Lorsqu’on est passionné de rock ou de metal, qu’ on aime la musique et qu’on est ouvert d’esprit comme c’est mon cas, on n’est jamais à l’abri de succomber à un coup de cœur dans un style musical moins familier. Ce fut le cas fin mai lorsque, assis devant ma télé, j’ai assisté à la demi-finale du Concours Reine Elisabeth de violoncelle et à la prestation renversante du génial jeune biélorusse Ivan Karizna. Un choc !

Dans la Libre du 20/05 , le critique Nicolas Blanmont écrivait :
« C’est à un tempo particulièrement soutenu que Frank Braley et l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie – qui seront quelques minutes plus tard ovationnés par un Studio 4 debout, Reine Mathilde comprise – attaquent l’introduction du désormais familier concerto en ut majeur de Haydn. Ivan Karizna, 25 ans, s’y lance avec fougue et, très vite, impose à l’orchestre des contrastes marqués, osant des rubati inattendus qui surprennent parfois même ses collègues musiciens. Dans l’interprétation du Biélorusse, la diversité n’est pas seulement dans les tempi, mais aussi dans l’intensité sonore, dont il explore toute la palette. Il y aura aussi un adagio recueilli et assez lent, commencé sur un ton intimiste avant de s’épanouir dans tout le spectre de l’expressivité : ce Haydn n’est certes plus dans le classicisme pur, mais le résultat est intense et prenant. Final au tempo hallucinant mais souverainement maîtrisé par le soliste. »
Le résultat est en effet d’une intensité remarquable et je craque littéralement devant le talent et l’expressivité de ce jeune soliste qui donne au final un tempo hallucinant de maîtrise. Ce colosse de plus d’un mètre nonante possède une sensibilité et un sens de l interprétation qui frôlent le sublime et qui contrastent avec son physique impressionnant. Il y a quelque chose d’une rockstar chez ce gars-là qui perturbe autant qu’il fascine.
Je décide donc d’aller l’applaudir ce dimanche 2 juillet à 15h au Studio 4 de Flagey où après avoir obtenu le cinquième prix du Concours Reine Elisabeth doublé du prestigieux prix du lauréat du public il se produit en récital dans le cadre du Festival Musiq3.

Le grand studio affiche quasiment complet pour l’évènement. Au programme du Robert Schumann (Fantasiestücke op 73), jolie entrée en matière avant d’aborder la Sonate n02 en fa majeur/ Cellosonate n.2in F pour violoncelle et piano Op99 de Johannes Brahms qui permet à Ivan Karizna de faire preuve une fois de plus d’une formidable maîtrise doublée d’une interprétation réellement jouissive.

La » Romance » de Rachmaninov nous propose une courte respiration avant qu’il n’interprète la Marche » L’amour des Trois Oranges » de Serge Prokofiev. La complicité entre Anna Naretto au piano et le violoncelle magique d’ Ivan est totale, et le public se régale.

Très bonne idée ensuite de conclure ce récital par la » Danse des Elfes » de David Popper, pièce ludique et joyeuse, idéale pour terminer cette heure de concert éblouissante. Le public conquis ne veut pas laisser partir son artiste et l’ovationne durant de très longues minutes.

J’ai pu rencontrer Ivan Karizna au terme de ce concert et il m’a confié écouter aussi d’autres sortes de musique, l’homme est éclectique mais sa passion pour le violoncelle, son alter ego, est dévorante et sa mission première en tant que musicien, est de transmettre le sens et la beauté de la musique. Nul doute qu’avec le talent qu’il possède et la carrière qu’il est en train de bâtir il deviendra très vite un violoncelliste de référence et un artiste majeur plébiscité par les publics du monde entier.
Texte et photos : JPROCK THE DARK FEATHER
Le concert donné ce 2 juillet à Flagey est disponible à l’écoute sur Auvio via le lien ci dessous :
https://www.rtbf.be/auvio/detail_festival-musiq-3-2017-en-direct-de-flagey?id=2230645