Interview de Cyril Pedrosa: « J’ai eu moins peur de tenter des choses, de me planter »

Les cœurs solitaires nous avait mis la puce à l’oreille et le dessin en face des yeux. Portugal, sans doute encore plus. Au fil de ces albums, Cyril Pedrosa semble évoluer comme jamais, en allant chercher cette intériorité qui fait entrer une œuvre dans une communauté, lui donne du liant et lui prêtant une formidable force émotionnelle. Humaine aussi.

Avec Les Équinoxes, l’auteur français passe encore un cran en nous emmenant à la conquête de visages que nous aurions peut-être balayés d’un revers de main dans la vraie vie mais qui ici se subliment  et nous font échos dans toutes leurs misères mais aussi leurs petits bonheurs. Au rythme de ces pages bien dans l’air du temps et des saisons, les solitudes se croisent. Et Cyril Pedrosa se raconte, nous raconte, raconte la vie, comme autant de trésors inestimables. Et ça tombe bien nous l’avons rencontré à la Galerie Champaka où il expose ses planches jusqu’au 3 novembre. Avec sa voix infiniment chaude et réconfortante (même enrhumée comme elle l’était ce jour-là), Cyril Pedrosa nous a offert une belle rencontre, fascinante et très touchante. On vous propose de la lire, mieux de la vivre.Cyril Pedrosa - Photo

Les équinoxes, c’est un peu l’occasion de croiser tout plein de visages. Des visages qu’on pourrait croiser dans les rues de notre existence. Comment cette histoire vous est venue, ce roman graphique choral?

Je ne sais pas, dans la vie, certains sont sensibles à ça et d’autres pas. Moi je suis plutôt sensible, et j’aime ces moments où l’on prend conscience de la quantité incalculable de gens qui nous croisent, nous frôlent. C’est assez troublant de penser à ces milliards de milliards de vies. C’est pour ça que j’aime bien les musées mais aussi les stations-services. Vous savez, on se pose là, et on croise des gens de manière totalement improbable. Ils sont là, on voit leurs visages, quelques choses de leurs vies qu’on mémorisera… ou pas. Et, ils disparaissent de notre existence. Pourtant, on sait qu’ils sont toujours là, quelque part. Je trouve cette idée très poétique, très belle.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - rue

Mais, ce n’était pas ça le point de départ. Non, au début, je voulais plutôt lier des moments d’écritures. L’écriture des monologues. Parce que les premiers mot que j’ai écrits étaient ces monologues, ces descriptions de pensées intérieures, de désarroi parfois. Et comme, j’avais commencé à en écrire plusieurs, je m’étais dit qu’ils avaient visiblement des points communs dans les thématiques et les états d’esprit des personnages qu’ils pouvaient susciter. Alors, j’ai creusé, des personnages sont apparus et je les ai frottés entre eux. Puis, un récit, des récits se sont construits, petit à petit.

Est-ce que ça ne fait pas écho, d’un côté, à la solitude que peut être celle de l’auteur de BD?

D’une certaine façon sans doute. Mais cette solitude de l’auteur de BD, moi, je suis assez persuadé qu’elle est choisie. Dans le sens où, si on n’aime pas être seul et qu’on n’en éprouve pas le besoin, on ne fait pas ce métier. Si on veut être créateur tout en étant au contact des autres, on va ailleurs, vers la musique, le cinéma. Je pense que pour faire de la bande dessinée, il faut avoir ce besoin de rentrer à l’intérieur de soi-même et d’être seul, longtemps. Après, du coup, je suis plus à l’aise pour parler de l’intériorité ou de la solitude que du travail d’équipe… Bien sûr, je peux trouver mais c’est plus loin de moi.

Mais on trouve toujours des moyens de se mettre en empathie avec ses personnages en allant puiser dans ses propres expériences. C’est plus ou moins compliqué. Puis, les caractères jouent aussi. Les scénaristes sont, je pense, plus sociables que les dessinateurs. (rire)

Alors ce livre, c’est une belle brique! Votre plus long, d’ailleurs.

La taille de l’objet n’est pas toujours représentative du temps de travail. Cela dépend de la densité de lecture, des strips, etc. Mais, c’est le plus long, dans le sens où c’est celui qui m’a pris le plus de temps, ça c’est sûr. Parce que c’était le plus compliqué de par son sujet, parce que les moments, les états d’âme des personnages sont assez ténus et difficiles à attraper et à rendre audibles et visibles aux lecteurs.

Et aussi parce que le type d’écriture que le livre nécessitait, c’était la première fois que je devais le pousser aussi loin. C’est à dire que je devais écrire les récitatifs de ces textes, c’est autre chose qu’un scénario de bande dessinée. Je devais résoudre des problèmes de littérature, de voix, de rythme, de précision, évacuer le lyrisme. Ce sont des questions que généralement je me pose quand j’écris, à côté. Mais ici, je savais que c’était ça qui allait être partagé avec le lecteur.

Il y a tellement de changements dans Les Équinoxes. On en avait déjà des morceaux dans vos précédents livres mais ici, ça s’intensifie. Il y a une partie avec le personnage préhistorique, une autre avec le monde contemporain et ses différents personnages, des instantanés « photos » et, finalement, de véritables pages de romans. Vous qui avez commencé à travailler avec des scénaristes, vous êtes de plus en plus à l’aise dans l’écriture, non?

Effectivement, on s’aguerrit, comme un danseur, un musicien, on maîtrise mieux son outil, on prend des risques. Après, je ne me sens pas dans une situation plus confortable, je me sens juste plus courageux. Ça me fait moins peur de tenter des choses, de me planter. Je me rends compte que rétrospectivement, quand j’étais jeune, j’avais besoin d’être très rassuré, que mon travail soit cadré. Maintenant, ça me fait moins peur d’explorer, sans savoir toujours ce que je vais trouver. Ce n’est pas nécessairement plus confortable, avec des moments où on ne trouve pas ou où on se retrouve loin de ce qu’on pensait trouver. Mais, en tout cas, je suis plus joyeux dans le travail maintenant.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - Planche (19)

Il y a le travail des couleurs, aussi. Rien que la couverture séquencée en quatre partie le démontre. C’est un peu les « Quatre saisons » de Cyril Pedrosa.

C’est à dire que la couleur est toujours compliquée pour moi. Je vois bien que certains de mes camarades ont une maîtrise impressionnante que je n’ai pas du tout. La couleur reste un mystère pour moi. J’aime la travailler, mais c’est compliqué, je procède par explorations et erreurs. Je ne me sens pas du tout en confort. Et c’est très bien: ça me bouscule, je ne peux pas m’appuyer sur des facilités, et il faut que je trouve des solutions. Je dois « trouver » quoi qu’il en coûte et j’aime ça! La couleur, c’est quand même quelque chose de puissant, pour apporter une tonalité plus précise à une scène, une ambiance. Ce n’est pas que pour la fascination du regard sur une page!

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - été

Et pour le dessin? Vous y êtes plus en confort?

Dans le dessin stricto sensu, je me sens parfois plus en zone de confort mais, au bout d’un moment, ça me gène. Parfois, je dois trouver des solutions pour que ça ne soit pas si facile. Bien sûr, j’ai des limites avec des choses que je ne sais pas dessiner ou très difficilement. Mais, quand même, je sens que j’ai quelque chose de plus solide.

Vous parliez d’ambiance. Au début, celle des Équinoxes est assez chaotique. Une espèce de tohu-bohu, de bruit avec ces portables qui sonnent, ces messages incessants. Au fil des pages, on se dirige ensuite vers la musique ou le silence.

C’est vrai qu’il y a beaucoup de jeux comme çà, de contrastes. Ce n’est pas quelque chose que j’ai toujours fait consciemment. Mais pour faire entendre le silence, il faut d’abord faire du bruit. De la même manière que pour montrer l’ombre, il faut faire la lumière. Et comme, on va de l’automne à l’été, il fallait montrer quelque chose en demi-teinte, comme en train de s’éteindre. Et avancer vers quelque chose de très vivant et très lumineux, autant que ce faire se peut. Pour aller vers cette lumière, cet apaisement, ce dénuement, il fallait montrer le brouillon, du confus. Il fallait faire vivre ça au lecteur. Pas par plaisir mais parce qu’il faut le mettre – ou essayer de le mettre car le lecteur fait ce qu’il veut – en position d’inconfort.  Pour lui faire percevoir l’apaisement.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - marché

La manière dont vous parlez fait référence à d’autres arts, des artistes, des musiciens, des danseurs. Il en est aussi fortement question dans Les équinoxes, de littérature, de photographie, de musées comme autant de lieux de recueillement, de retrouvailles avec soi-même.

Oui, mais aussi de partage. C’est la question qui se pose tout le temps dans le livre et de plein de façons différentes: « Que suis-je moi-même et que puis-je partager avec les autres? » On y revient toujours, à cette différence entre moi et les autres, entre intérieur et extérieur. Et, du coup, j’avais besoin et envie de montrer, quel que soit le mystère qui nous englobe nous et les autres, à quel point nous avons besoin d’être en relation pour être des êtres humains.

Et les arts font partie de ce qui nous rassemble. De même que notre sensibilité, quelle que soit notre incompréhension de l’autre. Étrangement, on se rassemble toujours sur quelque chose qui nous est extérieur. Les musées, ce sont quand même des lieux magnifiques! Des gens viennent du monde entier, ils n’ont rien en commun et pourtant ils partagent le même trouble devant un Boticelli. C’est incroyable. Et là-dedans, il y a de quoi se réconcilier avec l’humain. Bon, on est capable de bien pire aussi! Mais ce n’était pas le thème du livre. Moi, je voulais plutôt parler du côté lumineux de l’être humain.

On a donc ces différentes personnes esseulées, qui n’ont rien à voir entre elles. Puis, ce fil conducteur, Camille, la photographe. Et, pour elle, se pose quand même la question du « comment vais-je pouvoir continuer mon art, le développer? », au propre comme au figuré.

Le personnage de Camille, c’était celui dont j’ai eu le plus facile à parler et dont je suis le plus proche. C’est une créatrice, mais elle crée en observant ses contemporains, ce qui l’entoure. Elle aurait pu écrire, aussi. Mais elle permet de parler de cette question: « À quoi bon passer autant de temps et prêter autant d’attention pour, au final, des choses qui a priori ne mènent nulle part et ne produisent rien? » L’art, en soi, ça ne sert à rien… mais c’est indispensable. Mais il faut admettre que si on n’a pas mangé du pain avant, on ne pourra pas voir les tableaux ou écouter la musique, on mourra.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - Photographe

Je sais bien qu’il y a des besoins impérieux à satisfaire avant! Reste que ce besoin d’art est nécessaire. Et toutes les questions que se pose Camille (Vais-je ou pas y arriver? À quoi ça sert?…), lui permettent aussi de se dire qu’il faut arrêter de penser stérilement et laisser faire. J’aimais bien qu’elle soit le fil rouge. Elle est photographe et permet de faire le lien. Et même si la religion ou la politique sont abordées comme pour faire le lien aussi entre les humains; quand même, je crois que dans ce livre, la beauté ou l’art sont ce qui les lient et les caractérisent le plus. Ça et le sentiment amoureux. C’est ce qui fait que les humains sont les plus proches.

Justement, comment sont-ils venus ces personnages? Vous les avez croisés?

Certains oui. Mais, ils sont très nombreux. Dans le livre, il y a une première vague importante suivie d’une deuxième vague de personnages. Bon, il y a de tout finalement. Moi, quand j’invente des histoires, j’ai l’impression qu’il faut de tout, que tout est bon. Dans cette histoire, il y a des personnages que j’ai pensés par rapport à des gens en particulier, il y a aussi des composites. Puis, il y en a que j’ai créés de toutes pièces. Enfin… la notion de création dans le monde de l’art, j’y crois assez peu. Je pense qu’on passe notre temps à composer avec des particules qui existent déjà mais qu’on assemble autrement pour former des nouvelles choses.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - religion

Ici, je suis quand même beaucoup parti des monologues. Les premiers personnages sont nés de ces voix, de ces sentiments identifiés et posés. C’est là que je me suis demandé quels personnages pourraient penser ça? Les premiers personnages en ont amené d’autres et ainsi de suite. Cela s’est construit dans cette dynamique.

Le personnage sans doute le plus singulier est ce petit bonhomme préhistorique.

Lui, il a une histoire encore plus différente dans la genèse du livre. Pour le crée, j’ai repensé aux traces de pas que j’avais vues dans la grotte de Pech Merle, dans le Sud de la France. C’était très émouvant de voir ça. Vous savez: ce moment où d’un seul coup on mesure le lien et à quel point ces hommes du néolithiques qui nous paraissent être des barbares lointains – qu’on sait vaguement être des humains même si cela nous semble abstrait et vague – étaient comme nous. Avec les mêmes peurs, la même jalousie, la colère, l’envie, la folie créatrice ou destructrice. Ça m’avait frappé.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - préhistoire eau 2

Et comme dans cette histoire, je voulais mettre en lumière ce qui nous relie entre contemporains, je me suis dit que ce ne serait pas mal d’intégrer cette dimension qui montrait à quel point on est relié à tous ceux qui nous précèdent. Parce que ce personnage-là, finalement, il a deux choses à résoudre. Il doit survivre, parce que dans son monde, la question de la survie se pose tous les jours (c’est moins le cas pour nous aujourd’hui) mais ce n’est pas ça qui le met en difficultés. Le plus dur, c’est qu’il est seul, il a perdu les autres humains, on ne sait pas trop pourquoi – moi, je m’étais raconté ma petite histoire – et il se retrouve isolé. Il cherche les autres. Il tente de les suivre. Mais au fil des saisons, les difficultés sont nombreuses. Il sait qu’ils ne sont pas loin. J’apporte une résolution et, au final, il est non seulement en liens avec ses contemporains mais également avec ceux qui suivront 30 000 ans après.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - préhistoire eau

De survie, il en est question à des degrés divers pour chacun de ses personnages: survivre à l’isolement, économiquement, survivre en tant qu’artiste etc.

La survie pure et brute, économique, se joue surtout dans le regard de cet homme dans le métro. Il est clairement dans une sale passe, il est en train d’être exclu de la communauté des hommes et femmes occidentaux dans lequel il vivait et il est en train d’être poussé à la lisière de ça. Je pense que c’est le seul pour qui se pose la question de la survie, à proprement parler.

Vincent, lui, il a un problème existentiel, c’est vrai, mais il n’est pas en danger de mort. Mais, ceci dit, ça ne change pas grand-chose! Il aurait une minuscule maison et pas d’argent, il ne serait pas moins mal ni mieux. Le problème, c’est qu’il traverse quelque chose, une séparation, qui fait que sa vie n’a plus aucun sens et ça le fragilise énormément.

Mais, pour ce personnage, je me suis posé la question: « est-ce que je ne suis pas en train de parler d’un problème de riche ? » À savoir, « ok, il n’est pas bien mais à part ça, la vie, ça va quand même. » J’ai pris ma décision suivant laquelle le sujet n’était pas de savoir si la souffrance des pauvres est plus dure que celle des riches. J’ai bien un avis là-dessus mais il faut être débile que pour penser qu’il est plus facile de mourir de faim plutôt que de chagrin. Le but n’était pas là, je voulais avoir des personnages très différents, socialement aussi. Je devais montrer qu’ils étaient tous singuliers mais qu’ils étaient aussi tous reliés. Tous faisaient partie d’une même communauté, d’un même ensemble.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - Nuit (1)

Vous, quel genre de dessinateur, êtes-vous ? Vous allez dans la rue, vous prenez des notes, faites des croquis ?

Oui, pas mal, disons que j’essaie de le faire le plus souvent possible. Honnêtement pas tant pour repérer des détails dont je me servirai plus tard. Mais plus comme un exercice quotidien, comme un boxeur qui va faire son footing, qui se décrasse et fait tourner la machine, les muscles. Il ne faut pas rouiller, il faut se confronter à des choses qu’on n’a pas encore vues, essayer de les dessiner pour sortir de ses automatismes. Donc, oui j’essaie de faire ça autant que possible.

Je l’ai fait pour Les Équinoxes, j’ai été à Rennes, au Musée des Beaux Arts, pour relever des choses. Comme des repérages. Je prends des notes, comme beaucoup de gens qui font ce métier, parce que j’ai toujours peur d’avoir vu, senti quelque chose pour le perdre après. Ça arrive souvent que ça s’échappe donc je note beaucoup.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - Planche (13)

Vous bénéficiez aussi d’une exposition à la Galerie Champaka. C’est quand même une autre vie pour votre BD, non ? En planches séparées, déliées, désunies.

Oui, c’est complètement différent. C’est un rapport au dessin différent. Disons que ça nous y ramène. Finalement dans la bande dessinée, le dessin est bien sûr important, mais il n’est qu’un élément de langage parmi d’autres. Et quand je dessine, je me pose rarement la question du dessin pour lui-même, avec cette idée qu’il faudrait que le dessin en soi ait sa propre force, sa cohérence, indépendamment de ce qui précède ou suit. Ce n’est pas comme ça, la bande dessinée, car sa narration dépend certes de la planche qu’on a en face de nous mais aussi, surtout, des planches qu’il y a eu avant. Et là, en exposition, mes images prennent presque une forme différente pour moi qui les voit accrocher.

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Exposition Champaka (10)

Par exemple les planches des prologues préhistoriques, quand je les travaillais, je voyais ça comme des outils de travail, je pensais qu’ils allaient disparaître, s’effacer. Et les voir accrocher, c’est troublant, ils existent en eux-mêmes !

Comment travaillez-vous ? On est à l’ère de la palette graphique, vous avez suivi le mouvement ?

Je dessine principalement à la main et je retouche un peu à la palette graphique. Les prologues ont par contre été plus retravaillés à la palette. Au niveau des couleurs, je reproduisais les images en couleurs différentes et j’essayais de faire de la sérigraphie. Mais à part ce travail, je travaille assez peu directement sur palette ou Cintiq. J’ai trop besoin de l’aléatoire, des accidents, des imprévus, et de jouer avec. Alors que l’informatique ne se trompe pas. C’est une nature complètement différente.

La suite, quelle sera-t-elle ?

J’ai déjà commencé et me suis bien avancé dans l’écriture. J’ai même déjà commencé à la dessiner. Ça s’intitulera L’Âge d’or, chez Dupuis, dans la collection Aire Libre, toujours. C’est un livre que j’aime beaucoup. Je l’ai écrit avec mon amoureuse, c’est la première fois que je fais ça. Et ce sera une sorte de conte politique dans un univers médiéval mais à la Charles Perrault donc peu réaliste d’un point de vue historique.

Ce sera une atmosphère très féodale avec des cavalcades, des combats à l’épée, des capes, des princes, des rois, des traîtres… Avec derrière, un fond sur ce que l’on perçoit tous les deux d’une situation politique très contemporaine et qui nous semble difficile à comprendre. On avait l’impression qu’on arriverait à en dire quelque chose en transposant cette situation dans une autre époque. Donc, on s’amuse beaucoup avec ça.

Puis, j’ai un autre projet en tout début d’écriture, Paul, une sorte de conte contemporain sur un homme qui fuit sa vie. Tout l’enjeu de l’histoire sera de parler du pourquoi et de ce qui se passe pour lui.

On le voit, vous avez tout de suite les titres pour vos projets. Pour Les Équinoxes, vous avez tout de suite eu ce concept de séquencer l’histoire en saisons ?

J’avais un titre pour le livre mais ce n’était pas Les Équinoxes. Pendant très longtemps, le projet s’intitulait Chasseur-Cueilleur. Puis, mon éditeur n’était pas convaincu, il avait peur d’une couleur qui ne soit pas tout à fait celle du livre. Ajoutez à cela des problèmes de référencement, avec des BD dont le titre était fort proche du mien. Et pour la première fois de ma vie je me suis retrouvé avec un livre… sans nom.

Alors qu’à chaque fois, avoir mon titre dès le départ me donne une direction et me met des barrières à ne pas franchir. Les équinoxes, j’ai été soulagé et heureux de trouver ce titre-là qui, je pense, est meilleur que Chasseur-Cueilleur. Ça raconte mieux ce qu’est ce livre. Dans son rapport au temps et à l’échelle humaine. Mais aussi cet équilibre, ce moment où jour et nuit sont égaux et où ni l’un ni l’autre ne prend le pas sur l’autre. Puis, ça bascule, la saison s’écoule et on arrive à un autre moment. J’ai l’impression que c’était assez proche de mon histoire.

Merci beaucoup Cyril!

Cyril Pedrosa - Les Équinoxes - Dupuis - Couverture

Titre: Les Équinoxes

Scénario, dessin et couleurs: Cyril Pedrosa

Genre: Drame choral, Poésie

Éditeur: Dupuis

Collection: Aire libre

Nbre de pages: 336

Prix: 35€

Date de sortie: le 25/09/2015

Extraits:

Et quelques photos de l’exposition, à voir jusqu’au 3 novembre 2015 à la Galerie Champaka:

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