Nouveau tour de scène politique et mondial pour Warnauts et Raives qui continuent leur exploration du XXème siècle. Cette fois, c’est dans les rues de Bruxelles que se promènent leurs personnages en pleine Expo 58. Enfin se promènent… ils marchent plutôt pour le renouveau, pour des jours meilleurs, en Belgique mais surtout ailleurs, en Algérie, au Congo.
À l’aube des sixties, d’un point de vue européen, tout est bien. Fraternité, humanisme, universalité sont au menu de l’Expo 58. C’est dans des circonstances moins réjouissantes que Thomas (un de ces congolais blancs partis au Congo dans l’espoir de la réussite) fait son retour au pays. Sa « Maman Rose » est mourante dans un hôpital liégeois. Le temps de précipiter les bagages et le « patron » s’envole pour la Belgique. Il n’y a plus mis les pieds depuis longtemps et les temps ont bien changé. Sa ville a évoluée de manière fulgurante, sa fille Bernadette a grandi, s’est affirmée dans un engagement activiste en faveur des colonisations qui veulent se débarrasser du joug des Européens. Ceux-là qui se complaisent dans des jours qu’ils considèrent comme heureux en appuyant leur pouvoir et leur terreur sur les pays qu’ils dominent.
Si ce premier tome de ce nouveau diptyque (qui se fait en fait la suite des Temps Nouveaux et d’Après-Guerre par des petites références qui n’embarrasseront pas le nouveau lecteur) porte le nom d’Expo 58, celui-ci est bien trompeur. Pas de chance pour ceux qui pensaient pouvoir se balader dans une reconstitution gigantesque de la fierté bruxelloise, il n’en est rien. L’essentiel de ce tome se passe, et tant mieux, en quêtes d’ailleurs, de changement, de libération, de reconquêtes. En France, des hommes travaillant à la fin du joug colonial français en Algérie sont arrêtés. Au Congo, la situation paisible ne fait que voiler un tonnerre grandissant. Les livres parlent, même censurés, comme celui d’Alleg, ou La Gangrène proche de paraître relatant la torture de cinq rebelles dans les locaux de la DST. C’est dans une triste époque que prennent place les Jours Heureux. Mais de cela, nous n’en savons encore que ce qu’en disent les personnages principaux, réduits à la Belgique, la France et la Suisse.
Avec une vision très intéressante, la « révolte » et l’envie de changements d’Européens a-priori non concernés par les événements algériens ou congolais, Warnaut et Raives signent en symbiose, une nouvelle reconstitution bluffante et lisible d’une époque entremêlée, révolue mais pas si lointaine. Les couleurs, les dessins prennent sens avec une qualité incroyable. On reste un rien sur notre faim concernant la progression de l’histoire, un peu trop lente et attentive que pour être totalement captivante.
Titre: Les Jours Heureux
Tome: 1/2 – Tome 1: Expo 58
Scénario: Warnauts
Dessin: Warnauts et Raives
Couleurs: Raives
Genre: Drame, Fiction historique
Éditeur: Le Lombard
Collection: Signé
Nbre de pages: 60 (+ 3 pages de chronologie historique)
Prix: 14,99€
Date de sortie: le 21/08/2015
Extraits: