Sortilèges 4: tous les contes ont une belle fin, vraiment?

Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. En principe, c’est comme ça que les contes se terminent, surtout quand ils sont Disney-isés. Dans le Sortilèges de Jean Dufaux et José Luis Munuera, le tome 3 ne laissait aucun doute sur cette issue heureuse et papillonnante. Et pourtant… plus que jamais, mieux vaut ne pas se fier aux apparences.

Feux d’artifices et grands fastes, c’est la fête au château d’Entremonde. Blanche est revenue, comme la paix, rien ne peut plus obscurcir le joyeux monde de ce royaume imaginaire. Enfin, rien, c’est vite dit. Enfermée dans les tréfonds du château, l’emprisonnée et sordide sorcière Miranda attend son heure. C’est du moins ce que pense le Prince Maldoror, l’amour en tête et bien content d’avoir trouvé sa place sur terre loin de son fief d’outre-tombe. Mais peut-être le mal se terre-t-il autre part? Peut-être même bien plus proche de Maldoror. Entre empoisonnements, félonie et guerre totale, Entremont risque bien de changer de visage à jamais et de manière inattendue.

Dernière surprise sortie de la besace à sortilèges des deux fieffés auteurs que sont Dufaux et Munuera, ce quatrième (et dernier?) livre d’une saga qui aura su tenir en haleine autant les fans d’histoires merveilleuses que de fables plus sombres lorgnant sur les imaginaires les plus noirs. On pensait que la douceur des belles fins avait emporté tous les maux imaginés par les deux auteurs, on n’était bien loin du compte. Après trois tomes inscrits dans la traditions des contes qui finissent bien voilà qu’avec ce tome plus ou moins indépendants, Dufaux prend un malin plaisir à déconstruire tout ce qu’il avait construit jusqu’ici tandis que Munuera fais toujours des miracles à chaque case.

Éludés les faux-semblants, place à un réalisme cru (aussi fantaisiste soit-il) qui tranche, désarçonne pour mieux surprendre. Les héros s’avancent vers une solitude, qu’elle soit voulue ou subie et le constat est implacable: il ne pouvait avoir de fin heureuse. Et pour le plaisir des lecteurs, c’est tant mieux, au diable la compassion!