Alors qu’on attend impatiemment la suite des Mille et une nuits revisitées (et bien revisitées!) par Desberg et Reculé chez Le Lombard, Gallimard joue la carte de la tradition dans une version beaucoup plus proche des histoires racontées par la si belle Shéhérazade, auquel s’accorde le trait inexorablement parfait de David B. Un écrin de choix pour découvrir l’ensorcelante histoire d’Hâsib et la Reine des serpents.
De la 483ème à la 489ème nuit, il n’y a qu’un pas, un lit. Quelques heures tout au plus, mais un temps suffisant pour une grande aventure, aux frontières de l’irréel. Encore plus quand c’est Shéhérazade qui, de sa voix réconfortante, la met en scène. Et pendant qu’à son chevet le sultan assassin s’endort chaque nuit, une galerie de personnages prend vie par le pouvoir des rêves. Hâsib en fait partie. Fils tant souhaité par un père mort avant sa naissance, Hâsib est un parfait bon à rien, facilement manipulable par ses « amis » pourtant peu recommandables.
La preuve en est: un jour, fiers d’avoir trouvé un grand trésor mielleux, ils envoient Hâsib au fond d’un puits, lui-même au fin fond d’une grotte. Hâsib n’en remontera pas, abandonné par les lâches qui le déclarent mort au village. Toujours vif pourtant, Hâsib commence alors une formidable épopée dans un monde où les scorpions parlent, les démons l’observent et la Reine des Serpents l’attend.
Énigmatique, un récit des Mille et une nuits ne peut que l’être tant le mystère entoure ces écrits témoins d’un autre temps et pourtant toujours bien actuels. La preuve? David B s’est penché dessus pour leurs redonner les dorures qu’elles méritent. Avec la beauté et le souci qu’on lui connait l’as du détail signe un récit totalement acquis à sa cause et son conte. Dans cette première partie de l’histoire, les flots ondulent, la forêt tournoie et les animaux serpentent à plat ventre. De la jungle tourmentée de cent dangers, un monde vaguement vangoghien surgit, et celui de David B. mérite bien qu’on le lise mille et une fois. On gage qu’avec sa précision et son talent, chaque lecture en sera différente. Le génie du dessin n’est pas rentré de si tôt dans sa lampe magique, et c’est tant mieux!
Titre: Hâsib et la reine des serpents – Première partie
D’après Les contes des mille et une nuits
Scénario, dessin et couleurs: David B.
Genre: Conte, Fantastique, Aventure
Éditeur: Gallimard
Collection: Fétiche
Nbre de pages: 64
Prix: 19€
Date de sortie: le 13/11/2015
Extraits: