Moaning Cities à Esperanzah: « Il s’est passé un truc schizophrénique »

De concerts en concerts, Esperanzah propose toujours des sonorités différentes, empruntes d’une culture aïgue de la musique du monde. Ainsi, samedi, c’est le son d’une cithare qui a (at)tiré notre oreille vers le Côté Cour pour découvrir les Moaning Cities, quatre bruxellois bourrés de talent dont le rock à forte tendance psychédélique a carrément fait ses preuves. Chez les festivaliers mais aussi chez les membres du groupes qui ont vécu un moment à part et inédit. Interview.

Bonjour les Moaning Cities, comment allez-vous ?

Valérian : Super bien !

Vous avez dit sur scène que c’était la première fois que vous étiez sur une aussi grande scène ?

Esperanzah! - Festival - Floreffe - Moaning Cities (37)Valérian : Oui, enfin, qu’on avait autant de monde devant nous. On a fait Dour, mais il n’y avait pas encore beaucoup de monde.

Quel effet, ça fait ?

Juliette : C’est génial, on a eu des frissons… pourtant il faisait chaud. Ça nous a fait un peu pété les plombs, c’était agréable et chouette.

Les Moaning Cities, les villes gémissantes, pourquoi ce nom ?

Valérian : On était parti sur un délire avec un autre nom mais on a dérivé, plus sérieux et poétique. Politique aussi un peu, des textes se positionnent.

Ce qui va plutôt bien avec Espéranzah ! ?

Valérian : Peut-être bien, peut -être que c’est ça qui a plus à la progra. Parce qu’honnêtement, on a été surpris, Esperanzah ! ce n’est pas vraiment le genre de scène sur laquelle on s’attendait à se produire. C’est hyper-cool, ça montre une réelle ouverture.

Ouverture aussi de votre côté, avec de la cithare, des percussions orientée vers l’Afrique. Vous avez voyagé ?

Valérian : Oui, Juliette et moi on a vécu pendant une vingtaine d’années à l’étranger. C’est dans notre fonctionnement d’aller voir ailleurs ce qu’il s’y passe même si on reste un groupe basé en Belgique.

Tim : Le voyage fait partie de nous quatre. Ça nous tient à cœur, et forcément ça transpire. LeEsperanzah! - Festival - Floreffe - Moaning Cities (36) mariage des influences se fait à travers ça.

Valérian : On va plutôt dans des pays en voie de développement. Tim, lui, va plutôt aux États-Unis. (Rire).

Tim : Non moi, c’est plus en Asie tandis que Mel va plus du côté de la côte-est américaine.

Juliette : Puis, de manière plus technique, la musique qui vient de loin a beaucoup à nous apprendre. Ne fût-ce que rythmiquement. Ça apporte beaucoup au rock’n’roll dans lequel, en 60 ans, tout à été fait. Donc c’est un renouveau bénéfique, ça enrichit cette musique, de continuer à y apporter des choses.

Comment vous êtes-vous rencontré pour former ce groupe ?

Tim : Moi je n’étais pas là.

Juliette : Moi non plus !

Valérian : C’était à la base un projet entre potes avec deux autres gars qui ne font plus partie d groupe qu’on salue au passage. On a commencé à répéter à trois mais à la base on n’était même pas spécialement potes. On écoutait la même musique, on se croisait à plein de concerts et à un moment on a commencé à travailler ensemble. Et l’envie venait de la passion qu’on partageait. On a appris à écrire, à composer des morceaux. On a fait un clip, Juliette est arrivée après des études à Manchester. C’est devenu plus concret et Tim nous a rejoints avec sa cithare. On a commencé à travailler à cinq, on a sorti un album, il y a un an et demi qui nous a permis de tourner en Belgique, en France, en Suisse… Et depuis novembre on a changé de line-up avec Mel qui a pris sa place derrière la batterie.

Esperanzah! - Festival - Floreffe - Moaning Cities (23)Alors, Tim, tu joues donc de la cithare. Obligé d’être assis pour en jouer ?

Tim : Je connais un type qui joue debout, dans un groupe japonais, mais sinon c’est très difficile. Je ne suis pas encore prêt à essayer. Ça se joue sur la tension du manche, c’est un instrument sensible, qui peut vite bouger au niveau de l’accordage. Mais oui, je travaille toujours assis, dans une position un peu méditative. C’est là que je me retrouve à faire corps avec l’instrument, lové.

Valérian : Il faut quand même rendre à César ce qui appartient à César, c’est un sacré défi que relève Tim. Parce qu’il joue de la cithare dans un ensemble très rock avec beaucoup de basse sur scène.

Juliette : … surtout qu’il joue en plus de la guitare. On connaît des groupes avec un cithariste mais il n’est là que sur quelques morceaux. Tim, il doit quand même changer d’ambiance.

Tim : Là encore, il y a un truc très schizophrénique, tu te retrouves à devoir switcher en huit secondes pour te retrouver dans un morceau plus sombre. Ok, « rock’n’roll baby », c’est un peu bizarre des fois. Ça reste le jeu, tu t’amuses.Esperanzah! - Festival - Floreffe - Moaning Cities (62)

Valérian : Il y a toujours deux pôles et on oscille entre les deux.

Deux filles, deux mecs, ça conditionne un groupe, non ?

Valérian : Déjà on est frère et sœur avec Juliette donc on embête les autres avec nos disputes stériles. Après comme toujours, il y a des avantages, des inconvénients, des forces et des faiblesses. Comme partout.

Tim : Mais, pour avoir joué dans des groupes uniquement composés de mecs, ça peut vite devenir lourd même si c’est drôle. À un moment , c’est bien de retrouver un peu de subtilité et de délicatesse.

Mel : Mais ça va, on n’est pas chiantes. (Tous éclatent de rire) C’est quoi ces rires ?

Puis, il y a cette complicité sur scène, vous vous amusez clairement ?

Tim : On est là pour ça.

Juliette : Et les gens nous l’ont clairement rendu. Le public d’Esperanzah ! nous a clairement permis de nous amuser. Des fois, c’est difficile de s’amuser mais ici… C’était impossible de ne pas être transporté.

Esperanzah! - Festival - Floreffe - Moaning Cities (27)Valérian : Des jours comme aujourd’hui, ça me met dans un état quasi-schizophrénique. Parce qu’il y a des morceaux plus darks dans les textes avec des ambiances lourdes. Dans l’idée, c’est quand même une musique qui se joue le soir, à la tombée de la nuit, dans une salle enfumée. Mais des jours comme ça, avec un public qui a une énergie ultra-positive, ça ramène les morceaux autre part. C’est trop bien. C’est très spécial ce qui nous est arrivé aujourd’hui.

Tim : Le public d’Esperanzah, il est chaud, réceptif, ouvert, généreux. Les bras ouverts, quoi !

Esperanzah est en bord de Sambre. Et justement vous avez une chanson qui l’évoque, ainsi que ses charbonnages.

Valérian : Oui, c’est un clin d’œil émotif à notre grand-père à Juliette et à moi qui a fait sa carrière ici.

Mel : Mais, dans le groupe, on a tous les mêmes grands-pères avec un lien avec ce bassin et cet héritage industriel. C’était cool de ressortir cette chanson qu’on ne joue pas souvent, ici et ensemble.

Valérian : C’est un des premiers morceaux que nous avons écrit. Dans l’absolu, nous l’avons très peu joué, c’était chouette de le refaire ici.

Justement comment écrivez-vous ?

Valérian : T’en as des questions, toi !

Tim : Ça dépend, parfois ça se fait en un jet de pierre et ça va vite. Mais parfois, ça nous prend les tripes sans être toujours évident. On triture, on s’engueule à moitié, ça fait mal… mais ça reste des trucs vivants. On ne jette pas deux-trois idées sur un papier. Il n’y a pas vraiment de règles.

Valérian : C’est un vaste tourbillon.

Et donc après un premier album qui commence à dater un peu, en route vers le deuxième ?

Valérian : Tout à fait, on a d’ailleurs joué trois nouveaux morceaux. L’idée est de les bosser en live, de les tester avant de les mettre sur des plaques.

Merci beaucoup!

Les Moaning Cities sont sur Facebook et sur leur site internet. L’album est disponible sur Mottow Soundz

Quelques photos de leur concert floreffois:

Ils seront en concert tout au long du reste de l’été:

13 AUG – MUZIEKODROOM – HASSELT / FUZZ

15 AUG – LA TRUITE MAGIQUE – HOUFFALIZE

29 AUG – WOOLSTOCK FESTIVAL – TIBURG (NL)

05 SEP – VILLA PACE – SINT-NIKLAAS

12 SEP – SCHIPPERSWEEKEND FESTIVAL – LAUWE

26 SEP – BRAINE LE COMTE

30 SEP – ROCKERILL – CHARLEROI

02 OCT – ELEVEN EMPIRE – SALZBURG (AUS) / DOUBLE VETERANS

03 OCT – UP IN SMOKE – BAZEL (SZ) / THE MELVINS

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