On la connaissait en roman, d’abord. Puis en film (l’écrivain étant lui-même passé de la plume à la caméra avec Audrey Tautou et François Damiens). Voilà que La délicatesse de David Foenkinos fait son chemin et son voyage au pays des bulles et des dessins, à la façon inimitable de Cyril Bonin. Sans redite par rapport au roman ou au film mais en offrant une prolongation, un autre regard et en perpétuant notre besoin de délicatesse.

Résumé de l’éditeur: Nathalie et François sont jeunes et amoureux. Leur vie est une promesse. Tout est joyeusement possible. Mais François meurt accidentellement, un dimanche… Le chagrin de la jolie veuve est profond, comme un mal incurable. La mort inattendue de son mari a figé leur amour. Nathalie s’écarte du monde, accablée, aveugle aux hommes, la voilà devenue cariatide d’un amour en gloire. « Il passait par là, elle l’avait embrassé sans réfléchir. Maintenant elle se demande si elle a bien fait. C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise.»

Judicieusement confiée aux bons soins de Cyril Bonin (à qui l’on doit, récemment, The time before, et moins récemment, Fog dont la première intégrale est ressortie, il y a quelques semaines), l’histoire naissante entre Nathalie et Markus prend toute sa force et sa simplicité. Mais avant l’amour, il y a le deuil, et ménageant les cartouches, Cyril Bonin continue son travail accompli sur The Time Before et s’impose en maître du temps. Dès les premières planches, le rythme s’impose et on se retrouve projeté dans ses bribes de vies, heureuses avant le drame.

Bonin réussit le prodige, avec la temporalité qu’il dicte à son récit, à faire mieux que le cinéma dont c’est pourtant la spécialité. Et rien que ça, c’est grandiose. D’habitude, en BD, ça arrache toujours un peu, on doit se forcer à y croire, ici tout coule de source. Cette délicatesse en bande dessinée part donc sacrément sur de bonnes bases.

… et de bonnes cases. Car le reste en découle, d’une beauté folle, d’une humanité sans faille. La maladresse de Markus est encore plus criante, les meurtrissures de Nathalie plus fortes, sans se soucier du regard des autres. Il y a des restaurants, le toit de l’immeuble et la promiscuité d’une auto. Bonin met tout cela en grâce. Le roman de David Foenkinos ne pouvait pas mieux trouver. Et nous? Hé bien, on s’y retrouve. Infiniment.

Titre: La délicatesse
Récit complet
D’après le roman de David Foenkinos aux Éditions Gallimard
Scénario, dessin et couleurs: Cyril Bonin
Genre: Comédie dramatique, Romance
Éditeur: Futuropolis
Nbre de pages: 96
Prix: 17€
Date de sortie: le 04/11/2016
Extraits et bonus (dont les prémisses crayonnés d’une scène au resto, trouvés sur la page Facebook de Cyril Bonin):
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