« Nous t’avons attendu, tant et tant espéré, te voilà revenu. Nous t’avons attendu mais jamais détesté… » …même pas abandonné car on savait bien que tôt ou tard Balimurphy nous reviendrait avec sa mélancolie festive et engagée. Même si pour cela, il fallait attendre cinq ans entre deux albums. Sans doute le temps nécessaire à produire un disque de qualité et à se renouveler à l’heure où certains ont tôt fait de battre le fer tant qu’il est chaud et de nous servir la même soupe de plus en plus froide, à quelques mois d’intervalle. Soit… Parlons des valeureux Balimurphy qui ont à nouveau hissé la grand-voile, « Nos voiles », et amarreront sur la scène du Mont des Arts du Brussels Summer Festival, le 12 août.
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Ceux qui chantaient que l’homme descendait du tram ne sont pas restés à l’arrêt et ont continué leur chemin, évoluant vers un côté plus rock pas désagréable du tout. Grâce au soutien de la communauté via un crowdfunding, Balimurphy revient donc avec un quatrième album (officiellement, car dans les prémisses du groupe, il y en a un cinquième, La Valise, et ça fait longtemps que, malheureusement fan de la deuxième heure, je peste de ne savoir ce qu’elle renferme en espérant une réédition), Nos Voiles, bien balancé et faisant plus que rappeler le groupe « à votre souvenir ». Puisque c’est ainsi que ce nouvel album commence, de manière tonitruante. Et sans doute l’arrivée du Dalton Télégrammeur, Rémi Rotsaert pour remplacer François Delvoye (qui reste présent aux textes aux côtés de Mathieu Catala) à la guitare électrique. Du sang neuf pour voir un peu plus loin ce que l’avenir réserve à Bali.
Et s’il est d’emblée sautillant, swing et un peu manouche, il n’est pas tout beau et joli dans son propos, cet avenir. Avec parfois des relents des temps maudits, qu’on pensait loin mais qui reviennent à la charge, « trouvés par l’oubli » : les extrêmes, les peurs qui poussent au cri(me), les envies de prendre les armes pour les mauvaises raisons, la vitesse du temps, le temps qui momifie les ombres de la rue, les heures supp’ sous le règne du néon… La rue comme terrain de prédilection, car fidèle City Guide (encore une chanson de L’homme descend du tram), Cédric Van Caillie et sa bande continuent de nous aventurer dans les quartiers de Bruxelles, avec une petite pointe jusqu’à la rue de Flandre à la poursuite des inconnues. Balimurphy n’a de cesse de s’ancrer dans la société, dans son monde, sans arrondir les angles mais en ébréchant les coeurs avec ce supplément d’âme formidable qui nous a fait les adorer. Et il y en a des merveilles, dans ces onze nouveaux morceaux.
C’est sûr, on les a connus plus tristounets (le Poussière qui m’avait fait les découvrir, il y a déjà un bail) et c’est tant mieux, ça met du baume au coeur. Si le verre est à moitié plein, à moitié vide parfois, que les textes sublimement découpés n’y vont pas par quatre chemins; le ton musical de Nos Voiles est encore un peu plus festif et plus gai qu’auparavant. De la boîte de jazz aux allures de western et de kermesse de l’ouest (Le règne du néon) en passant par un séjour sur un bateau ivre dans les bras de Marlène ou, plus étonnant, des sonorités plus africaines quand Bali voit Mali (« Je reste là »). Balimurphy se renouvelle en groupe 360° et grand format. De quoi donner un coup de fiesta en concert sans perdre de vue l’essence et le fond.
Album : Nos Voiles
Genre : Folk, Rock
Nbre de titres : 11
Durée : 38 min
Date de sortie : le 31/04/2017
Et pour rappel, Balimurphy, c’est ça :
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