Deux ans et demi après son dernier album, après avoir voulu Mourir à Berlin, chanté sa peine perdue, usé son Psy, gravi son Everest, chanté Rapsat et s’être essayé au charme des serpents, Oli.f a pris la mer pour gagner l’Angleterre et Folkestone. De quoi livrer un album plus électro inspiré, dicté par les Embruns de Folkestone. Ce samedi 21 novembre, il présentait cet album charnière devant le public du Belvédère de Namur. Sans crainte des alertes terroristes, la musique de ce passionné a détonné.
Mais avant d’accueillir Oli.f et ses embruns, ce sont ces ours bien léchés de Jacklean’s qui ont ouvert le bal (masqué puisque chaque membre du groupe portait un masque en papier d’ours blanc). Vu pour la première fois au Saint Louis Rock (et interviewé aussi), le trio suit une évolution parfaite: en quelques mois, ils ont sauté les catégories pour devenir un groupe de réelle première division, sans rien laisser au hasard. D’autant plus que le groupe s’est enrichi d’un quatrième larron et d’une basse qui pousse encore un peu plus leur pop alternative en avant. En attendant l’enregistrement du premier album à Los Angeles (ou peut-être est-ce une blague du guitariste Julien Wéry?), le groupe a prouvé qu’il avait une place à gagner dans le monde de la musique à la belge et en anglais.
Très touchés par l’invitation d’Oli.f, les Jacklean’s se sont montrés à la hauteur de l’événement devant un Belvédère plein à craquer et n’ont pas failli. Même, ils ont assuré, prouvant et matérialisant les plus folles espérances auxquelles ils avaient donné lieu dans la cour de l’école de Saint-Louis. Entre amusement partagé et énergie maîtrisée, entre thèmes plus mélancoliques et d’autres plus brutaux, les Jacklean’s ont su convaincre le public qui, en attendant Oli.f, préférait papoter au début. On attend très vite ces quatre garçons dans le vent avec un digne successeur au premier EP, Follow the bear.
Le temps de quelques verres au bar et voilà que le tant attendu maître de cérémonie Oli.f s’ancre sur la scène pour faire découvrir son nouvel album, sans aucun stress. Ce public lui est familier, et s’il y a des nouveaux visages (dont ceux de réfugiés irakiens et syriens du centre d’accueil de Belgrade couramment invités à la rencontre de la culture et des événements du coin, une initiative à saluer), tous sont très vite emportés.
Et c’est en force que ce professeur d’anglais le jour, qui chante la langue de Voltaire la nuit, a commencé son concert. Entouré de nouveaux musiciens (et au vu de leur présence dans la salle, Oli.f est bien loin d’être fâché avec ses anciens), en rupture avec ses précédents albums. La saveur est marine, les embruns se matérialisent dans un ton plus électro et ébouriffant. Après être passé par des influences françaises comme Daran ou d’autres Calogero, Oli.f conjugue désormais avec brio ses influences anglo-saxonnes et électriques. Portuaires aussi. Et ça lui réussit. Au public aussi qui exhibe son délire et sa douce folie à l’avant de la scène.
Et si, malheureusement, on ne comprend pas assez les mots que glisse Oli.f sur ses sons excellents, on se console en se disant qu’on aura tout le loisir d’écouter cet album promis à la maison, et de s’inspirer des mots jamais convenus et toujours très recherchés du chanteur namurois. En attendant, la fête continue, faisant la part belle aux nouveaux titres (rien n’y est à jeter) oscillant entre des thèmes comme le parcours du combattant des migrants (le single bien choisi Les bourgeois de Calais), les vestiges de promesses immobilières passées (Amusement Park) ou le transcendant Radio Bygone. Puis, les anciens titres (véritables institutions pour les fans de la première heure venus en ombres serrées devant la lumière apportée par Oli.f) ont terminé un concert survolté et surprenant: Droit devant ou Conformisme, par exemple. Après un rappel rondement bien mené, l’artiste a quitté la scène pour continuer la fête entouré de ceux qui l’aiment (et vu la qualité qu’Oli.f met dans ces albums, on croit bien que c’est réciproque).
L’histoire ne dit pas à quelles petites heures, cette release party d’enfer s’est terminée. Ni si l’authentique cabine de l’ancien téléphérique namurois conservée au Belvédère en est ressortie indemne. Une chose est sûre, Oli.f a pris une réelle bouffée d’oxygène et fait cure de jouvence en Angleterre. Il n’a jamais été aussi bon!
Galerie de photos (j’étais loin et mes photos ne sont pas des meilleurs mais si vous en avez que vous souhaitez nous partager, n’hésitez pas 🙂 On les intégrera avec plaisir!