Green Inferno d’Eli Roth, quand la mort est un enfer vert!

En 2013 sortait le Green Inferno d’Eli Roth, le joyeux comparse de Quentin Tarantino (pour qui il a joué dans Boulevard de la mort et Inglourious Basterds) et Robert Rodriguez. C’est tout récemment que j’ai découvert ce film via le bluray, et j’ai souhaité revenir dessus après avoir vu qu’il était très mal noté (35% de critiques positives sur Rotten Tomatoes).

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Ce que l’on pourrait de prime abord lui reprocher, c’est bien sûr sa quasi absence de scénario. De fait, Green Inferno met en scène un groupe de jeunes étudiants américains, activistes écolos, qui se rendent au Pérou pour protéger une tribu menacée d’extermination par une compagnie pétrolière. Sur le retour, l’avion s’écrase dans la jungle amazonienne. Dès lors, les quelques survivants vont se retrouver aux prises avec ladite tribu, que les étudiants ignoraient être cannibale.

Si ce scénario ne brille pas par son originalité, il est émaillé de touches plutôt sympathiques (l’ironie du sort qui va opposer les activistes aux cannibales qu’ils voulaient protéger, l’amie de l’héroïne qui la met en garde contre les mouvements militantistes) et rend très clairement hommage à un ancien cinéma horrifique du type Cannibal Holocaust (cf. la dédicace à Ruggero Deodato) dont il reprend et dépoussière les codes, et auquel il reste extrêmement fidèle.

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Contrairement à ses modèles, Green Inferno a un côté gore (à la limite du soutenable pour ce qui concerne une scène bien particulière) qui ne colle toutefois pas avec son aspect esthétique : les paysages luxuriants confèrent une réelle beauté à la photographie, de superbes plans très joliment soulignés par la très bonne musique de Manuel Riveiro. Le fond est en totale contradiction avec la forme.

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Bien que le scénario ne m’ait pas posé problème en ce qu’il est « basique », je dois avouer qu’il recèle quelques maladresses dont on aurait pu se passer. Par exemple, le fait que la scène la plus violente et la plus gore survienne dès l’arrivée du groupe dans la tribu cannibale fait qu’ensuite plus grand-chose ne choque jusque la fin du film. Le pire étant passé, plus rien ne vient nous surprendre. Enfin viennent quelques invraisemblances. Lors d’une scène, on revient sur le site du crash pour s’apercevoir que les cadavres des étudiants ont été empalés et non consommés par la tribu. Pourquoi ? Pis encore, le générique de fin est interrompu par une mini-scène qui laisse entendre qu’une suite pourrait avoir lieu. Non seulement ce retournement semble totalement invraisemblable, mais comme on se doute que ce type de film ne donnera jamais lieu à des suites, on reste sur une impression d’inachevé, tant manque une réelle conclusion. La fin n’était pas si mauvaise et laissait relativement songeur, avant que n’arrive ce twist complètement hors de propos. Sans doute s’agit-il d’une forme de second degré de la part d’Eli Roth, mais je l’ai trouvé ici assez maladroit.

Hormis ces quelques défauts, le film m’a plutôt agréablement surpris par son exotisme et sa violence décomplexée (il y a longtemps que des morts à l’écran ne m’avaient plus autant marqué). Je le recommanderais à ceux qui, évidemment, apprécient ce genre d’oeuvres. Pour les âmes sensibles, mieux vaut s’en abstenir.

Green Inferno, réalisé par Eli Roth, avec Lorenza Izzo, Ariel Levy. Distribué par Exclusive Media Group, 2013. 1h40.

Par Gérald Sanzo.

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