Dan Gagnon : « En vérité, je suis un gros fainéant… mais quand je glande, je ne sais pas quoi faire et ça m’ennuie ! »

Depuis son arrivée en Belgique, Dan Gagnon n’a pas cessé de s’investir dans divers projets. Après des débuts sur NRJ avec « La lettre de Dan » dans le 6/9, Dan commence à travailler à la RTBF. Au début chroniqueur de « Ma télé bien-aimé », ce jeune Québécois a vite pris ces marques sur la chaîne du service public. Suite à sa collaboration aux divers projets de Joëlle Scoriels (Sans Chichis et 69 minutes sans chichis), Dan a pris une place de choix sur les écrans wallons. Finissant même par présenter son propre show télévisé, le Dan Late Show. Parallèlement à sa carrière télévisuelle, Dan écrit des livres, réalise et joue dans sa web série, et il se produit sur scène dans des one-man-show. Cette année, Dan Gagnon est de retour sur les planches avec son troisième spectacle : « Première tournée d’adieu ». Pour l’occasion, Banché Culture a été à sa rencontre pour vous livrer une interview à l’image de ce talentueux (encore) jeune artiste. Entre humour et sincérité, Dan n’a pas laissé de tabou face à nos questions.

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Bonjour Dan, qu’est-ce qui vous a inspiré les thèmes de votre nouveau spectacle ?

J’avais envie de parler de tout ce qui me concerne. Je voulais vraiment faire un spectacle avec mes tripes. Dans la vie de tous les jours, ça met les gens mal à l’aise de parler de la maladie ou de la dépression, pourtant on est souvent touché par ces thèmes, que ça soit de manière directe en le vivant soi-même, ou à travers des gens pour qui on a de l’affection. J’avais envie de parler de ces choses-là. Le fait que ma mère était malade et que j’étais en dépression pendant que s’écrivait ce spectacle a beaucoup influencé ma vision de ces thèmes.

Il y a beaucoup de choses dans ce spectacle. Je mélange plusieurs facettes de l’existence car c’est un peu comme ça que se passe la vie. On peut vivre des choses atroces et ne plus rien supporter, pourtant un évènement drôle et inattendu peut vous rendre le sourire au milieu de la peine que vous vivez. Vous pouvez vraiment être au plus mal mais si vous voyez un chien en train de faire un truc marrant, vous allez éclater de rire. Et vous retrouverez le sourire. C’était vraiment un de mes souhaits dans ce spectacle, je voulais montrer que même dans les instants tragiques, il reste des possibilités de voir des moments marrants.

Je parle aussi de cette fois où, alors que je venais d’avoir 8 ans, « j’ai perdu un testicule » et j’ai dû demander l’aide de mon père pour le retrouver. Je voulais vraiment que ce spectacle sonne comme la vie. Je voulais aussi mettre en lumière ces moments où tout va mal mais où tes amis sont là pour te faire une vanne et que tout aille mieux. Ce mélange est très important. Je voulais montrer qu’il faut échapper au manichéisme. Tout n’est pas une chose indissoluble. Ce n’est pas parce qu’une personne n’est pas en forme qu’elle ne doit dire que des choses tristes.

Il faut mélanger toutes les émotions d’une existence si on veut faire un spectacle qui fait rire tout en dépeignant la vraie vie.

Pourquoi avoir choisi d’intituler votre spectacle « Première tournée d’Adieu »? Est-ce une référence christique en vue de vos 33 ans, Québec oblige? Ou est-ce plutôt une plaisanterie pour titiller les grands artistes comme les Stones qui sont à leur énième tournée d’Adieu ?

Si j’avais pensé au fait que j’ai 33 ans, j’aurai sûrement dit que c’est en référence au Christ. Je trouve cette vision assez drôle. Plus sérieusement, je voulais appeler ce spectacle « Dernière tournée d’Adieu » mais cela sonnait très glauque. Pourtant, vu les thèmes abordés dans le spectacle, cela coulait de source. De plus, je devais rentrer au Canada en juillet donc c’était mes adieux à la Belgique. Ce qui rendait ce titre encore plus marrant, c’est le fait de faire mes adieux alors que je m’étais déjà cassé et que je revenais.

Le fait d’appeler ce spectacle « Première tournée » plutôt que « Dernière tournée » était plus jovial et cela montrait mon retour, mais aussi, comme vous le dites, cela est aussi une référence à tous les Charles Aznavour de ce monde. Je me dis que si je commence mes tournées d’adieu maintenant, je pourrai peut-être battre le record du nombre de tournées d’adieu. Imaginez-vous si un jour mon spectacle s’intitule « 14ème Tournée d’Adieu » ! Cela serait vraiment très comique.

Exceptionnellement, à l’occasion de votre prestation à Sivry-Rance,  vous avez permis à un inconnu de faire votre première partie ? Qui est cette personne et pourquoi lui avez-vous offert cette occasion ?

Pour comprendre, il faut que je vous explique quelque chose d’assez technique. Quand on fait les répétitions de Sans Chichis, on a ce que l’on appelle une doublure. Cette personne est là pour remplacer l’invité pendant  les essaies d’avant tournage. Pour l’émission de Joëlle Scoriels, depuis le début, c’est toujours la même personne qui fait la doublure : Benoit George. Ce type est génial ! Il est vraiment bon et drôle. C’est un gars merveilleux. Il a fait la doublure de toutes les célébrités qui sont passées dans le fauteuil de « 69 minutes Sans Chichis ». Il nous a fait Virginie Hocq, Virginie Efira et d’autres personnes qui ne sont pas des Virginie. Benoit a fait beaucoup de théâtre, c’est son hobby.

Comment vous est venue cette idée de collaboration? La proposition est-elle venue de vous ?

Je m’entends bien avec Benoit. On parle souvent ensemble. Et, au cours d’une de nos discussions, on s’est rendu compte que je venais jouer dans la région où il vit, comme il habite Froidchapelle. On s’est dit qu’il pourrait faire « un petit truc » pour ma venue à Sivry-Rance. Je ne sais plus si la proposition est venue de lui ou de moi, mais quand l’idée fut énoncée, je m’en suis vraiment réjoui. Il faut dire que l’on avait déjà parlé de collaborer ensemble, mais ça n’avait pu se faire.

Pour comprendre cette envie de collaborer, il faut connaitre mon véritable but de faire des spectacles. Ce qui me motive, c’est de m’amuser avec le plus de gens possibles. Alors, si je peux permettre à un talent caché de se joindre à ces euphories collectives, je ne vais pas hésiter. De plus, je suis super fier de pouvoir dire aux gens « Vous aimez la personne que je viens de vous présenter ? Et bien, vous savez quoi ! Elle vient de chez vous ! ».

Avez-vous eu un droit de regard sur sa création, vu la chance que vous lui offriez ?

Surtout pas. Il m’a demandé si je voulais avoir un avant-goût de ce qu’il allait présenter, et je lui ai dit que je ne voulais rien connaitre avant le Jour J. Je lui faisais confiance et je voulais découvrir cette performance en même temps que le public. Je voulais qu’il me surprenne et me fasse rire avec SON public. Et puis, je le connais depuis un petit temps maintenant, donc j’étais sûr qu’il allait nous amuser.

Avec cette performance de Benoit George à Sivry-Rance, allez-vous nous offrir le nouveau Christophe Bourdon?

Cadeau ! C’est pour moi ! (Il éclate de rire et en garde en grand sourire)

Vous êtes un véritable feu follet. Vous avez fait de la radio. Vous avez écrit un livre mais aussi participé à une web série. Vous travaillez à la Tv. Vous faites du stand-up. Quels sont les futurs projets que vous avez à cœur de réaliser?

Vous savez, quand vous faites ce que vous aimez et que vous croisez des gens qui ont les mêmes passions et les mêmes optiques que vous, cela devient très intéressant et très enthousiasmant. En plus, dès que quelqu’un vous propose quelque chose d’intéressant, vous devez dire oui ! Cela vous motive et vous inspire. Le fait de vous intégrer à des projets  vous donne toujours plus d’idées pour réaliser de nouvelles choses. Vous êtes constamment stimulé par les cerveaux que vous croisez. Le partage et les liens avec d’autres personnes vous rendent à chaque fois plus créatifs.

D’autres projets en vue?

Des idées et des projets, j’en ai encore au moins 25. Mon problème c’est que je n’ai pas le temps de tous les mettre en place. Il faut que j’apprenne à rester calme et que je garde du temps pour dormir. Avant j’étais très frustré par ce fait d’avoir plus d’idées que de moments pour les réaliser. Maintenant, au contraire, cela m’apaise car je sais que je ne m’ennuierai pas. Je me dis « je n’aurai pas le temps de faire tout ce que je veux réaliser, mais j’ai la chance d’avoir du désir et de l’envie ». Je souhaite à tout le monde de connaitre ce sentiment. Moi qui ai vécu une dépression, je peux vous dire comme c’est triste de ne plus avoir envie de rien.

Par contre, avoir des envies et ne pas avoir le temps de les réaliser, à part si c’est vital, comme éviter une voiture qui arrive de pleine face, ce n’est pas grave. Ça met de l’énergie de côté pour la suite. Puis, comme je vous ai dit, quand vous aimez ce que vous faites, c’est simple d’avoir des idées. Si je vous donne un milliard d’euros, je suis sûr que vous allez avoir plein d’idées pour dépenser cet argent. Donc, quand vous avez les ressources pour faire ce que vous aimez, vous trouvez toujours un projet à concrétiser.


Vous êtes un peu un Boris Vian moderne ? Vous aimeriez caser des journées de 36 heures dans des journées de 24h !

En vérité, je suis un gros fainéant. Mais quand je glande, je ne sais pas quoi faire et ça m’ennuie ! Je suis un mauvais glandeur en fait. Quand j’ai une journée de congé, je me pose… puis au bout de trois minutes, j’ai une idée. Je vais jusqu’à mon ordinateur pour l’écrire et je suis heureux.

La semaine dernière par exemple, j’étais chez ma psychologue. Elle me parlait et je lui ai dit « Attends, excuse-moi mais je viens de me souvenir d’une idée ». Alors, j’ai mis ma psy sur pause le temps d’écrire mon projet sur mon portable. Ensuite, je suis revenu à mon rendez-vous. Cette histoire prouve à quel point, j’ai besoin de rendez-vous avec mon psychologue car je ne suis toujours pas capable de ne pas l’interrompre quand j’ai une idée qui travers mon esprit.

Depuis quelques années, vous avez obtenu la double nationalité. Est-ce un véritable souhait de votre part ou est-ce juste un souci pratique pour la continuité de votre carrière en Belgique ?

C’était réellement un souhait personnel car la plupart des gens qui sont belges n’ont rien fait pour le devenir. Ils le sont uniquement parce que leurs parents ont fait l’amour à l’intérieur des frontières belges. Moi j’ai dû faire beaucoup de choses et j’ai dû prouver que je voulais devenir belge. J’ai eu un permis de travail pendant 2 ans. Puis un permis de séjour de 5 ans. Et enfin, du moins je le pensais, j’ai eu un permis de séjour illimité. Mais vu que l’on est en Belgique, ce permis de séjour illimité est limité à une durée de 5 ans. Ce type de permis est quand même un concept !

Après plus de dix ans, j’ai eu l’octroi de la nationalité belge. À la base, mon avenir et mes amis n’étaient pas du tout ici, mais je suis arrivé et j’ai découvert un pays et des coutumes que j’ai vite appréciés. Donc  j’ai compris qu’il me fallait obtenir ce titre de nationalité car si je repartais au Canada pour ensuite revenir en Belgique, il faudrait que je recommence tout à zéro. En pensant à cela, je me suis dit « Non ! Je n’ai pas passé 11 ans de ma vie pour être considéré comme un étranger dans cet endroit que j’aime comme ma propre maison ».

Ce qui est drôle dans mon parcours pour l’obtention de la nationalité, c’est que je travaillais à la RTBF et j’ai dû prouver à l’état belge que je maîtrisais le Français… Je crois que j’aurai dû leur demander ce que signifiait le F de RTBF… À l’époque, j’ai failli leurs envoyer des liens Youtube de mes séquences télévisées, mais un gars de la RTBF m’a dit « Ça ne sert à rien, il ne faut pas faire ça ! ».

Quel est votre plus beau souvenir depuis que vous vivez en Belgique ?

Le jour de ma seconde arrivée en Belgique, des amis étaient venus me chercher à l’aéroport. Dans leur voiture, ils écoutaient la radio. Tout d’un coup, j’ai entendu le jingle des infos sur La Première. À ce moment-là, j’ai ressenti un sentiment agréable et j’ai compris que j’étais de retour en Belgique. C’est la première fois que je réalisais à quel point ce pays pouvait me manquer. Ça a peut-être même fait office de déclic dans mon souhait d’être belge. Ça semble anecdotique, pourtant ce fut un instant très particulier pour moi !

 Justement, vous nous expliquez que vous vous êtes fortement attaché à ce pays qui est maintenant devenu le vôtre, mais comment peut-on se lever un matin et se dire « je vais tout quitter pour m’exiler de l’autre côté du globe par amour »?

Quand on est amoureux, on ne peut pas être loin de la personne qui nous est chère ! En plus, je finissais mes études en communication. Vu la discipline, je n’avais pas beaucoup de perspectives d’avenir toutes tracées comme peuvent en avoir les médecins, par exemple.  J’avais peu de propositions de boulots alléchants. Et puis, c’est un réflexe courant de voyager à la fin des études. C’est une envie de voir autre chose et de découvrir le monde avant de se lancer dans la vraie vie. J’étais très ouvert à cette idée plutôt que de rester à attendre un potentiel travail en rapport avec mes compétences au Canada.

À l’époque, j’étais amoureux d’une Belge qui était venue en Erasmus au Canada. Elle fut le moteur qui me poussa à prendre la direction de la Belgique. Je me suis vite attaché à ce pays. Quand je suis parti, j’ai dis à ma mère « je pars 1 ans en Belgique ». L’année suivante, à peine revenu, je lui disais « Je retourne un an en Belgique ». À force, je n’étais plus crédible car chaque année je tenais le même discours mais les années belges s’enchainaient.

À votre arrivée en Belgique, comment avez-vous subi le choc culturel? Est-ce que le dépaysement fut radical ?

C’est bizarre car les barrières culturelles ne sont pas comme je l’avais cru. Je pensais vivre un choc de culture en débarquant, mais pas du tout. Je suis arrivé et je n’ai pas été choqué, culturellement parlant. Le choc, il s’est fait de manière paisible par petites vagues. Plus vous connaissez le pays, plus vous voyez les différences profondes. Donc c’est réellement avec le temps que j’ai pu voir celles-ci. La Belgique, ce n’est pas du sucre. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on n’adhère pas forcément tout de suite à la Belgique car ce n’est pas bling bling. Mais avec un peu de temps, on s’y attache terriblement fort.

À l’inverse de New-York, par exemple. En parlant avec les Belges, je me suis pris au jeu. J’ai appris à aimer la culture de ce pays. Si on m’avait montré « C’est arrivé près de chez vous » quand j’étais au Canada, je ne l’aurai sûrement pas apprécié. Mais je l’ai vu alors que ça faisait deux ans que j’étais ici et j’ai adoré. Je pense qu’il faut avoir les codes pour comprendre et adopter une autre « nation ». Vous ne pouvez pas tenir une conversation en chinois, si vous ne le parlez pas.

De plus, j’ai toujours eu cette impression que la Belgique était souvent maltraitée dans la façon dont on s’approprie l’amitié de son peuple. Plein de gens disent constamment « Ah ! Nos amis belges ». J’ai toujours eu envie de dire à ces gens-là de se taire car l’amitié va dans les deux sens. Ce n’est pas parce que je veux être ami avec une personne, que cette dernière veut être le mien. Je me méfiais de ce type de pensées. Comment quelqu’un qui n’est resté que quelques jours ici peut-il juger de cela ? C’est très irrespectueux. Vu que je voulais rester, j’ai pris le temps d’apprendre et de comprendre. Bien sûr, je n’aime pas tout en Belgique, mais il y a ce côté en Belgique qui veut que rien n’est véritablement organisé donc tout reste possible. C’est une qualité du défaut et un défaut de la qualité de ce pays, c’est qu’il reste une matière en construction. Vous pouvez tenter tout ce que vous voulez dans ce plat pays qui est le nôtre !

Est-ce par cette envie d’apprendre, de comprendre et de créer de notre nouveau pays  qu’est né ce souhait de jouer partout en Wallonie, quitte à vous produire parfois dans des petites salles très délocalisées?

Je veux faire du stand-up. Et je pense que pour ce faire, il faut faire comme les chanteurs qui ont compris quelque chose qui échappe encore aux humoristes. Vous ne pouvez pas faire une tournée avec quatre dates et il ne faut pas x milliers de spectateurs  pour vous permettre de vous produire sur une scène. Si vous aimez  vraiment ce que vous faites, tant qu’il y a assez de personnes pour que le spectacle soit viable, vous le faites. Il n’y a que des Gad Elmaleh pour refuser de jouer dans une salle s’il n’y a pas trois mille personnes.

Quand on fait une tournée en Belgique, souvent on fait quatre dates et c’est terminé. On passe par Bruxelles, Lièges, Namur et Charleroi, puis la boucle est bouclée. Ça, ce n’est pas une tournée pour moi, c’est une semaine belge. Quand on a lancé ce spectacle, j’ai dit à mes producteurs « trouvez-moi toutes les salles en Belgique où il y a au moins 100 places et on y va ». Beaucoup de journalistes me demandent aussi pourquoi je vais dans des villes et des villages qu’ils qualifient comme se trouvant « au milieu de nulle part ».  Faux ! On est en Belgique, rien n’est loin, ici ! Que j’aille n’importe où, je suis toujours à moins d’une heure trente de Bruxelles.

Au Canada, ma sœur habite à une plus grande distance de chez mes parents que n’importe quelle scène de cette tournée par rapport à mon appartement. Je pense même que la Belgique est l’un des pays merveilleux pour faire une tournée. Tous les soirs, je suis chez moi à 23h45. Aucun autre pays ne vous permet cela. Les gens pensent toujours que Bruxelles jusqu’à Sivry ou Chastre, c’est loin. Mais la distance inverse ne leur parait pas si longue. Quand on sort de la Ville, les gens pensent toujours que les distances sont doublées. Regarde, ce soir, j’ai fait la sieste pendant 1h20 pour venir jusqu’à ce spectacle. Donc je me suis endormi à Bruxelles et je me suis réveillé ici où il y a une salle remplie de spectateurs qui sont venus pour me voir et m’entendre. Quel artiste aimant vraiment son métier ne rêve-t-il pas de faire ça tous les soirs ?

Pensez-vous possible de collaborer avec un artiste canadien pour l’exporter sur la scène belge ?

En première partie, pourquoi pas ! Mais si c’est pour partager la scène, cela me semble impossible. C’est très compliqué de faire des duos dans le stand-up. Franchement, j’aime aller voir d’autres artistes mais je ne saurai pas travailler en équipe pour concevoir un spectacle de ce type. Si je dois un jour le faire, je pense que je prendrai ma retraite.

Depuis votre second spectacle, vous proposez des shows mais ne demandez pas d’entrée. Au chapeau. Les gens peuvent donner ce qu’ils veulent en sortant. D’où vient ce souhait de gratuité ?

Avant tout, je voudrais mettre une chose au clair par souci d’honnêteté. Oui, il y a des spectacles où l’entièreté des gains est distribuée à des œuvres caritatives, ce n’est pas le cas de tous mes spectacles. D’autres soirs, seule une partie de la somme récoltée est redistribuée. Cette légende donne une belle image de moi. Je ne sais pas d’où vient cette information. J’aime cette image que les gens ont de moi, mais je préfère être sincère.

Le fait de faire des spectacles où on rentre sans devoir payer d’entrée et où la sortie se fait au chapeau, c’est une volonté de ma part. Plus exactement, un choix qui se trouve entre la volonté et la lucidité. La lucidité fait que si vous voulez faire carrière, il faut qu’il y ait un maximum de personnes qui viennent vous voir. Et ceux-là viennent quand ils aiment ce que vous faites. Ils ne peuvent pas venir s’ils ne vous connaissent pas. La gratuité enlève cette barrière entre ce que vous faites et la possibilité d’être découvert.

© Lapuss

La volonté se trouve, elle, dans ce souhait de gratuité. Je fais tout ce que je peux pour permettre aux gens de me découvrir ? Je leur dit « Je vais venir chez vous et ça ne vous coûtera rien pour entrer ». Il ne faut pas bloquer le public avec des contraintes financières ! Si les gens aiment ce que vous faites, ils reviendront. Quand on est artiste, il faut donner aux spectateurs cette possibilité de voir ce que vous avez à offrir. Vous imaginez si un ami vous propose de venir à mon spectacle. Pas convaincu, vous lui demandez combien cela va vous coûter et il vous répond « rien ». S’il décide de ne pas vous suivre, il ne pourra pas dire que je n’avais pas tout fait pour lui permettre/ donner l’occasion de me connaitre. Une fois ce rempart écroulé, il ne reste plus qu’une chose à faire, c’est d’être drôle pour que le public adhère à ce que  je fais.

Est-ce que cette manière d’agir n’est pas aussi un baromètre pour vous? Les recettes des spectacles ne vous permettent-elles pas d’en déduire l’appréciation que le public a de votre travail ?

Si, bien sûr ! Il y a des soirs où, en sortant de scène, je trouve que j’ai été moins bon et cela se voit directement quand on ouvre les enveloppes. C’est même très intéressant : ça me permet vraiment de comprendre comment je dois évoluer sur la scène et dans ma manière de présenter mon travail.

Est-ce que vous retrouvez des choses incongrues dans certaines enveloppes ?

Oui ! Les gens sont drôles et sympathiques. J’ai reçu un R2D2 en kit. Des substances végétales pas forcément licites, je ne sais pas à quoi cela sert. Des sous-vêtements et des numéros de téléphone. J’ai reçu des bons d’achat et des brosses à dents ! Ça, ça doit venir des gens du premier rang. (Crise de rire)

Mais plus sérieusement, je reçois toujours pleins de mots et de dessins ! Souvent les dessins sont exceptionnels ! Le lendemain, je fais une vidéo pour raconter toutes ces anecdotes-là. Les gens sont vraiment gentils et ils font attention à ce que je dis. Une fois, j’avais parlé d’un dessert que j’adorais. Une tarte au sucre, je crois. Quelques jours plus tard, une personne me laissait sa propre recette de ce dessert ! Il fallait voir ça. Elle l’avait recopiée manuscritement, il y avait bien trois pages. Les gens sont vraiment exceptionnels. J’essaye d’enlever la distance avec le public, mais c’est extraordinaire comment celui-ci se prend à cet exercice. Par leurs réponses, ils enlèvent aussi énormément de distance. C’est très thérapeutique cette communion et ce partage avec le public, dans l’après-spectacle et par la lecture de ces mots. Il y a rien de plus gratifiant que de voir ce que les gens vous confient. Puis, il y a tous leurs remerciements.

Pouvez-vous nous faire une blague belge à la Dan Gagnon ?

C’est une fois un français qui arrive et qui me dit « c’est une fois deux belges ». Et je lui pète sa gueule ! (Il éclate de rire).

Merci beaucoup, Dan, et bonne suite de tournée d’adieu !

Si vous avez envie de découvrir et de suivre ce sympathique Belgo-Québécois dans ces aventures, il y a son site mais aussi sa Page Facebook sur laquelle l’humoriste n’est jamais avare de réactions et délires, mais aussi sur les planches. Ne le loupez pas prochainement, certainement dans votre coin : 

À Bruxelles au centre culturel Ganshoren les 22, 24 et 25 Mars prochains
À Liège au centre culturel des Chiroux le 31 Mars
À Libramont au centre culturel le 14 Avril
À Charleroi à l’Eden le 15 Avril
À Bruxelles à Le Clandestin le 21 Avril
À Namur au Théâtre jardin passion le 22 Avril
À Bruxelles au centre culturel de Jette les 28 et 29 Avril
À Namur au Théâtre jardin passion les 1, 2 et 3 Mai
À Bruxelles à L’Atelier 210 le 6 Mai
À Tournai à La Fenetre le 7 Mai
À Liège au centre culturel des Chiroux le 12 Mai
À Chapelle-Lez-Herlaimont au centre culturel le 13 Mai
À Frameries au Petit Théâtre le 19 Mai
À La Louvière à La Palace le 21 Mai
À Chastre à La Tchatche le 27 Mai

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