« Que diable allait-il faire dans cette galère? » La ritournelle moliérienne est connue mais loin d’être épuisée. Et même s’il n’a qu’un canot, le pauvre Saïd compte bien y participer… bien malgré lui. C’est l’odyssée maritime et très ligne claire que nous raconte Sabri Kasbi, le Montois qui est comme un poisson dans l’eau.
Résumé de l’éditeur: Saïd, un pauvre pêcheur, se retrouve isolé sur une île déserte suite à une tempête. Là, un étrange personnage en guenille se présente à lui en se proclamant roi de la mer.
Qu’il a l’air fier, Saïd. Et si l’insouciance du jeune âge peut donner lieu à tous les dangers, il faut bien que jeunesse se fasse. Du coup, peu importe la parole de l’ancien, Zaccharie (un nom pourtant prophétique), Saïd n’en fait qu’à sa tête et le voilà qui prend mer pour pêcher, peu ou prou(e), quelques poissons pour se sustenter. Mais voilà que la tragédie annoncée arrive. De grosses et grandes vagues qui ont tôt fait de propulser le malheureux garçon hors de son frêle esquif. Le voilà bien avancé. Pas de baleine pour l’engloutir tel un vulgaire Gepetto, mais un îlot désert pour l’accueillir. Désert… attendez! Entre les mouflons sympathiques et le cormoran qui protège bec et griffes (surtout bec) ses oeufs, Saïd se rendra vite compte qu’il n’est pas seul sur cette île, propriété improvisée d’un vieil original qui prétend être le roi de la mer et a construit sur ce petit lopin de terre émergée une vraie maison de Robinson. Mais gare. Au gorille? Non, aux pirates, ou à ce qui en a tout l’air!
C’est beau, c’est lent, c’est l’océan, et si l’île n’est pas galante comme chez Voulzy, le travail de Sabri Kasbi est immergeant. Dans ses vagues, telle une Alice au pays des merveilles aux jambes palmées, on se prend à croire aux sirènes. Des rêves rattrapés par la réalité, triste et dure, plus que jamais contemporaines. Le roi de la mer, comme pour son personnage principal, est une belle petite parenthèse pour le lecteur puisant dans l’imaginaire tout en restant à la surface de notre monde trop connu pour ses actualités moribondes. Le trait classieux de Sabri Kasbi gagne à être connu, tout en simplicité mais réellement efficace (notamment, les quelques cases retraçant le passé du « Roi de la mer » sont à tomber, ou à chalouper!). Sans prétention mais avec un vrai sens du récit, voilà de quoi s’offrir une dernière baignade de luxe (mais à bon prix) avant la fin de l’été.
Titre: Le roi de la mer (Facebook)
Récit complet
Scénario, dessin et couleurs: Sabri Kasbi
Genre: Aventure
Éditeur: Éditions Bande à Part
Nbre de pages: 48
Prix: 12€
Date de sortie: le 14/08/2016
Extraits:
Né en Tunisie, Said veut dire Heureux mais il est Pauvre. Encore Bravo Sabri pour le travail colossal.