas. I do, Teaser, Last Day on Earth, Change the Colours, Win the World, Soul, When You Know, How I Needed You, c’est une heure de tubes qui s’enchaînent sous les acclamations d’un fervent public.

Sur l’écran géant on peut même apercevoir Hugo, 8 ans et déjà converti. Parce que c’est ça Puggy, un groupe qui, par sa sincérité et sa bonne humeur communicative, ne peut que charmer tout le monde, de 7 à 77 ans ! Encore un grand concert de Puggy à ajouter au compteur. À chaque fois, on les redécouvre et l’euphorie colorée qui tisse leurs chansons ne peut que nous contaminer. L’heure est déjà au rappel, Matthew, Romain et Ziggy paraissent tout aussi conquis que nous, il faut dire que l’énergie qui monte dans le public est vraiment puissante. Mais il est déjà temps pour Puggy de nous laisser. Plus qu’une chose à dire, à la prochaine, les gars !

Spoiler alert ! Décidément, les nouvelles n’arrêtent pas de tomber… On me dit dans l’oreillette que Matthew fera partie du jury de la prochaine saison de The Voice Belgique aux côté de… Slimane !
Dernier concert déjà pour cette première journée, passée en un éclair. Après la pop, le rap, le rock, place à l’électro et un autre belge incontournable, véritable phénomène planétaire. C’est Lost Frequencies que les Solidarités ont choisi pour faire danser les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. Un très bon choix, nul ne dira le contraire !
Les photos de Benoit :
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