« Une écriture imitant Duras », « des personnages copiés de Françoise Sagan », un libraire chambre le livre de Madame Bolloré

Un libraire se retrouve à faire le buzz sur Twitter après sa critique férocement caustique du dernier roman d’Anaïs Jeanneret, « Nos vies insoupçonnées ». Un roman douteux que les critiques ont adoré, devinez pourquoi !

Un bon libraire, c’est un libraire qui essaie de s’intéresser à tous les livres qu’il vend. Difficile au vu de la pléthore de livres en tout genre qui sortent chaque semaine. Pourtant certains s’attachent à leur rôle de conseiller. Et, au gré des pages qu’ils dévorent, certains libraires n’ont pas peur de baliser le sentier des lecteurs par des petits post-it’s judicieusement placés sur la couverture, colorés, joyeux.
Gérard fait partie de ces libraires passionnés. À la tête d’une librairie réputée de Bayonne, la Librairie de la Rue en Pente, ce dévoreur de livres est généralement de bons conseils pour mettre l’eau à la bouche et donner l’envie de lire tel ou tel livre… ou alors de passer son chemin.

C’est ce qu’il s’est passé le jour où il a fini le livre d’Anaïs Jeanneret. De sa plume bien trempée, Gérard a décidé de se lâcher dans une critique bien sentie. « Anaïs Jeanneret n’a pas de chance. Elle a pourtant tenté de mettre tous les atouts de son côté : écriture imitant Marguerite Duras, personnages copiés sur ceux de Françoise Sagan […] avec de-ci de-là une touche de social pour faire peuple peut-être ». Délicieusement coupable et assassine, la critique ne s’arrête pas là, épinglant des personnages si stéréotypés qu’on n’y croit pas un seul instant.

Des critiques presses pas forcément ?

Bien sûr, on entend déjà les avocats du diable dire : « Mais s’il n’a pas aimé ce livre, qu’il passe son tour, ce libraire. Et, par-dessus tout, qu’il laisse cette Anaïs tranquille. » Sauf que Gérard, adepte comme il se doit et comme sa fonction l’exige de lire ce qu’il se dit sur l’actualité littéraire, a sans doute été pris d’une poussée d’urticaire en voyant les critiques mirifiques dédiées à cet ouvrage qu’il a pourtant si peu apprécié. Et, au vu de certaines critiques circulant sur le net, il est loin d’être le seul.

Et Gérard a vite compris pourquoi en apprenant qu’Anaïs Jeanneret, au-delà de l’écrivaine, était loin d’être une inconnue puisque femme d’un puissant homme médiatique. On vous le donne en mille : Vincent Bolloré. Oui oui, vous savez ce bulldozer qui a défiguré Canal + ces derniers mois pour en faire un joli chien-chien à son mai-maître. Et en 2007, Télérama révélait déjà que Vincent Bolloré aimait bien partager son pouvoir avec sa famille, comme Anaïs (de formation artistique avant de mener sa « brillante » carrière d’écrivaine) qui était régulièrement consultée pour choisir « les sujets des pages Economie et les titres de une de Direct soir » bien souvent en accord avec la pensée de son mari.

Bref, la manipulation médiatique, ça les connaît et il n’en a pas fallu plus pour mettre la puce à l’oreille de notre brave libraire qui évoque un système de « renvoi de l’ascenseur », de sponsoring, notes de complaisance à l’appui (un peu à la façon d’Allociné). Gérard qui conclut d’ailleurs sa critique ainsi, en prenant le contre-pied du début de sa prose : « Mais Anaïs Jeanneret a de la chance, elle est l’épouse de Vincent Bolloré, le fossoyeur de l’esprit Canal […], copain (et voisin) d’Arnaud Lagardère, propriétaire de Paris Match, Elle, Europe 1 et les critiques dans ces médias ont beaucoup aimé le roman. Allez savoir pourquoi… » Trois points de suspension qui ne semblent pourtant ne laisser aucun doute dans la tête du libraire qui, avec un autre post-it, conclut : « Vous avez économisé 16 € ».

Et les internautes semblent partager cet avis, l’« humble » avis photographié par un Twittos a été repartagé des centaines de fois. Après tout, tous les goûts sont dans la nature, mais quand le bon goût est médiatiquement forcé, sans doute faut-il réagir.

PS: Dans le même genre, mais au rayon musical cette fois, on se souviendra de l’excellent Kévin de Fnac Parinor:

 

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