Ça ressemble à une ancienne chanson de Cabrel, ça en a l’odeur et la poésie… et pourtant on en est à des lieues. Devenu incontournable depuis ses looks de merde et ses deux Look Book, le dessinateur Salch s’est mis au vert le temps de vacances avec les gamins, entre écureuils et castors, pas loin de la forêt et sous la canicule. Mais pour en profiter, encore faut-il suivre un peu l’incontournable petit chemin caillouteux qui, s’il ressemble à tant d’autres, se révélera bien riche en surprises et en émotions.

Résumé de l’éditeur : Quel avenir pour les pères divorcés, inconséquents, branleurs, angoissés et rongés par la culpabilité ? C’est à cela que répond Salch avec un album drôle et touchant inspiré de sa vie.

Finis les meufs cools, bonzaï les cons, place au repos, laissez verdure et… chouiner les gosses. Qui a dit qu’elle était facile la vie de père célibataire un peu paumé et avec les yeux démontés. Plutôt à cause du manque de sommeil et de l’épuisement qu’à cause de la bière que Salch essaye péniblement d’arrêter. Et cette petite voix qui lui fait dire que tous (du Sarrouel intemporel fils de pute au Petit Facho 2015) sont des cons de se retourner contre lui.

Enfin, tout n’est pas rose en Corrèze mais tout n’est pas noir, non plus. il faut juste prendre le temps du repos au chalet de tata. Et apprendre à profiter du temps qui nous est permis, entre les cahiers de vacances (ou peut-être ne sont-ce que des jeux vidéo ?) et le flatulin (un pain magique, spécialité corrézienne, paraît-il). Et puis, il y a la nature, et notre quadragénaire qui loin, du vomi citadin, tente de s’en inspirer, au jour le jour, comme une obligation. De la forêt, de la campagne, de la faune et de la Flore, du Cher ou bien du marais. Toujours sur le vif, avec le droit à l’erreur mais sans sparadrap. En noir et blanc puis à l’aquarelle plutôt qu’à l’ordi. Bien sûr, Salch ne sera jamais Monet ni même Van Gogh, plus Sapin ou Reiser que Servais, mais le coeur y est et l’énergie (du désespoir ou de l’espoir ?), aussi.

Ainsi s’étalent quelques instants d’une vie pas forcément toujours rêvée mais sans fioriture, sans ambages mais avec les embûches. Tout au long de cette chronique du quotidien par planche ou deux, Salch ne se voile pas la face et se dévoile, dans une pudeur désarmante, avec les états d’âme qui vont avec. Et la sinistrose patente. Au-delà de l’humour caché, de l’amour cassé, Salch nous met en empathie mais pas de trop. Après tout, il n’est sans doute pas le meilleur ami au monde que vous puissiez avoir mais il a ce mérite de l’émotion sincère. Pourtant, qu’est-ce qu’il nous touche dans l’incertitude du présent et son côté chasse et pêche sans fusil ni canne à pêche. Désarmé, on vous dit.

Dommage que ce qu’il en reste sur ce petit chemin caillouteux soit resté à l’état de brouillon. Septante-deux pages, c’est généreux mais sans doute que certaines de ses notes personnelles rendues publiques auraient pu rester au placard. L’album trempé dans un peu de nos vies et surtout dans celle de Salch n’aurait fait que gagner cohérence et respiration là où des petits dessins à lire à la loupe sont parfois presque illisibles. Car oui, malheureusement, cet album de vacances et Salchement philosophe demeure un exercice de lecture fatigant à la longue. À défaut d’être souple comme son format. Mieux vaut donc y aller à doses homéopathiques. Comme pour Salch, ce n’est pas des vacances et on ne comprend que mieux sa souffrance. Et il en devient encore plus attachant. Un deuxième opus est d’ores et déjà en préparation.

Titre : Le petit chemin caillouteux
Scénario, dessin et couleurs : Salch (Facebook)
Genre : Autobiographie, Chronique
Éditeur : Fluide Glacial
Nbre de pages : 72
Prix : 13,90€
Date de sortie : le 07/06/2017
Extraits :