Berlin 2.0: Ich bin ein berliner, vraiment?

Tous les murs de Berlin ne sont pas tombés et certains sont toujours bien présents. Alors que la ville allemande et hype incarne facilement un nouvel eldorado pour les créatifs, peut-être moins onéreux et plus accessibles que l' »american dream », Mathilde Ramadier se sert de sa propre expérience pour raconter son Berlin, 2.0 comme il se doit, en compagnie d’Alberto Madrigal. Et à l’heure où l’on nous vante un exemple, Berlin s’offre un nouveau visage, pas des plus enchanteurs.

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Elle avait fait sa valise, affiché son sourire, la porte avait claqué et sur le chemin de la nouvelle aventure s’était élancée. Comme un avion de papier, léger et délié,  Margot a sauté le pas géographique pour faire la route des capitales: quitter Paris et s’improviser berlinoise. Si à 23 ans, elle ne le fait pas, quand aurait-elle encore le courage de quitter le peu qui la retient? D’autant que sans travail, Berlin ne pouvait que sonner l’ultimatum de l’ennui. Imaginez, Berlin, sa vivacité, sa frénésie, sa multiculturalité. En plus, en cette année 2011, la ville est capitale européenne de la culture. Comment pourrait-il donc en être autrement? Margot trouvera le job de ses rêves, celui qui lui permettra se tutoyer les hauteurs, d’envisager de beaux projets, d’être bien dans sa peau et dans sa vie. Sauf que…

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Sauf que Berlin est loin d’être la forteresse imperméable aux maux des temps qui courent et de la crise. Et que si elle laisse une large place à la fête jusqu’à pas d’heure, c’est avec la gueule de bois que se réveillent et se relèvent ceux qui pensaient trouver assez facilement le job de leur rêve. Et si job il y a, c’est au dépens du peu de considération qu’on peut avoir pour soi-même et ses efforts. À Berlin, métropole qui sert de grande loterie à tous les numéros qui y entrent chaque jour. Car, comme à la grande époque de la mine, les qualités de chaque demandeur d’emploi qui arrive à Berlin s’effacent au profit de sa remplaçabilité. Tous sont interchangeables et la création vantée est moins à l’oeuvre qu’un certain cynisme des employeurs qui paye les nouveaux venus des misères, font pression sur eux tout en n’assurant que très peu la sécurité de l’emploi. Business as usual. C’est de ce monde moins glorieux qu’il n’y parait que Margot (et en l’occurrence, Mathilde Ramadier) se fait témoin, résignée mais aussi fascinée par le pouvoir d’attraction de cette ville hors-norme où la fête fait oublier les malheurs.

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Les mots de Mathilde Ramadier sont justes et respire le vécu, d’autant plus que viennent s’y superposer les dessins et la couleur froide d’Alberto Madrigal, espagnol lui-même « exilé » à Berlin. Ces deux visions s’associent pour imposer et faire vivre ce Berlin 2.0 dans les yeux du lecteur.

Berlin 2.0 - Madrigal - Ramadier - Couverture

Titre: Berlin 2.0

One-Shot

Scénario: Mathilde Ramadier

Dessin et couleurs: Alberto Madrigal

Genre: Témoignage, Chronique Sociale

Éditeur: Futuropolis

Nbre de pages: 96

Prix: 18€

Date de sortie: le 11/02/2016

Extraits:

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