BARBECUE: DES CÔTES DE RIRE AU MENU!

Barbecue, c’est le nouveau film d’Eric Lavaine qui sort sur nos écrans ce mercredi. Une sorte de Petits Mouchoirs sans larmes (sinon de rire) et avec une belle brochette d’acteurs. Réussi mais un peu trop publicitaire.

Ah les amis! Que ferait-on sans eux? Il n’est pas de plus belle famille que celle que l’on se crée, sa bande d’amis. Mais le temps passe, et après trente ans, l’âge d’or est passé et comme dans un vieux couple, on se marche sur les pieds. Même si on continue à multiplier les activités ensemble, du jogging aux tribunes de l’Olympique Lyonnais. Une situation qui agace Paul (Lambert Wilson) qui se remet d’un infarctus. Son médecin lui impose de faire attention. Faire attention… Lui, Paul, qui a passé sa vie à faire attention justement, à lui, aux autres, à ne pas perturber la monotonie du quotidien et l’ordre des choses. Il devrait faire attention, lui qui n’a jamais fumé, qui fait du sport et tâche d’être conciliant avec tout le monde, y compris ses amis qu’il supporte de moins en moins. À partir de maintenant, Paul va plutôt faire attention à dire ses quatre vérités et livrer ses coups de gueule. Et quand la bande de joyeux drilles décident de passer ses vacances ensemble, pour se ressouder loin des tracasseries quotidiennes, ça sent le grillé. Surtout autour des barbecues de l’été où tout le monde a tendance à se rejeter la patate chaude.

Casting sur le grill

Si le pitch de départ fait penser aux Petits Mouchoirs, on s’en éloigne trop vite. Comme dans le film de Guillaume Canet, l’atout maître du film est avant tout son casting de fou, réunissant quelques-uns des comiques troupiers les plus en vue de France: Florence Foresti et Franck Dubosc (au look barbu tendance Robinson) en couple séparé mais prêt à tout pour se pourrir la vie, Jérôme Commandeur dont chaque apparition provoque l’hilarité (les scènes du secret ou de la sangria, à marquer dans les annales), Guillaume de Tonquédec (propulsé depuis son rôle de benêt dans Le Prénom), parfait en monsieur-je-sais-tout, accro aux itinéraires, aux records à la con et aux anecdotes insignifiantes et le trop rare Lionel Abelanski. Sont aussi conviées la gracieuse Sophie Duez et la Belge Lysiane Meis en poupée gonflée et gonflante. Sans oublier Lambert Wilson, sublime en rebelle quinqua devenu tyran irrévérencieux et goujat égocentrique.

Lambert Wilson, jouissif, quand il fait sa crise d'adolescent à 50 ans, laissant un goût de braise dans la bouche de ses amis.

Mine de rien, c’est un pari que de rameuter un tel casting (argument bankable de surcroît): ça passe ou ça casse. Et, surprise, malgré quelques petites erreurs de justesse pour Foresti en début de film, l’alchimie est au rendez-vous entre ces anti-héros de la vie quotidienne. La réalisation en autarcie (l’équipe a quitté Paris pour passer six semaines non-stop dans le décor du film), pendant laquelle les caméras se sont fait oublier, n’y est sans doute pas pour rien.

La magie des Cévennes

Et Éric Lavaine retrouve la veine de son meilleur film Incognito (déjà avec Dubosc et un jeune acteur débutant: Bénabar) après avoir sérieusement déçu avec ses bidesques Protéger et servir ou La Croisière. L’histoire, sans révolutionner le genre, a la sincérité de la fiction autobiographique: le réalisateur s’est inspiré de sa propre bande d’amis pour ce film. Jusqu’à emmener les acteurs dans le paysage de son enfance: les Cévennes, vertes et ensoleillées, avec leurs cirques dignes des canyons américains. Un cadre idyllique qui donne envie de voyager de prendre la direction du sud.

Si Barbecue pèche parfois par excès de clichés, l’ensemble reste assez épicé et assaisonné que pour passer un bon moment. Le rythme est soutenu, sans temps morts et enchaînant quelques scènes d’anthologie (une pétanque mémorable, une vasectomie à table et une fameuse scène au lit entre Wilson et Duez ). Mais le meilleur des ingrédients de ce Barbecue entre amis reste finalement son écriture. On est loin des dialogues fades et sans goût présents dans de nombreuses comédies. Ici, l’effort est réellement présent, le film est très (bien) écrit, multipliant les bons mots et remportant, dès lors, l’adhésion. Tout comme la bande musicale, pêchue et agréable pour booster le tout.

Placement de produit?

Si la sauce prend donc plutôt bien, le bémol vient plutôt de l’aspect purement publicitaire du film (financement quand tu nous tient?), tout bonnement agaçant. Du sel à la voiture en passant par la biture, tout a l’air sponsorisé. Et le film ne se prive pas, non plus, de flinguer France 3 pour porter aux nues une célèbre chaîne cryptée. C’est limite!

Au final, Barbecue est un bon film choral. Au vu des premiers extraits diffusés, la peur d’un nouveau navet était palpable, mais il n’en est rien (des navets au barbec’, ç’est bon?). On sort du cinéma avec la banane et avec l’envie, à l’entame de la belle saison, d’inviter tous ses potes pour retrouver l’insouciance des braseros. Bon appétit!

Barbecue d’Éric Lavaine, avec Lambert Wilson, Franck Dubosc, Florence Foresti…

3/5

Distribué par Cinéart

Sortie le 30 avril

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