Voici venu le mois d’août et, tradition oblige, Esperanzah! a pris ses quartiers au coeur de l’Abbaye de Floreffe, prête à accueillir quelques milliers de festivaliers. Récit de trois jours d’une intense magie…
Vendredi, une première salve de bougies soufflées pour une première journée pleine d’énergie !
Vendredi 5 août, à peine nos vacances terminées, nous voici déjà aux portes de l’Abbaye de Floreffe pour prendre part à un festival qui nous tient énormément à cœur. Il est 15h30, nous passons la sécurité présente en nombre pour cette édition et nous apprêtons déjà à effectuer notre première montée vers les jardins de l’Abbaye où le festival est sur le point d’être officiellement lancé avec A-Wa. Les trois sœurs venues tout droit d’Israël ont reçu la mission d’ouvrir cette édition des 15 ans et une chose est sûre, les festivaliers déjà présents en nombre n’auraient pu rêver mieux. De délicieux rythmes électro font déjà vibrer l’enceinte de l’Abbaye tandis que les sœurs Haim scandent des chants en hébreu presque traditionnels. Le public danse, elles ont réussi leur mission.
Avant de poursuivre cette première salve de concerts en rejoignant la scène du côté cour, nous errons quelque peu, nous émerveillant devant l’incroyable décoration mise en place notamment du côté du village des possibles regroupant toutes les associations participants à ce festival des plus engagés. Nos pas nous portent jusqu’aux jardins suspendus où un attroupement attire notre attention. En nous approchant, nous découvrons un spectacle aérien magique ; la compagnie White Crown Show nous présentant son spectacle Demenia. Car Esperanzah! ce n’est pas que de la musique, c’est aussi un merveilleux endroit pour découvrir l’art de la rue dans toute sa splendeur. L’art de rue et l’art du ciel, car, souvent, ça vole haut, au propre comme au figuré.
Nous explorons ensuite le fameux village des possibles, découvrant toutes ses associations venues sensibiliser les festivaliers. Si comme chaque année, Amnesty International ou encore Oxfam ont répondu présents, nous rencontrons le Collectif Citoyens Solidaires de la ville de Namur qui défend son projet bénévole d’aide aux réfugiés. Autre cheval de Troye et de bataille d’Esperanzah! cette année; l’horrifiant Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement aussi connu sous le nom de TTIP. Le festival propose une sensibilisation intelligente, contre ce pacte résonnant d’idioties et mettant en exergue les grandes entreprises au détriment des réels enjeux tant de santé publique qu’environnementaux. Pour dénoncer cela, le festival proposait un jeu simple et surfant sur la mode des Pokémon (« Attrapez les tous », à l’appui): intercepter les lobbyistes se baladant sur le site et les ramener au stand du TTIP Game Over pour les juger et surtout les condamner pour sabotage de la démocratie et destruction programmée de l’environnement . Un concept amusant qui a eu son succès tout au long de l’événement.
Nous rejoignons alors le côté cour où nous assistons à un concert lumineux des Fùgù Mango. Leur pop tropicale nous transporte et parvient même à ramener le soleil pour bannir, une bonne fois pour toutes; ces nuages gris encombrant le ciel floreffois. Pari réussi pour le groupe bruxellois qui avait joué, un an auparavant sur la scène découverte, durant la seule heure de pluie du festival !
À 19h, la foule est déjà massée devant la scène du côté jardin pour accueillir un artiste au génie extravaguant et aux écarts toxiques ; j’ai nommé le Dali jamaïcain, le grand Lee Scratch Perry. Du haut de ses 80 ans, le roi du reggae est usé, certes, mais n’en démord pas pour autant et est prêt à nous offrir un concert des plus géniaux ! En effet, si les pétards s’allument et s’échangent côté public, sur scène, l’artiste n’hésite pas à s’en allumer un fameux (d’ailleurs emprunté à un festivalier), qu’il fume entre deux phrases. À la hauteur de son talent comme de sa réputation, Lee Scratch Perry l’a été, c’est un fait !

Après ces premiers concerts énergisants pour certains, déjà mémorables pour d’autres, la soirée peut commencer avec un groupe hors du commun, à l’énergie débordante, les ambassadeurs de la moustache que sont Deluxe. Ils connaissent Esperanzah!, ils ont déjà foulé la scène côté cour, nous les avions adorés et sommes prêts à les adorer à nouveau. Avec leurs morceaux obsédants et leur groove entêtant, impossible de résister au charme de Liliboy et de sa joyeuse bande de moustachus. Le public danse, saute, passe un beau moment en compagnie de ses artistes déjantés. Encore un concert de feu, en tout point mémorable.

Changement de style pour notre dernier concert de la journée avec Emir Kusturica and the No Smoking Orchestra. Le célèbre réalisateur et auteur plonge alors le festival dans une atmosphère enivrante de musique tzigane ravivant les souvenirs de son enfance en Yougoslavie. Une odeur de vodka flotterait presque dans l’air alors que tous ces musiciens déchaînés n’hésitent pas à faire monter quelques festivaliers sur scène pour leur faire effectuer un peu d’exercice physique, quelques pompages, un petit footing, rien que ça !
Et, alors que d’un œil admiratif nous observons un de nos idoles du septième art depuis la terrasse du centre de presse. Voici que nous sommes rejoints par nul autre que la bande de Deluxe, désireux de trouver le meilleur spot pour assister au concert. Un joli moment immortalisé par une photo avec les deux bénévoles aux anges, présents avec nous ce soir !

Samedi, quand la déception ne se cache pas nécessairement là où on l’attendait !
14 h sonne sur l’Abbaye de Floreffe et c’est avec le soleil qu’un flot de festivalier se déverse déjà entre ses enceintes pour une seconde journée de festival, le fameux jour de Manu Chao, l’enfant prodigue de l’altermondialisme revenant pour la troisième fois fouler la scène de son festival de cœur ! Mais l’heure n’est pas encore à l’Espagnol. À vrai dire, elle est même plutôt malgache avec, pour ouvrir cette après-midi en beauté, le rock garage des Dizzy Brains. Le show est aussi exotique qu’extatique, et la chaleur déjà bien présente sur le festival monte déjà d’un cran.
16h, c’est une reine qui s’apprête à monter sur scène. Que dis-je ? Une déesse ! Mais surtout une femme pour laquelle on ne peut que vouer une admiration sans borne. Petite fille d’esclaves guinéens, Calypso Rose a commencé à écrire des chansons à l’âge de 15 ans. 20 albums plus tard – le dernier produit par l’ami Manu – à l’âge de 78 ans, voici qu’elle débarque sur la scène d’Esperanzah! pour le plus grand bonheur des festivaliers. Et c’est bien sous nos acclamations que cette grande dame s’avance sur scène, à petits pas, fermement agrippée au bras d’un de ses techniciens. Elle se met à chanter et là, il n’y a pas un doute, la reine du Calypso n’est pas prête à être détrônée. Sa joie de vivre est contagieuse, son sourire lumineux, ses yeux pétillants d’émotions, et le public, présent en nombre; ne peut que tomber en amour avec cette divine diva portant dans sa voix les effluves d’un pays lointain…

C’est donc après avoir vécu un concert haut en couleurs ainsi qu’en émotions que nous nous dirigeons vers la scène du côté cour où retentit déjà toute la force d’Ana Tijoux, véritable emblème du rap (mais pas que) sud américain. Connue pour son engagement, l’artiste, entre deux chansons passionnées, n’hésite pas à arborer, non sans fierté, un t-shirt anti-TTIP. La découverte est intense et ne donne qu’une seule envie, se plonger dans son univers à part où le hip-hop flirte délicieusement avec la culture sud-américaine. Un délice…

À peine le temps de passer dans le délicieux village des saveurs bondés où l’Inde côtoie, sans opposition aucune, l’Italie, l’Amérique du Sud, le Sénégal, la Thaïlande (et bien d’autres nations encore) dans un florilèges de senteurs exquises, prouvant encore une fois qu’Esperanzah! n’a aucune frontière.
Sur la scène du côté jardin, une grande musicienne est déjà en train de prendre place. La fille d’une icone, de mon idole ; Anoushka Shankar, progéniture de l’incroyable sitariste et maître indien Ravi Shankar et demi-sœur de la non moins célèbre Norah Jones. La jeune femme possède une présence scénique unique. Assise, son imposante sitar à la main, ses doigts courent avec grâce sur les cordes provoquant au sein du public deux types de réaction ; un ravissement inespéré, ce qui est mon cas, ou une incompréhension des plus totales pour ceux qui ne seraient malheureusement pas intimes à la musique indienne. Le spectacle est des plus envoûtant, mélangeant avec intelligence des sons séculaires presque sacrés avec une modernité des plus déconcertante. La yogi que je suis ne peut qu’être conquise et n’a qu’une seule chose à ajouter; Namaste….

Sensations de cette seconde journée, les artistes qui envahissent la scène du côté cour ensuite, sont bien différents de la douceur intemporelle d’Anoushka Shankar. Mise en scène grandiloquente, foule de jeunots en délire avant même le début du show, nul doute que ceux qui vont nous rejoindre d’une minute à l’autre sont déjà des superstars, en dépit de leurs jeunes âges. Bigflo et Oli, la sensation du rap français, débarquent à Esperanzah! et c’est avec appréhension que nous décidons d’aller observer le phénomène rabâché depuis quelques temps un peu partout, de nos propres yeux. Décor à la grecque hors sujet, entrée fracassante, violoncelle totalement inutile sur une tout autre partition, en quelques minutes le décor est planté. Si la foule de fans arrivés très tôt pour pouvoir être proche de la scène est déjà conquise, il en faudra plus pour nous convaincre. Mais déjà, je doute. Ces deux rappeurs en culottes courtes sont peu crédibles. Leur son beaucoup trop dur, beaucoup trop fort ne déplaît pas qu’à moi, en témoignent les quelques parents présents éloignant à la hâte leur progéniture, désireux d’épargner leur ouïe déjà bien abîmée après cinq minutes à peine. Le show bat son plein, mais le charme n’opérera jamais vraiment. Ces deux frangins possèdent peut-être une énergie tonitruante et un côté solaire assumé (dans l’accent notamment), mais ils ne demeurent tout de même qu’une machine. C’est frais, certes, mais pour le reste, on repassera !


Après Bigflo et Oli, le second événement de la soirée se nomme Manu Chao et n’est pas du tout inconnu au festival floreffois. Présent pour la première fois en 2007, il y était revenu lors d’une journée supplémentaire lui étant entièrement dédiée en 2014, et le voici de retour cette année dans ce festival qui lui ressemble pour célébrer les quinze printemps d’Esperanzah! . Attendu par la foule, l’artiste engagé, d’abord citoyen du monde, désormais citoyen du présent possède déjà son armada de fans déchaînés initiant les pogos avant même le début du concert. Il prêche dans son église à Floreffe et notre seul attente est qu’il n’en joue pas trop. À voir…
La nuit est tombée depuis un moment, l’excitation est palpable parmi la foule massée à l’excès dans les jardins de l’Abbaye ; on nous a annoncé un concert plein de surprises et d’invités, on ne peut qu’avoir hâte ! Et bientôt, voici qu’un homme s’avance sur le devant de la scène. Ce n’est pas Manu Chao, il faudra patienter encore. C’est un agriculteur venu pour nous parler de ce fameux TTIP et de l’impact qu’il aura sur lui. Ce paysan nous parle de la passion qu’il voue à son métier ; il travaille pour la terre et par la terre, le TTIP le détruira si on ne l’arrête pas. Son discours est convaincant. Il termine en invitant tous les agriculteurs à venir manifester à Bruxelles le 20 septembre prochain contre le TTIP, mais également tous les festivaliers. Il espère encore l’arrêt total de ce processus infernal qu’est ce pacte, nous ne pouvons qu’espérer avec lui. Cet interlude passé, le concert peut enfin commencer et notre ami Manu fait son entrée, acclamé par la foule. Il saute déjà, le public aussi. Pas de doute, Manu Chao est de retour !

Quand il s’agit de galvaniser une foule, il n’y a pas à dire, Manu Chao et sa troupe sont les meilleurs mais, avec tout le respect que je dois à ce grand artiste engagé, je dois avouer que je suis déçue… Je connais Manu, j’aime sa musique, j’aime la personne qu’il est, j’honore ses engagements et pourtant je ne le suis pas dans ce concert. Certes, l’énergie est là. Certes, la qualité musicale est là. Tous les ingrédients sont présents pour donner naissance à un concert d’anthologie et malheureusement la magie n’opère pas vraiment. J’assiste à un concerts des plus efficaces et des plus puissants, néanmoins, je m’ennuie. Ferme/ La raison est simple; Manu nous répète Qué Hora Son Mi Corazón plusieurs dizaines de fois avant de finalement démarrer sa célèbre chanson Me Gustas Tu qu’il étirera finalement à l’excès et en extraits en la faisant durer plus de dix minutes. Il fera cela également avec Clandestino, Bongo Bong, Desparecido, Welcome To Tijuana entrecoupant ses morceaux d’énervant « Oyoyoyos ». Il donne à son concert de plus de deux heures les allures d’un gigantesque medley sans réelle ambition. Pire, il s’auto-plagie sans rien ajouter à sa performance de 2014. Je suis en train de revoir le même concert qu’il y a deux ans et je ne suis pas la seule. Non loin, un festivalier avoue être être en train de regarder le même concert que sur un dvd de 2007.

Je reçois un texto d’ Alexis, mon frère présent un peu plus loin dans la foule : « Les préservatifs s’envolent, Manu Chao fait l’amour à son public, sans sentiment. ». C’est ce que je ressens également. Je ne peux m’empêcher d’être déçue… Mon Manu me déçoit, son concert sonne creux et pue le simplisme, je n’aime pas ça. Que reste-t-il du Manu engagé de jadis ? S’est-il laissé dépassé ? Peut-être… Sans doute même. Il ne reste plus grand-chose de la splendide Mano Negra d’autrefois…
Què Voy a Hacer ? Tu ne cesses de te poser la question depuis quinze ans. Que vas-tu faire ? Je ne sais pas…. Je ne sais plus… Je suis perdue… Je me sens trahie… Nous attendions tous des surprise, au moins un grand concert pour ces quinze ans, mais il ne demeura au final que la déception et l’impression d’une facilité déconcertante. Comme ces « Merci Floreffe » répétés à l’excès et sans aucune saveur ni spontanéité. « On force la machine » exulte Manu, et c’est vrai qu’il en a l’air, l’air d’un gros blockbuster, une machine d’où l’humain se serait effacé. À présent, il ne me reste que l’espoir d’une subite renaissance. Car oui, malgré tout… Me gustas siempre tu, Manu ! Je suis certaine que tu as encore de belle chose à offrir alors despiértate ! Pour terminer la journée, le très attendu Rone, peut-être un peu trop lisse, fait résonne dans le tout Floreffe pulsions nocturnes et envies de fête.

Dimanche, de l’amour à la passion…
Dimanche, voici déjà venu le dernier jour d’Esperanzah! Toutes les bonnes choses doivent avoir dit-on… Et, si nous avons terminé la soirée d’hier sur la note amère de retrouvailles manquées. Nous commençons ce nouveau jour par une découverte vivifiante. N’est-ce pas là la magie des festivals ? Orchestra Vivo! est en train de jouer alors que nous arrivons dans les jardins. La formation belge fait tomber toutes les barrières en évoluant dans une multitude de genres, passant du rock au jazz, en passant par la musique classique sans complexe. Une fraîcheur inattendue pour un démarrage tout en douceur !

La journée se poursuit avec une artiste que nous attendions avec impatience. Elle s’appelle ALA.NI et nous vient tout droit d’Angleterre. Sa voix feutrée évoque une autre époque où errent les fantômes de grandes dames comme Joséphine Baker, Edith Piaf, Ella Fitzgerald ou encore Billie Holiday. Sa grâce est naturelle, son charme est délicieusement vintage, ses chansons sont parfaites. On l’écouterait jouer des heures, accompagnée uniquement d’une harpiste et d’un guitariste. En cette fin d’après-midi, la fatigue de deux journées intenses de festival se faisant ressentir depuis un bon moment déjà, on ne pouvait rêver mieux. D’autant que l’Anglaise ne boude pas son plaisir et s’offre un petit tour dans le public.


17h30. L’ombre de l’immense star qui arpentera la scène des jardins de son aura légendaire plane déjà sur l’Abbaye. Mais oublions Patti Smith quelques instants, l’heure n’est pas encore à acclamer cette icone. Nous nous laissons tenter par le célèbre bar à cocktails du festival avant de rejoindre la cour pour découvrir un trio qui marquera sans doute les esprits ; Too Many Zooz. Ils sont saxophonistes, trompettistes et percussionnistes et explosent enfin au grand jour après avoir longtemps hanté le métro new-yorkais. Leur énergie est incroyable et il en faut peu pour convaincre le public en folie. Le jazz fusionne avec le hip-hop et la soul pour un cocktail des plus explosif. Les cuivres sont magiques, emportés par des beats énormes qui secouent les corps. La passion qui émane de ces trois garçons se ressent et est incroyablement communicative. Nous vivons une belle découverte, encore une !
Mais enfin, le moment tant attendu de ce festival est arrivé. C’est LE véritable événement du festival, évoluant dans une dimension bien supérieure à celle de Manu Chao. Nous rejoignons à l’avance la scène du côté jardin prêt à assister à une rencontre unique avec une artiste intemporelle, la grande et inoubliable Patti Smith ! Cette femme est une légende vivante, une icone punk, une déesse du rock, une réelle philanthrope et c’est avec une certaine excitation que nous attendons sa venue comme douze milliers de spectateurs.
Et, enfin, alors qu’une certaine agitation s’empare du public aussi nombreux que pour l’ami Manu Chao, du mouvement s’opère sur la scène. Les festivaliers hurlent mais ce n’est qu’un technicien qui traverse la scène. Nous ne devons cependant pas attendre très longtemps avant de voir trois musiciens investir l’espace scénique; un pianiste, un batteur ainsi qu’un guitariste, le fils très complice de Patti, Jackson Smith. Elle arrive alors, tout sourire, sous les acclamations de ses fans présents en nombre. Une feuille de papier à la main, elle s’avance derrière son micro et se met à parler. Elle déclame un texte magnifique du célèbre poète américain Allen Ginsberg, membre fondateur de la Beat Generation.

« The world is holy! The soul is holy! The skin is holy! The nose is holy! The tongue and cock and hand and asshole holy!Everything is holy! everybody’s holy! everywhere is holy! everyday is in eternity! Everyman’s an angel! »Allen Ginsberg, Footnote to Howl (Berkeley, 1955)
Par Alizée Seny
Crédits photos : Benoit Demazy et Alexis Seny
Crédits Photos : Skuds
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