Alors que le peuple des ombres hante les allées d’un vieux couvent au son de musiques électriques païennes, les sorcières ondulent sur des rites ancestraux

Bienvenue au Coalescaremonium. « Coalescaremonium is a Coalescent Ceremony, a grandiose gothic happening that combines unseen international acts with local talent from the various sub-genres of Gothic nightlife into one grand day of celebration; with high focus on music, art, dance and fashion. » Voilà tout est dit. Chaque année la grande messe gothique investit les bâtiments de l’ancien couvent de la place Van Meyel à Etterbeek pour douze heures de folie, de musique et de plaisirs dark en tout genre.

Cette année le thème choisi est « Pagan Electrics «  . Dj’s, groupes live, performances, défilé de mode, diverses boutiques célébrant la culture gothique, un food corner sur la terrasse, un studio photos où oeuvre la séduisante Erika Altreya, un stand merchandising, un bar à absinthe, tout est réuni pour que la faune bigarrée qui hante les lieux puisse être amplement satisfaite. Hauts de forme, jaquettes, redingotes, robes en crinoline, looks vampire ou cyber punk, créatures inquiétantes de toutes formes, le public du Coalescaremonium rivalise d’originalité et d’inventivité pour faire de cet évènement une soirée unique dédiée à la culture dark.

Hybryds © Jean-Pierre Vanderlinden

Vers 17h c’est HYBRYDS qui se charge d’ouvrir les hostilités dans la grande salle devant un public encore clairsemé. Le groupe existe depuis 1985 et propose une musique mystique électronique et magique qui fait appel aux dimensions spirituelles. Vocalises, rythmes tribaux, chant émotionnel et primitif, percussions, visuels projetés sur un écran en fond de scène, la musique d’Hybryds déconcerte ou convainc selon qu’on se laisse pénétrer par ses ondes chargées d’émotion. certains ont beaucoup aimé, d’autres moins, c’est selon.

DaGeist © Jean-Pierre Vanderlinden

Les concerts se suivent à un rythme soutenu et c’est la chapelle qui accueille DaGeist venu de France.  Frédéric Strzelczyk (basse) et Davide Schiavoni (chant) se sont rencontrés il y a cinq ans et ont fondé DaGeist. Ces deux survivants de la vie (Schavo a une sclérose en plaque et le coeur de Fred s’est arrêté en 2014 alors qu’il courait avec des collègues) ont sorti un album excellentissime « 40 » en décembre 2015 et depuis ils vivent leur rêve à cent à l’heure. Rapidement le groupe s’est fait un nom dans le milieu de la new wave et a signé chez Danse Macabre, un label allemand qui les distribuera un peu partout en Europe. Ce soir on s’apprête donc a danser sur  » Vampire » leur single irrésistible et entêtant.

Devant un public très réceptif, DaGeist a fait mieux que convaincre avec une prestation dont l’énergie communicative a rapidement fait mouche. Mélodiquement très au point, le duo parvient très vite à faire danser le Chapelle au son de leur electro new wave portée par la basse de Fred et le chant habité de Schavo. Cette prestation du duo français qui s’est même payé une petite ballade dans le public fut sans nul doute, un des meilleurs moments live du Coalescaremonium.

Inkubus Sukkubus © Jean-Pierre Vanderlinden

Retour vers la grande salle pour un groupe très attendu du public : INKUBUS SUKKUBUS. Avec une vingtaine d’albums au compteur les anglais proposent un pagan rock qui incarne la transition entre le Goth « old-school » des années 80 et les Heavenly Voices apparues dans les années deux mille.

Candia Ridley est bien sur l’attraction principale du groupe aujourd’hui présent en duo lorsqu’elle pose sa voix charismatique et radieuse pour évoquer les déesses des différentes traditions, les fêtes païennes, la persécution des sorcières par l’inquisition catholique, ou les mystères de la nature et de la vie. Avec des titres comme  » Messalina « ,  » Vampyre Erotica », « Queen of Heaven », « Queen of Hell » ou » The Goat » le groupe nous a offert un set bien équilibré ponctué d’un joli moment acoustique et d’une reprise étonnante du « Paint It Black » des Stones. Un concert sans surprises, mais bien agréable.

Mirexxx © Jean-Pierre Vanderlinden

Direction la chapelle pour assister à quelques titres du set de Mirexxx et son dark electro remuant et agressif sur lequel je ne m’étendrai pas car je n’ai, par la force des choses, assisté qu’à trois de leurs morceaux. Dans ce genre de mini-festival des choix s’imposent et mon instinct metal me pousse à être bien positionné frontstage pour assister au set de DORDEDUH dans la grande salle.

Dordeduh © Jean-Pierre Vanderlinden

Le combo de folk/black metal roumain originaire de Timisoara a sorti un EP  en 2010 et un solide album « Dar De Duh » en septembre 2012 chez Prophecy productions . Avec le black atmosphérique de Dordeduh,  les riffs tranchants des guitares s’entremêlent dans une beauté toute poétique et la voix rocailleuse de Edmond Karban (aka Hupogrammos) fait le reste. À gauche de la scène Sol Faur (Spurcatu), plus effacé, triture sa six cordes tandis que la section rythmique envoie du lourd. Comme je m’y attendais un peu, Dordeduh sait tenir un public en haleine et les roumains furent excellents de bout en bout de leur set, du premier son envoyé depuis leur tulnic (instrument en bois long et impressionnant dans lequel ils soufflent à plein poumons et semblable au cor des alpes suisse) aux derniers accords sulfureux  et plombés de leurs guitares électriques.

Un grand groupe, et indubitablement un des concerts majeurs de cette édition 2017.

Feline & Strange © Jean-Pierre Vanderlinden

Après une claque pareille difficile de changer de registre pour le show cabaret proposé par FELINE & STRANGE à la chapelle. De l’électro cabaret servi bien chaud par l’étonnante Feline tour à tour habitée par l’âme de Nina Hagen, d’ Amanda Palmer ou de la Lisa Minelli de Cabaret. Chaque titre est une saynète que la dame et son violoniste fou défendent avec ferveur, folie et inventivité. « Berlin is a Bitch » chante Feline et on la croit lorsqu’elle nous sert sa chanson avec une touche de burlesque et un regard provocateur.

Et comme au Coalescaremonium on ne s’ennuie pas un instant les amateurs de défilé se ruent vers la grande salle où Dana Mikelson nous gratifie d’un défilé de mannequins stylés portant quelques unes de ses dernières créations. Un indéniable plaisir pour les yeux.

Dana Mikelson © Jean-Pierre Vanderlinden

Il est  nettement passé minuit lorsqu’avec environ vingt minutes de retard EMPUSAE, projet solo de Nicolas Van Meirhaeghe aka Sal-Ocin, nous accueille dans la chapelle pour une performance de ce qu’il qualifie de Organic, Ritual, Electro-Acoustic, Ambient, Doom, Post-Industrial Soundtrack. La musique d’EMPUSAE s’adresse aux âmes sombres et perdues et se pose en bande son des propres fantasmes de l’auditeur.

Une musique dans laquelle on se perd dans la mélancolie, les atmosphères tribales électroniques et les ambiances de rituels effrayantes. Une beauté glaciale et envoûtante qui lentement vous submerge tandis que votre esprit erre sur des routes inconnues. Un beau concert, idéal pour clôturer les performances live de la journée.

Empusae © Jean-Pierre Vanderlinden

2017 fut une excellente édition d’un Coalescaremonium qui, petit à petit et d’année en année, s’installe et exporte aussi sa réputation d’évènement incontournable de la culture  goth underground au delà de nos frontières.  Alors bravo aux organisateurs et rendez-vous l’année prochaine pour une sixième édition qui ne pourra qu’être encore plus réussie que celle ci.  En tout cas c’est tout le mal que je leur souhaite !

Texte et Photos : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK THE DARK FEATHER.

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