Entre vannes et taquineries et au service d’une setlist en béton; Eddy, Jacques et Johnny ont fait plus que tenir le rang!

Dimanche 11 juin, Palais 12 du Heysel. Dans les premiers rangs Laetitia prend place parmi la foule sous le crépitement des flashs et quelques minutes plus tard les lumières s’éteignent. Le show va commencer. Sur scène trois monstres sacrés nommés Eddy, Jacques et Johnny vont nous faire vivre un moment exceptionnel pendant près de deux heures.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Lorsque les Vieilles Canailles font leur apparition sur scène, c’est une immense ovation qui s’échappe de la foule. Il faut bien reconnaître qu’ avoir Dutronc, Mitchell et Hallyday côte à côte sur les mêmes planches est un privilège. Et même si les trois hommes sont aujourd’hui septuagénaires leur talent est toujours là et bien là.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Les trois amis démarrent le spectacle avec «  Les Playboys » de Jacques Dutronc. Chacun y va de son couplet et récolte un joli succès, mais lorsque vient le tour de Johnny la clameur s’intensifie et très rapidement sa voix exceptionnelle rassure tous ses fans. Car bien sûr le taulier c’est lui, et malgré sa lutte contre la maladie, Johnny est présent au rendez-vous , et à chaque fois qu’il sent la foule vibrer lors de ses interventions son visage s’illumine d’un sourire ravageur. On le sent néanmoins affaibli, il va d’ailleurs s’asseoir sur un haut tabouret dès qu’il en a l’occasion, mais dès les premières mesures de «  Noir c’est Noir » c’est bien le boss qu’on retrouve dans toute sa splendeur tendu comme un arc devant son pied de micro.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Et l’idole des jeunes et des moins jeunes envoie généreusement comme à son habitude. Pourtant, on avait des raisons d’être préoccupés par son état de santé au vu des différents articles parfois alarmistes parus dans la presse ces derniers mois, et même lors de son apparition au JT de TF1 il y a quelques jours, Johnny n’avait pas l’air en grande forme. Aujourd’hui, pour cette deuxième date de la tournée qui a débuté samedi à Lille, l’homme nous rassure et se montre galvanisé par son public et heureux d’être sur scène pour une tournée qu’il considère un peu comme une thérapie.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Mais revenons-en au concert. Les tubes s’enchaînent interprétés par nos trois compères en trio en duo ou en solo. Dutronc est impérial, d’une classe folle et tout en dérision, il nous démontre que sa voix reste impeccable et que son répertoire est intouchable. Monsieur Eddy, lui, se montre tel qu’il est entre rocker et crooner affichant une fausse nonchalance et un plaisir non dissimulé lorsqu’il chante les compos des deux autres.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Et tout ça se déroule dans la bonne humeur générale entre échange de vannes et taquineries amicales qui témoignent de la réelle amitié qui les unit depuis si longtemps.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Bien sûr c’est Johnny que les fans observent le plus. On le sent par moment très fatigué, guettant le moindre moment pour aller se poser au bar qui décore le coin droit de la scène, mais lorsqu’il se rapproche du micro pour chanter, il donne la pleine mesure de sa puissance vocale notamment durant cette version exceptionnelle du «  Pénitencier » et un fugurant «  Gabrielle » interprété dans une ambiance incroyable. Johnny ressuscite au contact de son public, et au fur et à mesure que le show avance on le sent revigoré et tellement heureux de retrouver la scène. Courageux et blagueur  il n’hésite pas en boutade à embrasser son pote Dutronc sur la bouche ,harangue la foule dès qu’il en a l’occasion, remercie ses fans, et la belle initiative des bikers belges qui l’ont escorté sur l’autoroute lors de son arrivée à Bruxelles. Même fatigué, le vieux lion rugit toujours comme au premier jour !

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

La fin du show est grandiose avec nos trois compères, chacun vêtu d’un perfecto de cuir noir, qui nous interprètent « Pas de Boogie Woogie », «  Et Moi et Moi et Moi » dans une version rock très efficace, et bien sûr «  Toute la Musique que J’aime » en apothéose finale rehaussée par la présence de Thomas Dutronc venu croiser la guitare avec Fred Chapelier , Yarol Poupaud et Basile Leroux.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Le Palais 12 est debout, totalement conquis. Alors que la foule enthousiaste ovationne ses héros, Johnny debout la main sur le coeur salue la foule avec le V de la victoire. Une victoire qu’il vient de remporter sur lui même car on imagine à quel point assumer un tel concert doit être difficile pour un homme en souffrance qui se bat contre la maladie. Mais le boss est là et il a tenu son rang, magistralement.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Heureusement pour Johnny, les dernières nouvelles avant la tournée étaient meilleures. Le cancer ne progresse plus grâce à la chimiothérapie et à l’immunothérapie qu’il a subi, il ne reste donc plus qu’à faire confiance au savoir et à la compétence des médecins de Los Angeles pour parvenir à le vaincre. Mais pour l’instant l’objectif numéro un c’est d’assurer les 17 dates en trois semaines de la tournée des Vieilles Canailles.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Certains disent que dans son état c’est de la folie et que ce n’est pas prudent, mais Johnny a besoin de son public et des «  Johnny on t’aime « lancés en cascade par ses fans dont je fais partie. Alors croisons les doigts et espérons que cette tournée exceptionnelle aide notre homme à renaître chaque soir un peu plus grâce à l’amour et aux applaudissements d’un public dont il se nourrit depuis toujours et qui ne l’a jamais lâché. Beaucoup d’autres dans de même circonstances seraient gentillement resté chez eux à se soigner loin des flash et des caméras, Johnny lui se montre là, debout, sous les feux de la rampe face à son public qu’il n’abandonnera jamais.

Les Vieilles Canailles © Jean-Pierre Vanderlinden

Une belle leçon de courage et de générosité émanant d’un artiste unique à qui on ne peut que tirer son chapeau et croiser les doigts pour qu’il sorte vainqueur de ce qui est sans doute son plus dur combat.

Texte et photos Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK THE DARK FEATHER.

Setlist :

  1. (Eddy Mitchell cover)
  2. (Eddy Mitchell cover)
  3. (Eddy Mitchell cover)
  4. (Gene Vincent cover)
  5. (Eddy Mitchell cover)
  6.  Encore :
  7. Et moi, et moi, et moi

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